Le bras de fer entre les deux télévisions privées tunisiennes et l'Autorité de régulation se poursuit. Dans un communiqué rendu public le 27 septembre 2014, les deux chaînes de télévision tunisiennes Nessma et Hannibal, s'élèvent de nouveau contre «la décision de la Haica d'arrêter la diffusion desdites chaînes, le 28 septembre 2014, soit une semaine avant le démarrage de la campagne électorale, ce qui fait soulever des questions quant à ses véritables intentions et objectifs». Les deux chaînes estiment que ce genre de décisions répressives n'avaient pas été osées même sous l'ancien régime dictatorial, dans le sens où la Haica joue le rôle de l'ex-ministère de l'Information au lieu de se contenter de sa mission d'organisme régulateur. «Les deux chaînes Nessma et Hannibal feront, conclut le communiqué, en ce dimanche 28 septembre, une diffusion commune à partir de midi au cours de laquelle elles accueilleront une pléiade d'intellectuels, d'artistes, de sportifs, d'activistes des partis politiques et de la société civile ainsi que des personnalités nationales pour exprimer leur condamnation, leur dénonciation et leur rejet de cette décision répressive et injuste.» D'un autre côté, Nouri Lajmi, président de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), a déclaré, dimanche, à l'agence TAP, que l'Autorité n'a pas encore décidé des sanctions contre les radios et télévisions dont les autorisations sont arrivées à terme à l'instar des chaînes Nessma et Hannibal. L'Autorité avait lancé, à trois reprises, des appels à l'intention des médias qui diffusaient avant le 14 janvier 2011 pour qu'ils déposent des dossiers pour l'obtention d'une licence et la signature des cahiers des charges. «Ceci a pour objectif d'ouvrir une nouvelle étape dans le fonctionnement et l'organisation du paysage audiovisuel tunisien», a-t-il dit. Selon Lajmi, certains opérateurs ont répondu à l'appel et déposé leurs dossiers conformément aux dispositions des cahiers des charges, «mais d'autres -et ils ne sont que deux, Nessma et Hannibal - n'ont pas jugé bon de faire pareil et n'ont donc pas déposé de dossiers». «Il est clair que les opérateurs qui n'ont pas voulu présenter de dossiers à la Haica font peu de cas des textes juridiques en vigueur et refusent donc de s'insérer dans cette démarche de régulation que la Haica, avec tous ses partenaires de l'audiovisuel, veut mettre en place», juge-t-il. «C'est dommage, parce qu'on peut penser qu'ils ont des choses à cacher et à se reprocher», a estimé Lajmi, relevant que les dossiers déposés sont à l'étude et la Haica, «à l'heure qu'il est, et contrairement à ce qui est prétendu, n'a pas encore annoncé de décision relativement à ce dossier ni, à plus forte raison, de sanctions contre les deux opérateurs n'ayant pas déposé de dossiers (Nessma et Hannibal). Le président de la Haica a tenu à préciser au sujet de Nessma que le patron de cette chaîne s'est érigé en victime et a ouvert les hostilités contre son institution en la traitant de tous les noms». «La Haica est en train d'étudier les dossiers présentés pour le renouvellement des autorisations et la signature des cahiers des charges», a-t-il ajouté à ce sujet. Mais depuis, cette affaire prend une nouvelle tournure et s'est transformée en véritable affaire d'Etat. La Haica veut-elle empêcher Nessma de faire la campagne de Caïd Sebssi et Hannibal de faire celle de son ancien patron Nesra, qui s'est porté candidat à la présidentielle tunisienne. [email protected]