La flambée des prix alimentaires a atteint la cote d'alerte et peut accroître l'instabilité politique, a averti samedi passé à Paris le président de la Banque mondiale Robert Zoellick, qui a appelé le G-20 à "considérer l'alimentation comme une priorité numéro un en 2011". Par Ines Amroude «J'ai dit que nous avons atteint la cote d'alerte", a déclaré à la presse M. Zoellick, qui rapportait les propos qu'il avait tenus devant les grands argentiers de la planète. Il a appelé les dirigeants du G20 à "considérer l'alimentation comme une priorité numéro un en 2011". La hausse des prix des produits alimentaires va encourager une hausse de l'offre agricole, mais dans les deux prochaines années "il pourrait aussi y avoir une masse de troubles, les gouvernements pourraient tomber et les sociétés basculer dans le désordre", a affirmé M. Zoellick marge d'une réunion des ministres des Finances du G20. La hausse continue des prix des denrées alimentaires, nourrie par la flambée des cours des matières premières agricoles, est une des causes des bouleversements en cours. «Nous devons être très sensibles à ce qui se passe en termes de prix alimentaires et sur les effets potentiels qu'ils peuvent avoir sur la stabilité politique", a ajouté le président de la Banque mondiale. La hausse des prix alimentaires a fait tomber entre juin et décembre 44 millions de personnes dans le monde sous le seuil de l'extrême pauvreté, selon la Banque mondiale. L'institution a réalisé cette estimation grâce à des statistiques sur les revenus et dépenses des ménages réalisées dans les pays à revenus bas à moyens. Le seuil de l'extrême pauvreté est défini par des dépenses de 1,25 dollar par jour et par personne. D'après les dernières estimations en date de la Banque mondiale, 1,2 milliard de personnes dans le monde sont sous ce seuil. "Les prix de l'alimentation continuent à augmenter dans le monde. L'indice des prix alimentaires de la Banque mondiale a augmenté de 15% entre octobre 2010 et janvier 2011, et n'est que 3% en dessous de son pic de 2008", a indiqué l'institution dans un communiqué Le G20 s'accorde en évitant de froisser la Chine Pour ce qui est de cette réunion tant attendue du G20 la France a ainsi pu annoncer un premier succès à l'issue de la réunion des ministres des Finances du groupe qu'elle préside et qui rassemble 85% de l'activité économique de la planète. Mais sa ministre de l'Economie, Christine Lagarde, n'a pas caché que l'accord avait été difficile à trouver. "Les négociations ont été franches, parfois tendues, toujours très respectueuses et elles ont fait l'objet d'un compromis final dont on ne peut pas dire qu'il est attribuable à tel ou tel", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse. "Ça n'a pas été simple, il y avait évidemment des intérêts divergents. Mais nous avons réussi à faire converger les positions vers un texte qui nous paraît à la fois équilibré et exigeant dans sa mise en œuvre." L'issue des discussions, entamées vendredi soir, poursuivies la nuit durant par les "sherpas" des délégations et reprises samedi matin par les ministres, est restée incertaine jusqu'au dernier moment, en raison de l'opposition de la Chine à toute référence aux réserves de change et aux transactions courantes pour mesurer les déséquilibres. Réaffirmant la volonté des pays membres de coordonner leurs politiques pour parvenir à une croissance économique "forte, durable et équilibrée", le G20 explique dans son communiqué viser, d'ici sa prochaine réunion ministérielle en avril à Washington, un accord sur des "lignes directrices indicatives" pour l'évaluation des indicateurs de déséquilibres. Ces derniers, précise le communiqué, sont la dette et les déficits publics, le taux d'épargne et l'endettement privé, ainsi que "les déséquilibres extérieurs à partir de la balance commerciale, des flux nets de revenus d'investissement et des transferts, en tenant pleinement compte du taux de change et des politiques budgétaire, monétaire ou autre". Pas de «cibles» Premier exportateur mondial et deuxième puissance économique de la planète, la Chine s'emploie à réduire son énorme excédent commercial (plus de 130 milliards d'euros en 2010) mais elle dispose parallèlement des premières réserves de change mondiales, estimées à plus de 2.000 milliards d'euros. La phase d'évaluation des indicateurs retenus, précise le communiqué, devra prendre en compte les "circonstances nationales et régionales, y compris celles des grands producteurs de matières premières". Parmi ces derniers figurent entre autres, dans le G20, l'Arabie saoudite, le Brésil, l'Argentine et l'Australie. Christine Lagarde a précisé que les indicateurs n'étaient pas des "cibles" et qu'ils n'étaient pas contraignants. De son côté, la ministre espagnole Elena Salgado a parlé d'un "excellent début qui (...) annonce une excellente fin". Lors du sommet des dirigeants du G20 à Séoul en novembre, plusieurs pays, parmi lesquels figurait l'Allemagne, avaient rejeté une proposition américaine visant à fixer des limites chiffrées en matière de déficit ou d'excédent courant. Reprenant une autre des priorités de la présidence française, les Vingt ont aussi émis le souhait d'une amélioration du système monétaire international (SMI), ce qui les conduit à réaffirmer leur volonté d'éviter "les fluctuations déstabilisatrices des flux de capitaux" et "les mouvements désordonnés des taux de change". Séminiare en Chine fin mars Christine Lagarde a une nouvelle fois réfuté l'idée d'une "guerre des changes" évoquée depuis plusieurs mois, assurant que "le G20 ne fonctionne pas comme ça". Mais son homologue américain, Timothy Geithner, a profité de l'occasion pour dénoncer une nouvelle fois la sous-évaluation du yuan chinois. Washington accuse depuis longtemps Pékin d'entretenir la faiblesse de sa monnaie pour doper ses exportations. "Il y a un large consensus sur le fait que les grandes économies, pas seulement l'Europe, le Japon et les Etats-Unis mais aussi les grandes économies émergentes, doivent permettre un ajustement de leurs taux de change pour répondre aux forces des marchés", a dit le secrétaire au Trésor de Barack Obama. De leur côté, les grandes puissances émergentes que sont la Chine et le Brésil reprochent aux Etats-Unis de provoquer des distorsions dans les flux de capitaux mondiaux par le biais de leur politique monétaire d'injections massives de liquidités sur les marchés. Le débat sur le SMI sera au centre d'un "séminaire" du G20 fin mars à Shenzhen, en Chine. Mais, a reconnu Christine Lagarde, "le système monétaire international ne va pas être refait en un jour, ni même en un an". Quant à la lutte contre la volatilité des prix des matières premières, autre priorité de Paris, elle n'a réalisé aucune avancée notable lors de la réunion de Paris. Un groupe de travail y sera consacré, sous présidence japonaise. I.A et agences La flambée des prix alimentaires a atteint la cote d'alerte et peut accroître l'instabilité politique, a averti samedi passé à Paris le président de la Banque mondiale Robert Zoellick, qui a appelé le G-20 à "considérer l'alimentation comme une priorité numéro un en 2011". Par Ines Amroude «J'ai dit que nous avons atteint la cote d'alerte", a déclaré à la presse M. Zoellick, qui rapportait les propos qu'il avait tenus devant les grands argentiers de la planète. Il a appelé les dirigeants du G20 à "considérer l'alimentation comme une priorité numéro un en 2011". La hausse des prix des produits alimentaires va encourager une hausse de l'offre agricole, mais dans les deux prochaines années "il pourrait aussi y avoir une masse de troubles, les gouvernements pourraient tomber et les sociétés basculer dans le désordre", a affirmé M. Zoellick marge d'une réunion des ministres des Finances du G20. La hausse continue des prix des denrées alimentaires, nourrie par la flambée des cours des matières premières agricoles, est une des causes des bouleversements en cours. «Nous devons être très sensibles à ce qui se passe en termes de prix alimentaires et sur les effets potentiels qu'ils peuvent avoir sur la stabilité politique", a ajouté le président de la Banque mondiale. La hausse des prix alimentaires a fait tomber entre juin et décembre 44 millions de personnes dans le monde sous le seuil de l'extrême pauvreté, selon la Banque mondiale. L'institution a réalisé cette estimation grâce à des statistiques sur les revenus et dépenses des ménages réalisées dans les pays à revenus bas à moyens. Le seuil de l'extrême pauvreté est défini par des dépenses de 1,25 dollar par jour et par personne. D'après les dernières estimations en date de la Banque mondiale, 1,2 milliard de personnes dans le monde sont sous ce seuil. "Les prix de l'alimentation continuent à augmenter dans le monde. L'indice des prix alimentaires de la Banque mondiale a augmenté de 15% entre octobre 2010 et janvier 2011, et n'est que 3% en dessous de son pic de 2008", a indiqué l'institution dans un communiqué Le G20 s'accorde en évitant de froisser la Chine Pour ce qui est de cette réunion tant attendue du G20 la France a ainsi pu annoncer un premier succès à l'issue de la réunion des ministres des Finances du groupe qu'elle préside et qui rassemble 85% de l'activité économique de la planète. Mais sa ministre de l'Economie, Christine Lagarde, n'a pas caché que l'accord avait été difficile à trouver. "Les négociations ont été franches, parfois tendues, toujours très respectueuses et elles ont fait l'objet d'un compromis final dont on ne peut pas dire qu'il est attribuable à tel ou tel", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse. "Ça n'a pas été simple, il y avait évidemment des intérêts divergents. Mais nous avons réussi à faire converger les positions vers un texte qui nous paraît à la fois équilibré et exigeant dans sa mise en œuvre." L'issue des discussions, entamées vendredi soir, poursuivies la nuit durant par les "sherpas" des délégations et reprises samedi matin par les ministres, est restée incertaine jusqu'au dernier moment, en raison de l'opposition de la Chine à toute référence aux réserves de change et aux transactions courantes pour mesurer les déséquilibres. Réaffirmant la volonté des pays membres de coordonner leurs politiques pour parvenir à une croissance économique "forte, durable et équilibrée", le G20 explique dans son communiqué viser, d'ici sa prochaine réunion ministérielle en avril à Washington, un accord sur des "lignes directrices indicatives" pour l'évaluation des indicateurs de déséquilibres. Ces derniers, précise le communiqué, sont la dette et les déficits publics, le taux d'épargne et l'endettement privé, ainsi que "les déséquilibres extérieurs à partir de la balance commerciale, des flux nets de revenus d'investissement et des transferts, en tenant pleinement compte du taux de change et des politiques budgétaire, monétaire ou autre". Pas de «cibles» Premier exportateur mondial et deuxième puissance économique de la planète, la Chine s'emploie à réduire son énorme excédent commercial (plus de 130 milliards d'euros en 2010) mais elle dispose parallèlement des premières réserves de change mondiales, estimées à plus de 2.000 milliards d'euros. La phase d'évaluation des indicateurs retenus, précise le communiqué, devra prendre en compte les "circonstances nationales et régionales, y compris celles des grands producteurs de matières premières". Parmi ces derniers figurent entre autres, dans le G20, l'Arabie saoudite, le Brésil, l'Argentine et l'Australie. Christine Lagarde a précisé que les indicateurs n'étaient pas des "cibles" et qu'ils n'étaient pas contraignants. De son côté, la ministre espagnole Elena Salgado a parlé d'un "excellent début qui (...) annonce une excellente fin". Lors du sommet des dirigeants du G20 à Séoul en novembre, plusieurs pays, parmi lesquels figurait l'Allemagne, avaient rejeté une proposition américaine visant à fixer des limites chiffrées en matière de déficit ou d'excédent courant. Reprenant une autre des priorités de la présidence française, les Vingt ont aussi émis le souhait d'une amélioration du système monétaire international (SMI), ce qui les conduit à réaffirmer leur volonté d'éviter "les fluctuations déstabilisatrices des flux de capitaux" et "les mouvements désordonnés des taux de change". Séminiare en Chine fin mars Christine Lagarde a une nouvelle fois réfuté l'idée d'une "guerre des changes" évoquée depuis plusieurs mois, assurant que "le G20 ne fonctionne pas comme ça". Mais son homologue américain, Timothy Geithner, a profité de l'occasion pour dénoncer une nouvelle fois la sous-évaluation du yuan chinois. Washington accuse depuis longtemps Pékin d'entretenir la faiblesse de sa monnaie pour doper ses exportations. "Il y a un large consensus sur le fait que les grandes économies, pas seulement l'Europe, le Japon et les Etats-Unis mais aussi les grandes économies émergentes, doivent permettre un ajustement de leurs taux de change pour répondre aux forces des marchés", a dit le secrétaire au Trésor de Barack Obama. De leur côté, les grandes puissances émergentes que sont la Chine et le Brésil reprochent aux Etats-Unis de provoquer des distorsions dans les flux de capitaux mondiaux par le biais de leur politique monétaire d'injections massives de liquidités sur les marchés. Le débat sur le SMI sera au centre d'un "séminaire" du G20 fin mars à Shenzhen, en Chine. Mais, a reconnu Christine Lagarde, "le système monétaire international ne va pas être refait en un jour, ni même en un an". Quant à la lutte contre la volatilité des prix des matières premières, autre priorité de Paris, elle n'a réalisé aucune avancée notable lors de la réunion de Paris. Un groupe de travail y sera consacré, sous présidence japonaise. I.A et agences