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Taos Amrouche, une féministe avant l'heure
Awal, cahiers d'études berbères
Publié dans Le Midi Libre le 16 - 06 - 2010

Le numéro 39 de la revue "Awal, cahiers d'études berbères" propose une lecture de l'œuvre de l'écrivaine Taos Amrouche qui présente celle-ci comme la pionnière de l'écrit féministe en Algérie. Douze contributions de spécialistes algériens et étrangers autour du thème "Taos Amrouche, une féministe avant l'heure" sont regroupées dans la première partie de la revue.
Le numéro 39 de la revue "Awal, cahiers d'études berbères" propose une lecture de l'œuvre de l'écrivaine Taos Amrouche qui présente celle-ci comme la pionnière de l'écrit féministe en Algérie. Douze contributions de spécialistes algériens et étrangers autour du thème "Taos Amrouche, une féministe avant l'heure" sont regroupées dans la première partie de la revue.
La seconde partie réunit quant à elle des textes et documents dont un conte kabyle ainsi que des lettres adressées à l'écrivaine en question. Dans la présentation, l'anthropologue Tassadit Yacine revient sur la trajectoire des femmes illettrées qui s'étaient battues pour que leurs filles puissent vivre à égalité avec les hommes dans une société pourtant endurant le joug colonial. Parmi ces femmes, figure Aïni la grand-mère de Taos qui a dû subir la pression aussi bien du droit coutumier kabyle, de la tradition musulmane que de l'ordre catholique en tant que femme convertie au christianisme. « L'action et la pensée de ces femmes écrit Tassadit Yacine ont consisté à redonner leur place à des valeurs d'égalité et d'existence sociale dans un système où elles sont exclues par définition. Cela amène le lecteur ajoute-t-elle à reconsidérer autrement cette vision dominante qui considère d'emblée que les femmes «illettrées» sont par nature enclines à subir la domination et l'injustice et par conséquent leur exclusion de la cité. «Cette pensée et cette action ajoute-t-elle constituent une remise en question symbolique et réelle de tout un système» et Tassadit Yacine de se demander «ne peut-on pas penser que ce sont là les prémices d'un féminisme au sens large». Dans sa contribution proprement dite sous l'intitulé «Taos Amrouche ou l'entreprise d'objectivation de soi», la même chercheuse analyse l'acte d'écriture et la signification qu'il revêt chez Taos. Le rapprochement que T. Yacine opère entre les premières écrivaines avec les chanteuses kabyles des années 40 et 50 paraît particulièrement intéressant. Cette contextualisation a au moins le mérite de nous sortir des sentiers battus des analyses portant sur le féminisme en littérature qui pèchent par trop d'abstraction. Plus proche des préoccupations sociocritiques, le sociologue Jean-Pierre Faguer s'intéresse à l'influence de l'école sur l'écolière que fut Taos Amrouche. Son étude sous le titre «L'école libératrice, l'expérience de la violence douce» fait ressortir «le rôle structurant de l'école» qui serait à l'origine «d'une vision politique et- esthétiquement – révolutionnaire du roman de formation au féminin». Quant à Denise Brahimi, écrivaine et critique, elle livre, elle aussi une analyse intéressante sur le rapport à la berbérité de Taos Amrouche, connue pour être une brillante interprète des Chants berbères de Kabylie. Mais celle-ci a quand même vécu, grâce à son instruction, une vie qu'on ne saurait comparer à celle des autres femmes de Kabylie, sa féminité pour ainsi dire s'est exprimée nous dit Brahimi à travers une «hybridicité» problématique. Nous sommes désolés de ne pouvoir citer le reste des auteurs qui ont réalisé des études aussi intéressantes les unes que les autres.
La seconde partie réunit quant à elle des textes et documents dont un conte kabyle ainsi que des lettres adressées à l'écrivaine en question. Dans la présentation, l'anthropologue Tassadit Yacine revient sur la trajectoire des femmes illettrées qui s'étaient battues pour que leurs filles puissent vivre à égalité avec les hommes dans une société pourtant endurant le joug colonial. Parmi ces femmes, figure Aïni la grand-mère de Taos qui a dû subir la pression aussi bien du droit coutumier kabyle, de la tradition musulmane que de l'ordre catholique en tant que femme convertie au christianisme. « L'action et la pensée de ces femmes écrit Tassadit Yacine ont consisté à redonner leur place à des valeurs d'égalité et d'existence sociale dans un système où elles sont exclues par définition. Cela amène le lecteur ajoute-t-elle à reconsidérer autrement cette vision dominante qui considère d'emblée que les femmes «illettrées» sont par nature enclines à subir la domination et l'injustice et par conséquent leur exclusion de la cité. «Cette pensée et cette action ajoute-t-elle constituent une remise en question symbolique et réelle de tout un système» et Tassadit Yacine de se demander «ne peut-on pas penser que ce sont là les prémices d'un féminisme au sens large». Dans sa contribution proprement dite sous l'intitulé «Taos Amrouche ou l'entreprise d'objectivation de soi», la même chercheuse analyse l'acte d'écriture et la signification qu'il revêt chez Taos. Le rapprochement que T. Yacine opère entre les premières écrivaines avec les chanteuses kabyles des années 40 et 50 paraît particulièrement intéressant. Cette contextualisation a au moins le mérite de nous sortir des sentiers battus des analyses portant sur le féminisme en littérature qui pèchent par trop d'abstraction. Plus proche des préoccupations sociocritiques, le sociologue Jean-Pierre Faguer s'intéresse à l'influence de l'école sur l'écolière que fut Taos Amrouche. Son étude sous le titre «L'école libératrice, l'expérience de la violence douce» fait ressortir «le rôle structurant de l'école» qui serait à l'origine «d'une vision politique et- esthétiquement – révolutionnaire du roman de formation au féminin». Quant à Denise Brahimi, écrivaine et critique, elle livre, elle aussi une analyse intéressante sur le rapport à la berbérité de Taos Amrouche, connue pour être une brillante interprète des Chants berbères de Kabylie. Mais celle-ci a quand même vécu, grâce à son instruction, une vie qu'on ne saurait comparer à celle des autres femmes de Kabylie, sa féminité pour ainsi dire s'est exprimée nous dit Brahimi à travers une «hybridicité» problématique. Nous sommes désolés de ne pouvoir citer le reste des auteurs qui ont réalisé des études aussi intéressantes les unes que les autres.


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