Un humoriste fait forcément du théâtre. Un théâtre, cependant spécifique en ce sens que le comédien est contraint à la solitude de la scène, il doit concentrer en son être tout le spectacle. Cela donne le monologue ou le one man show. Karim Benchaba, 45 ans s'adonne à ses heures perdues à cet art. Un humoriste fait forcément du théâtre. Un théâtre, cependant spécifique en ce sens que le comédien est contraint à la solitude de la scène, il doit concentrer en son être tout le spectacle. Cela donne le monologue ou le one man show. Karim Benchaba, 45 ans s'adonne à ses heures perdues à cet art. Par Larbi Graïne Il a fait une formation de technicien supérieur en travaux publics, mais s'apercevant que ce n'était pas sa vocation, il a préféré tout laisser tomber, pour faire «quelque chose de libéral». Quoi ? Il cultive le mystère. «Je suis devenu humoriste par oisiveté, je change souvent de travail pour échapper à l'aliénation». De toutes les façons, ça faisait longtemps que notre artiste ne s'était pas produit devant le public. C'est le café littéraire L'Ile lettrée de la rue Zabana à Alger, qui vient de le remettre en selle cette semaine. Karim Benchaba joue à la perfection les pièces de l'humoriste français Raymond Devos. Des contes philosophiques parsemés de jeux de mots. Il adore surtout le Musée Rodin et La Faim. Il tire une certaine fierté d'être le seul à avoir imité le comédien français, auteur de centaines de sketches, car celui-ci «est inimitable, moi j'ai réussi à l'imiter». Il ne se gêne pas de parler de «francs» et d'«églises», son truc est de ne pas travestir le texte original dut-il paraître nous parler de la France. «Je présente mon show en langue française parce que le théâtre n'a pas de langue, peu importe la langue, l'important est de divertir et de faire rire les gens. Il y a quelques années, j'étais allé à Constantine où l'on tenait un festival du monologue, je suis monté sur scène et j'ai fait mon spectacle en français, je vous jure que tout le monde était charmé et le public m'a ovationné». Abderahmane Lounès est surnommé le Devos algérien, ce qui prouve que Devos a fait des émules même chez les écrivains qui font dans son style. Les clients de L'Ile Lettrée l'applaudissent. Ils sont venus spécialement voir le spectacle programmé entre 14h 30 et 16 h. Le one man show, c'est ça, un spectacle sandwich entre deux temps. Un théâtre qui vient jusqu'à vous, dans le café ou le resto. Imaginez l'effort titanesque que doit effectuer l'humoriste pour tenir en haleine son public et ne pas le lasser. Si le courant ne passe pas, forcément on doit se demander qu'est-ce qu'on fout ici et on aura envie de déguerpir, c'est pénible, parfois ça tue, parfois l'artiste, découragé abandonne. En fait le succès du one man show n'est garanti que lorsqu'il y a correspondance entre les goûts du public et le comédien. On est dans une société plurielle et le théâtre n'est plus homogène. Aucune forme théâtrale ne peut prétendre être populaire et répondre aux goûts du plus grand nombre. Kamel Benchaba, n'a pas l'ambition de s'adresser au «peuple» comme rêvent de le faire les politiques. Il veut toucher un auditoire. Des individus. «Je préfère m'adresser à une élite qu'aux médiocres. Les gens ne vont pas seulement rire, mais ils vont, en sus s'enrichir, je fait rire les gens tout en les faisant évoluer» dit-il sans fausse modestie. Tiens ! Le spectacle peut donc naître du désir de ne pas se conformer à la culture dominante. «Je me suis présenté à plusieurs reprises au siège du théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi en vue de proposer mes services. J'ai eu toujours la même réponse, revenez dans une semaine ou bien dans un mois. Vous y retournez dix fois, de guerre lasse, vous finissez par abandonner». Et de lâcher «Je crois qu'on encourage les médiocres». Karim Benchaba rejette l'argument de la langue, «au TNA, on joue aussi des spectacles en français, on y invite même la troupe de Marseille pour donner des spectacles dans la langue de Molière. Même le Centre culturel français d'Alger invente des histoires à dormir debout. J'ai été pour demander à m'y produire, ils m'ont dit qu'il vaudrait mieux que les artistes algériens se produisent au Centre culturel algérien de Paris, mais j'ai envoyé lettres et e mail à ce centre et jamais je n'ai reçu de réponse, je ne comprends pas, puisqu'on invite la troupe de Marseille à venir chez nous pour faire des représentations en langue française, pourquoi nous n'aurions pas le droit d'en proposer au TNA des pièces en cette langue ? On ne nous laisse pas ici nous produire au CCF, et en France on ne nous répond pas». Nuançant ses propos sur son public, il juge que la culture est à la portée de tout le monde. «La connaissance est structurée dans la conscience, la connaissance appartient à tout le monde, elle est universelle, elle est en nous d'abord». Il pense que «le rire est nécessaire pour ne pas pleurer», l'imaginaire du rire est difficile à décrypter, on ne peut pas réellement savoir quel est le facteur déclenchant du rire, un petit quelque chose peut changer la donne. Karim Benchaba adore Hassan al-Hassani dit «Boubegra». «J'aurais bien voulu l'imiter, mais ses cassettes sont introuvables sur le marché, je pense que ses sketches n'ont malheureusement jamais été enregistrés, le marché est inondé cependant des CD de Gad el Maleh ou de Debbouze». Il revient à sa déception initiale «Ici on ne nous encourage pas, je ne sais pas ce qui se passe, une fois j'ai joué à la salle El Mouggar d'Alger, le spectacle était payant, mais je n'ai reçu aucun sou». Il juge que si Devos n'était pas venu en Algérie, c'est parce que dit-il, «il était gros, il ne pouvait pas se déplacer facilement». L.G. Par Larbi Graïne Il a fait une formation de technicien supérieur en travaux publics, mais s'apercevant que ce n'était pas sa vocation, il a préféré tout laisser tomber, pour faire «quelque chose de libéral». Quoi ? Il cultive le mystère. «Je suis devenu humoriste par oisiveté, je change souvent de travail pour échapper à l'aliénation». De toutes les façons, ça faisait longtemps que notre artiste ne s'était pas produit devant le public. C'est le café littéraire L'Ile lettrée de la rue Zabana à Alger, qui vient de le remettre en selle cette semaine. Karim Benchaba joue à la perfection les pièces de l'humoriste français Raymond Devos. Des contes philosophiques parsemés de jeux de mots. Il adore surtout le Musée Rodin et La Faim. Il tire une certaine fierté d'être le seul à avoir imité le comédien français, auteur de centaines de sketches, car celui-ci «est inimitable, moi j'ai réussi à l'imiter». Il ne se gêne pas de parler de «francs» et d'«églises», son truc est de ne pas travestir le texte original dut-il paraître nous parler de la France. «Je présente mon show en langue française parce que le théâtre n'a pas de langue, peu importe la langue, l'important est de divertir et de faire rire les gens. Il y a quelques années, j'étais allé à Constantine où l'on tenait un festival du monologue, je suis monté sur scène et j'ai fait mon spectacle en français, je vous jure que tout le monde était charmé et le public m'a ovationné». Abderahmane Lounès est surnommé le Devos algérien, ce qui prouve que Devos a fait des émules même chez les écrivains qui font dans son style. Les clients de L'Ile Lettrée l'applaudissent. Ils sont venus spécialement voir le spectacle programmé entre 14h 30 et 16 h. Le one man show, c'est ça, un spectacle sandwich entre deux temps. Un théâtre qui vient jusqu'à vous, dans le café ou le resto. Imaginez l'effort titanesque que doit effectuer l'humoriste pour tenir en haleine son public et ne pas le lasser. Si le courant ne passe pas, forcément on doit se demander qu'est-ce qu'on fout ici et on aura envie de déguerpir, c'est pénible, parfois ça tue, parfois l'artiste, découragé abandonne. En fait le succès du one man show n'est garanti que lorsqu'il y a correspondance entre les goûts du public et le comédien. On est dans une société plurielle et le théâtre n'est plus homogène. Aucune forme théâtrale ne peut prétendre être populaire et répondre aux goûts du plus grand nombre. Kamel Benchaba, n'a pas l'ambition de s'adresser au «peuple» comme rêvent de le faire les politiques. Il veut toucher un auditoire. Des individus. «Je préfère m'adresser à une élite qu'aux médiocres. Les gens ne vont pas seulement rire, mais ils vont, en sus s'enrichir, je fait rire les gens tout en les faisant évoluer» dit-il sans fausse modestie. Tiens ! Le spectacle peut donc naître du désir de ne pas se conformer à la culture dominante. «Je me suis présenté à plusieurs reprises au siège du théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi en vue de proposer mes services. J'ai eu toujours la même réponse, revenez dans une semaine ou bien dans un mois. Vous y retournez dix fois, de guerre lasse, vous finissez par abandonner». Et de lâcher «Je crois qu'on encourage les médiocres». Karim Benchaba rejette l'argument de la langue, «au TNA, on joue aussi des spectacles en français, on y invite même la troupe de Marseille pour donner des spectacles dans la langue de Molière. Même le Centre culturel français d'Alger invente des histoires à dormir debout. J'ai été pour demander à m'y produire, ils m'ont dit qu'il vaudrait mieux que les artistes algériens se produisent au Centre culturel algérien de Paris, mais j'ai envoyé lettres et e mail à ce centre et jamais je n'ai reçu de réponse, je ne comprends pas, puisqu'on invite la troupe de Marseille à venir chez nous pour faire des représentations en langue française, pourquoi nous n'aurions pas le droit d'en proposer au TNA des pièces en cette langue ? On ne nous laisse pas ici nous produire au CCF, et en France on ne nous répond pas». Nuançant ses propos sur son public, il juge que la culture est à la portée de tout le monde. «La connaissance est structurée dans la conscience, la connaissance appartient à tout le monde, elle est universelle, elle est en nous d'abord». Il pense que «le rire est nécessaire pour ne pas pleurer», l'imaginaire du rire est difficile à décrypter, on ne peut pas réellement savoir quel est le facteur déclenchant du rire, un petit quelque chose peut changer la donne. Karim Benchaba adore Hassan al-Hassani dit «Boubegra». «J'aurais bien voulu l'imiter, mais ses cassettes sont introuvables sur le marché, je pense que ses sketches n'ont malheureusement jamais été enregistrés, le marché est inondé cependant des CD de Gad el Maleh ou de Debbouze». Il revient à sa déception initiale «Ici on ne nous encourage pas, je ne sais pas ce qui se passe, une fois j'ai joué à la salle El Mouggar d'Alger, le spectacle était payant, mais je n'ai reçu aucun sou». Il juge que si Devos n'était pas venu en Algérie, c'est parce que dit-il, «il était gros, il ne pouvait pas se déplacer facilement». L.G.