Face à un arrêt total des cours dans les écoles et les lycées, depuis le début du confinement généralisé il y a un mois, le ministère de l'Éducation vient de lancer, en collaboration avec la Télévision Tunisienne, une chaîne éducative. Une première en Tunisie, mais le projet se poursuivra-t-il après la fin de la crise? Finies les vacances forcées -et non pas moins appréciées- pour beaucoup d'élèves tunisiens! Au cours d'une conférence de presse organisée conjointement le 14 avril dernier, le ministère de l'Éducation et la Télévision Tunisienne (TT) ont annoncé le démarrage le lendemain de la première chaîne éducative. Ce partenariat entre les deux institutions intervient alors que le confinement général, annoncé le 20 mars dernier, se prolonge jusqu'au 19 avril au moins. Naturellement, écoles et lycées sont concernés par cette mesure visant à endiguer l'épidémie de Covid-19 qui touchait, à la date du 17 avril, quelque 822 personnes. Revenant sur les motifs de la création de cette chaîne, le ministre de l'Éducation Mohamed El Hamdi a déclaré lors de la conférence: "Cette crise a permis de nous rendre compte de l'importance de l'éducation en ligne, mais nous avons aussi découvert que nous n'avons pas une assise juridique qui l'autorise, ni les infrastructures techniques et informatiques pour la mettre en place de façon à garantir l'égalité des chances pour tous. C'est pour cela que nous avons décidé de concevoir des cours télévisés et en ligne qui ne compenseront, en aucun cas, les cours dispensés en classe, mais qui seront des cours de soutien." La chaîne éducative émet de 10h à 17h quotidiennement sur une fréquence satellitaire, sur le NileSat, qui appartient à la deuxième chaîne publique Al Wataniya 2. Elle diffuse les cours du troisième trimestre aux élèves des niveaux 6e année primaire, 9e année de base et baccalauréat, qui sont concernés par les concours nationaux.
Pas d'interaction avec les élèves Les enseignements sont enregistrés à l'avance par les professeurs des différentes matières, sans interaction avec les élèves cependant. Un reproche auquel a répondu le PDG de la Télévision Tunisienne, Lassaad Dahech, durant la conférence de presse: "Ce n'est pas facile de préparer le lancement d'une chaîne de télévision dans un délai d'une semaine ou de dix jours", comme le rapporte le journal La Presse. Le contenu de la chaîne est fourni exclusivement par le ministère de l'Éducation, alors que la Télévision Tunisienne met à disposition ses studios et ses moyens techniques. Outre la transmission satellite, les cours sont diffusés en live sur la page Facebook de la TT et sur YouTube. La Radio Nationale et d'autres radios régionales ont aussi émis en direct les cours. Le jour du lancement de la chaîne, "plus de 3.000 personnes ont suivi les cours sur notre page Facebook et plus de 4.000 personnes sur notre chaîne YouTube", a déclaré Elyès Jarraya, chargé de communication à la Télévision Tunisienne. Même s'il déplore que certains aient eu du mal à trouver la fréquence sur le satellite. "Pour cette raison, nous avons décidé de rediffuser les mêmes cours le lendemain", a-t-il ajouté La nouvelle chaîne éducative a obtenu l'autorisation de la Haute autorité indépendante de communication audiovisuelle (HAICA), l'instance de régulation du paysage médiatique audiovisuel, mais de façon "provisoire", comme l'indique le texte de la décision.
Cela signifie-t-il qu'elle s'arrêtera après la crise du coronavirus? "Ce n'est pas notre souhait. Nous voudrions qu'elle soit permanente car il y a un vrai besoin pour une chaîne pareille en Tunisie. D'ailleurs, une convention sera signée à l'avenir entre la HAICA et la Télévision Tunisienne dans ce sens", indique à Sputnik Hichem Snoussi, membre de la HAICA. Toutefois, du côté de la TT, on est moins optimiste. "Certes, c'est une bonne idée de rendre cette chaîne permanente, mais il faut prévoir pour cela un budget, des moyens humains et techniques. Tout cela n'est pas encore clair", avertit Elyès Jarraya. Le ministère de l'Éducation et l'Établissement de la Télévision Tunisienne attendront probablement de faire le bilan des résultats de cette première expérience pour ensuite décider d'institutionnaliser durablement la chaîne ou pas. Rappelons le ministre de l'Éducation a écarté l'hypothèse d'une année blanche pour les élèves. Lors d'une séance de dialogue à l'Assemblée des représentants du peuple, le 15 avril, Mohamed El Hamdi a assuré, en effet, que les examens nationaux pour les classes terminales seraient maintenus. Pour les autres classes, la validation de l'année se fera sur la base des résultats des premier et deuxième trimestres de l'année scolaire.