Situé en plein centre de la capitale à l'ex-rue Mulhouse, le restaurant du Croissant-Rouge algérien (CRA) reçoit environ 200 personnes chaque soir. Un nombre relativement important et qui demande beaucoup de volonté et d'énergie de la part des bénévoles. Ils sont une cinquantaine à assurer le service de ce restaurant en ce mois sacré. Les tâches sont partagées. Entre les personnes chargées de la sécurité, la cuisine et le service de table, chacun des volontaires peut trouver ce qu'il lui convient. Situé en plein centre de la capitale à l'ex-rue Mulhouse, le restaurant du Croissant-Rouge algérien (CRA) reçoit environ 200 personnes chaque soir. Un nombre relativement important et qui demande beaucoup de volonté et d'énergie de la part des bénévoles. Ils sont une cinquantaine à assurer le service de ce restaurant en ce mois sacré. Les tâches sont partagées. Entre les personnes chargées de la sécurité, la cuisine et le service de table, chacun des volontaires peut trouver ce qu'il lui convient. A 8 h du matin, le resto est vide. Les bénévoles commencent à arriver au fur et à mesure. Ils appartiennent à toutes les catégories sociales. On y trouve des étudiants, des fonctionnaires en congé, des chômeurs et des femmes au foyer. Mohamed, le cuisinier, est parmi les premiers à être sur les lieux. Il éprouve une joie immense à faire du bénévolat en faveur des plus démunis. Les autres s'organisent comme ils peuvent par rapport à leurs travails respectifs et à leurs familles. Que le travail commence… A leur arrivée, les bénévoles nettoient la salle tandis que d'autres se dirigent directement vers la cuisine. Ils commencent à éplucher les légumes et les couper pour faciliter la tâche à «Mohamed le cuisinier» comme ils aiment à l'appeler ici. D'ailleurs son nom est sur toutes les lèvres tellement ses directives sont «précieuses». Sa cuisine est équipée de grands fourneaux spéciaux pour les grandes quantités. Heureusement d'ailleurs, puisque il y a deux grandes marmites de «chorba» à préparer et deux autres pour le plat de résistance. Il a même prévu de faire l'ham lahlou, ce plat sucré qui trône souvent sur les tables du f'tour. Il a acheté lui-même des pommes et il a voulu préparer ce plat de son propre chef malgré la faiblesse des moyens du Croissant-Rouge «Je me suis débrouillé avec tous les autres bénévoles pour acquérir les ingérédients nécessaires» clame Mohamed non sans une note de fierté. Pour le menu de ce soir donc, c'est chorba frik, s'firia (boulettes de pain en sauce) et une salade variée sans oublier le traditionnel menu du s'hour qu'est le couscous. Ce couscous, don d'un particulier, a été préparé à l'avance dans des petits sachets hermétiques à raison d'une portion par personne. D'autres dons, que ce soit de la part des bénévoles ou des particuliers, s'en suivent. Les ingrédients du bourak, le yaourt, le lait, les boissons rafraîchissantes et les pêches pour le dessert sont considérés comme un plus octroyé par des âmes charitables. Bref, seize mains «façonnent» le bourek qui est rapidement roulé tandis que les plats mijotent à côté. Il est 17h, les bénévoles commencent à recevoir les nécessiteux. Ce ne sont pas ceux destinés à manger sur place mais ce sont généralement des familles nécessiteuses qui viennent tous les soirs s'« approvisionner » ici pour avoir de quoi rompre le jeûne à l'heure du f'tour. Ils ramènent avec eux des boîtes qu'ils donnent aux bénévoles. Ces derniers, les remplissent avec de la chorba, le deuxième plat, du pain et une part de zlabya. De l'autre côté, les jeunes s'affairent à nettoyer les lieux. Ils lavent la vaisselle sale. c'est la course contre la montre. Difficile d'être présent et de ne pas mettre la main à la pâte. Rythme accéleré avant l'adhan Peu de temps après, le rythme s'accélère. Les bénévoles s'affairent dans tous les sens. Mais Keltoulm est là. En raison de ses onze années de bénévolat, elle est capable de tout gérer. Elle donne les instructions de dernières minutes. Il est 19 h15. Les plateaux sont déposés et remplis. Il ne leur manque que les bols de chorba. Les voix s'élèvent et lancent «tata, tata, tata..». Ils appellent ainsi la plus ancienne des bénévoles. C'est une vielle dame aux cheveux grisonnants. Elle en est à sa 20e année consécutive qu'elle consacre ce précieux moment qu'est le «f'tour» aux démunis. C'est elle et elle seule qui sert «la chorba». C'est sa tâche et personne d'autre ne peut la remplacer. C'est leur «baraka» en quelque sorte. Elle se précipite avec une grande louche. Maintenant que la chorba est servie le plat est prêt à être consommé. Arrivée des premiers nécessiteux Le lieu accueille des dizaines de personne tous les soirs. Mina est une jeune employée dans l'une des communes d'Alger. Depuis la mort de sa mère elle vit seule, «je n'ai ni frère, ni sœur, ni parent, mais le Croissant- Rouge est ma famille», clame-t-elle. Elle préfère prendre le couffin plutôt que de manger sur les lieux, «je ne vois pas très bien la nuit, autrement j'aurais aimé rester jusqu'à une heure tardive» nous explique-t-elle. Khalti Fatiha, une quinquagénaire est fidèle à ce toit de miséricorde. Sans abri depuis son jeune âge, elle se rend à ce restaurant les cinq mois de l'année où il ouvre ses portes aux démunis, c'est à dire les quatre mois de l'hiver et le mois sacré du Ramadhan. « Ils me gâtent comme une reine » dira-t-elle parlant des bénévoles qu'elle connaît par leurs noms depuis déjà plusieurs années. Islam est un jeune judoka de 13 ans qui aime jouer au piano dès que l'occasion se présente. Slamou comme il aime qu'on l'appelle est accompagné de son frère plus âgé qui tient le rôle de leur papa qu'ils connaissent à peine. Islam tient à récupérer son couffin tôt pour le porter à ses sœurs et revenir manger au restaurant avec son frère. Un sans abri attire notre attention au milieu de la foule. L'homme coiffé d'un casque de chantier raconte des blagues faisant s'éclaffer de rire les jeunes «J'ai 40 ans, mais mon cœur en a 20» dira-t-il. Les familles ont droit à leur propre espacs, à l'instar de cette famille composée de trois fillettes, un garçonnet et leur maman qui nous a prié de ne pas mentionner son nom. «Que dieu les bénisse (les bénévoles, NDLR) et leur donne du courage pour le bien qu'ils nous font» nous dira-t-elle les larmes aux yeux. Kamel est un passager venu de l'extrême Est du pays demander un acte de naissance à Alger où il est né, « je n'avais pas d'endroit où aller heureusement qu'on m'a indiqué ce lieu» nous explique-t-il.Un vieil homme et sa femme font également partie des hôtes du CRA. Au début le retraité ne voulait pas nous parler, quant à sa femme, «moi c'est khalti Malika» se présente-t-elle à nous. Les gens qui viennent à ce restaurant, a-t-on constaté, prennent place et attendent calmement l'appel à rompre le jeûne. «C'est quoi le menu d'aujourd'hui ?» est la question qui revient le plus sur les lèvres à tous moments. Course contre la montre L'arrivée des démunis en groupes contribue à augmenter le taux d'adrénaline dans le camp des bénévoles. Bien servir ces gens et rapidement est le souhait de l'effectif du restaurant. Les plateaux passent d'une main à l'autre pour finalement arriver à son bénéficière. Les secondes sont précieuses. Si le téléphone de l'un des bénévoles sonne, il ne prend pas le temps d'y répondre avant de terminer sa tâche. D'autre bénévoles retirent les bouteilles d'eau minérale et de boissons gazeuses, des boîtes de lait du réfrigérateur et les déposent sur les tables. D'autres se chargent du pain et des verres. Si quelqu'un constate un manque, il intervient immédiatement sans ne rien dire, «on est là pour aider les nécessiteux non pour un concours de bienfaisance», nous dira un des bénévoles. Un couple de passage, venu de l'est du pays, arrive alors que les tables sont toutes occupées. Immédiatement l'un des bénévoles s'empresse de lui aménager un petit espace de fortune, invitant le couple à s'y installer. «Nous n'aimons pas faire attendre les gens à l'extérieur pour que des tables se libèrent, nous estimons que la rupture du jeûne doit se faire en même temps pour tout le monde»» explique-t-on. Saha ftourkoum à tous A quelques secondes de l'appel à la prière du Maghreb, synonyme de fin de la journée de jeûne, tout semble être en ordre. Chacun a son plateau face à lui sur la table. Pour ceux qui doivent attendre qu'une place se libère les bénévoles se chargent de leur offrir de quoi rompre leur jeûne. Pendant que les gens prennent leurs repas, des bénévoles vérifient si rien ne leur manque. Si l'un des nécessiteux termine de manger, son plateau et sa cuillère sont vite emmenés à la cuisine pour être lavés. Quand un autre démuni arrive il est rapidement accueilli et son plat lui est servi avant même qu'il ne soit installé. Tout doit se faire aussi vite que possible, ramener les plateaux, les vider, les laver, les remplir puis les resservir à nouveau. Beaucoup travail pour après le f'tour Peu après le départ du dernier nécessiteux, le rythme semble être aussi soutenu qu'avant ou pendant le ftour. Il faut rester alerte pour faire face au monceau de vaisselle qui attend d'être lavée. De gigantesques marmites sont aussi sur la liste d'attente, en plus des des couverts. «Faites vite les jeunes, on y est presque» lança Chafik l'un des bénévoles. La travail de l'après- ftour ne consiste pas uniquement à laver la vaisselle, mais il faut également laver les sols et les tables, nettoyer les chaises et mettre le reste de la nourriture au congélateur. La journée est terminée, rendez-vous pris pour demain pour une autre journée de travail aussi riche que sur le plan moral H. A. et A. B. A 8 h du matin, le resto est vide. Les bénévoles commencent à arriver au fur et à mesure. Ils appartiennent à toutes les catégories sociales. On y trouve des étudiants, des fonctionnaires en congé, des chômeurs et des femmes au foyer. Mohamed, le cuisinier, est parmi les premiers à être sur les lieux. Il éprouve une joie immense à faire du bénévolat en faveur des plus démunis. Les autres s'organisent comme ils peuvent par rapport à leurs travails respectifs et à leurs familles. Que le travail commence… A leur arrivée, les bénévoles nettoient la salle tandis que d'autres se dirigent directement vers la cuisine. Ils commencent à éplucher les légumes et les couper pour faciliter la tâche à «Mohamed le cuisinier» comme ils aiment à l'appeler ici. D'ailleurs son nom est sur toutes les lèvres tellement ses directives sont «précieuses». Sa cuisine est équipée de grands fourneaux spéciaux pour les grandes quantités. Heureusement d'ailleurs, puisque il y a deux grandes marmites de «chorba» à préparer et deux autres pour le plat de résistance. Il a même prévu de faire l'ham lahlou, ce plat sucré qui trône souvent sur les tables du f'tour. Il a acheté lui-même des pommes et il a voulu préparer ce plat de son propre chef malgré la faiblesse des moyens du Croissant-Rouge «Je me suis débrouillé avec tous les autres bénévoles pour acquérir les ingérédients nécessaires» clame Mohamed non sans une note de fierté. Pour le menu de ce soir donc, c'est chorba frik, s'firia (boulettes de pain en sauce) et une salade variée sans oublier le traditionnel menu du s'hour qu'est le couscous. Ce couscous, don d'un particulier, a été préparé à l'avance dans des petits sachets hermétiques à raison d'une portion par personne. D'autres dons, que ce soit de la part des bénévoles ou des particuliers, s'en suivent. Les ingrédients du bourak, le yaourt, le lait, les boissons rafraîchissantes et les pêches pour le dessert sont considérés comme un plus octroyé par des âmes charitables. Bref, seize mains «façonnent» le bourek qui est rapidement roulé tandis que les plats mijotent à côté. Il est 17h, les bénévoles commencent à recevoir les nécessiteux. Ce ne sont pas ceux destinés à manger sur place mais ce sont généralement des familles nécessiteuses qui viennent tous les soirs s'« approvisionner » ici pour avoir de quoi rompre le jeûne à l'heure du f'tour. Ils ramènent avec eux des boîtes qu'ils donnent aux bénévoles. Ces derniers, les remplissent avec de la chorba, le deuxième plat, du pain et une part de zlabya. De l'autre côté, les jeunes s'affairent à nettoyer les lieux. Ils lavent la vaisselle sale. c'est la course contre la montre. Difficile d'être présent et de ne pas mettre la main à la pâte. Rythme accéleré avant l'adhan Peu de temps après, le rythme s'accélère. Les bénévoles s'affairent dans tous les sens. Mais Keltoulm est là. En raison de ses onze années de bénévolat, elle est capable de tout gérer. Elle donne les instructions de dernières minutes. Il est 19 h15. Les plateaux sont déposés et remplis. Il ne leur manque que les bols de chorba. Les voix s'élèvent et lancent «tata, tata, tata..». Ils appellent ainsi la plus ancienne des bénévoles. C'est une vielle dame aux cheveux grisonnants. Elle en est à sa 20e année consécutive qu'elle consacre ce précieux moment qu'est le «f'tour» aux démunis. C'est elle et elle seule qui sert «la chorba». C'est sa tâche et personne d'autre ne peut la remplacer. C'est leur «baraka» en quelque sorte. Elle se précipite avec une grande louche. Maintenant que la chorba est servie le plat est prêt à être consommé. Arrivée des premiers nécessiteux Le lieu accueille des dizaines de personne tous les soirs. Mina est une jeune employée dans l'une des communes d'Alger. Depuis la mort de sa mère elle vit seule, «je n'ai ni frère, ni sœur, ni parent, mais le Croissant- Rouge est ma famille», clame-t-elle. Elle préfère prendre le couffin plutôt que de manger sur les lieux, «je ne vois pas très bien la nuit, autrement j'aurais aimé rester jusqu'à une heure tardive» nous explique-t-elle. Khalti Fatiha, une quinquagénaire est fidèle à ce toit de miséricorde. Sans abri depuis son jeune âge, elle se rend à ce restaurant les cinq mois de l'année où il ouvre ses portes aux démunis, c'est à dire les quatre mois de l'hiver et le mois sacré du Ramadhan. « Ils me gâtent comme une reine » dira-t-elle parlant des bénévoles qu'elle connaît par leurs noms depuis déjà plusieurs années. Islam est un jeune judoka de 13 ans qui aime jouer au piano dès que l'occasion se présente. Slamou comme il aime qu'on l'appelle est accompagné de son frère plus âgé qui tient le rôle de leur papa qu'ils connaissent à peine. Islam tient à récupérer son couffin tôt pour le porter à ses sœurs et revenir manger au restaurant avec son frère. Un sans abri attire notre attention au milieu de la foule. L'homme coiffé d'un casque de chantier raconte des blagues faisant s'éclaffer de rire les jeunes «J'ai 40 ans, mais mon cœur en a 20» dira-t-il. Les familles ont droit à leur propre espacs, à l'instar de cette famille composée de trois fillettes, un garçonnet et leur maman qui nous a prié de ne pas mentionner son nom. «Que dieu les bénisse (les bénévoles, NDLR) et leur donne du courage pour le bien qu'ils nous font» nous dira-t-elle les larmes aux yeux. Kamel est un passager venu de l'extrême Est du pays demander un acte de naissance à Alger où il est né, « je n'avais pas d'endroit où aller heureusement qu'on m'a indiqué ce lieu» nous explique-t-il.Un vieil homme et sa femme font également partie des hôtes du CRA. Au début le retraité ne voulait pas nous parler, quant à sa femme, «moi c'est khalti Malika» se présente-t-elle à nous. Les gens qui viennent à ce restaurant, a-t-on constaté, prennent place et attendent calmement l'appel à rompre le jeûne. «C'est quoi le menu d'aujourd'hui ?» est la question qui revient le plus sur les lèvres à tous moments. Course contre la montre L'arrivée des démunis en groupes contribue à augmenter le taux d'adrénaline dans le camp des bénévoles. Bien servir ces gens et rapidement est le souhait de l'effectif du restaurant. Les plateaux passent d'une main à l'autre pour finalement arriver à son bénéficière. Les secondes sont précieuses. Si le téléphone de l'un des bénévoles sonne, il ne prend pas le temps d'y répondre avant de terminer sa tâche. D'autre bénévoles retirent les bouteilles d'eau minérale et de boissons gazeuses, des boîtes de lait du réfrigérateur et les déposent sur les tables. D'autres se chargent du pain et des verres. Si quelqu'un constate un manque, il intervient immédiatement sans ne rien dire, «on est là pour aider les nécessiteux non pour un concours de bienfaisance», nous dira un des bénévoles. Un couple de passage, venu de l'est du pays, arrive alors que les tables sont toutes occupées. Immédiatement l'un des bénévoles s'empresse de lui aménager un petit espace de fortune, invitant le couple à s'y installer. «Nous n'aimons pas faire attendre les gens à l'extérieur pour que des tables se libèrent, nous estimons que la rupture du jeûne doit se faire en même temps pour tout le monde»» explique-t-on. Saha ftourkoum à tous A quelques secondes de l'appel à la prière du Maghreb, synonyme de fin de la journée de jeûne, tout semble être en ordre. Chacun a son plateau face à lui sur la table. Pour ceux qui doivent attendre qu'une place se libère les bénévoles se chargent de leur offrir de quoi rompre leur jeûne. Pendant que les gens prennent leurs repas, des bénévoles vérifient si rien ne leur manque. Si l'un des nécessiteux termine de manger, son plateau et sa cuillère sont vite emmenés à la cuisine pour être lavés. Quand un autre démuni arrive il est rapidement accueilli et son plat lui est servi avant même qu'il ne soit installé. Tout doit se faire aussi vite que possible, ramener les plateaux, les vider, les laver, les remplir puis les resservir à nouveau. Beaucoup travail pour après le f'tour Peu après le départ du dernier nécessiteux, le rythme semble être aussi soutenu qu'avant ou pendant le ftour. Il faut rester alerte pour faire face au monceau de vaisselle qui attend d'être lavée. De gigantesques marmites sont aussi sur la liste d'attente, en plus des des couverts. «Faites vite les jeunes, on y est presque» lança Chafik l'un des bénévoles. La travail de l'après- ftour ne consiste pas uniquement à laver la vaisselle, mais il faut également laver les sols et les tables, nettoyer les chaises et mettre le reste de la nourriture au congélateur. La journée est terminée, rendez-vous pris pour demain pour une autre journée de travail aussi riche que sur le plan moral H. A. et A. B.