Un vieux dicton algérien énonce que si le bienfait se rendait, on le rendrait d'abord au bœuf. Un autre conseille de faire du bien et de l'oublier parce qu'il ne faut pas espérer de reconnaissance de la part des humains mais uniquement de notre Créateur. La vieille Zahra en sait désormais que Un vieux dicton algérien énonce que si le bienfait se rendait, on le rendrait d'abord au bœuf. Un autre conseille de faire du bien et de l'oublier parce qu'il ne faut pas espérer de reconnaissance de la part des humains mais uniquement de notre Créateur. La vieille Zahra en sait désormais que En 1975, la sœur de Zahra mourut des suites d'une courte maladie laissant derrière elle Mériem, Latifa et Rachid, âgés de 2 à 5 ans. Le père de ces derniers ne tarda pas à se remarier. Débuta alors pour les trois enfants une vie infernale à cause de leur marâtre qui avait l'air de leur reprocher d'exister. Zahra bien qu'elle ait fort à faire avec ses propres enfants, une petite fille et deux garçons, se proposa d'accueillir chez elle ses neveux dans sa grande villa d'El- Harrach. Leur père, bien qu'il les aime, n'en espérait pas mieux. Quant à leur marâtre, elle était tout simplement aux anges. Elle allait enfin profiter pleinement de sa nouvelle vie d'épouse sans avoir à subir l'indésirable présence des enfants de son mari. Plusieurs fois, le père s'était rendu chez Zahra pour récupérer ses trois enfants mais ceux-ci avaient toujours refusé de le suivre. Ils avaient trouvé chez leur tante maternelle tout l'amour et toute l'affection qui leur manquaient depuis la mort de leur mère. C'était elle qui les avait fait entrer à l'école et qui s'était occupée d'eux jusqu'à la fin de leurs études universitaires. Elle avait aussi fait face aux dépenses qu'avaient nécessité leurs trois mariages. Mériem et Latifa s'étaient mariées à une année d'intervalle. Elles voulaient toutes les deux une cérémonie des plus simples mais la généreuse tante leur avait répondu : - Que mes os soient réduits en cendres dans le feu de la Géhenne, si je ne vous organise pas des cérémonies semblables à celle de ma fille ! Et il en fut ainsi. Mériem et Latifa s'étaient mariées et eurent droit à un mariage digne de deux princesses. Il en fut de même pour Rachid lorsqu'il se maria en 2000. En 2003, sa femme commença à trouver gênant pour elle d'habiter dans la grande villa de la tante de son mari. A cette époque, la formule de l'AADL était en vogue et tous les jeunes couples se voyaient vivant seuls. Mais où trouver l'argent nécessaire pour entamer la procédure d'achat ? Rachid en parla à sa tante et celle-ci lui dit : - Ton oncle m'a laissé de l'argent… A quoi servirait-il si toi ou tes deux sœurs n'en profitiez pas ? Combien en veux-tu ? - Oh ! Merci, ma tante. Masi c'est juste un prêt… j'insiste. Je te rembourserai au fur et à mesure que ma femme et moi travaillons. - Rachid, mon fils, ne dis pas de bêtises ! Que vais-je faire de cet argent ? Ce que je te donne est à toi… Prends-le et soyez heureux toi et ta femme. - Tata Zahra… tu n'es pas fâchée que ma femme et moi projetions de nous en aller d'ici ? - Mais pas du tout, Rachid. La vie est ainsi faite : de ruptures et de séparations ! Je vous ai aidés à grandir mais maintenant vous êtes libres de choisir la vie qui vous convient le mieux. Si vous décidez de rester, vous êtes les bienvenus…Vous voulez autre chose ? Grand bien vous fasse ! Vous êtes libres de vos choix. Rachid prit la somme dont il avait besoin et en 2007 il se retrouva, à 37 ans, propriétaire d'un bel appartement aux Bananiers où il pouvait mener une vie paisible avec sa jeune épouse. Mais pour lui, il n'était pas question de couper les ponts avec sa tante à qui il rendait visite chaque semaine. La brave tante s'était retrouvée seule après le décès de son époux et le départ de ses enfants au Canada et celui de ses deux nièces et de son neveu. Mais grâce au téléphone portable, les liens n'avaient jamais été rompus. Il ne se passait pas une seule journée, sans que ses nièces et son neveu ne l'appellent pour avoir de ses nouvelles. Elle parlait aussi avec ses enfants du Canada chaque vendredi soir grâce à Mériem qui lui avait acheté un ordinateur et installé Skype, un logiciel informatique permettant de communiquer par Internet avec son et image… Zahra était cependant un peu mélancolique devant le vide qui étouffait sa grande maison qui autrefois grouillait de monde avec la présence de ses enfants, de ses nièces et de son neveu. Mais elle acceptait cette situation en se disant que tout le monde avait le droit de vivre sa vie. Un jour, Zahra fut obligée de s'absenter de la maison toute la journée. Quand elle revint le soir, elle fut tout étonnée de découvrir la porte de l'armoire de sa chambre ouverte. Elle était étonnée parce qu'elle était certaine de l'avoir fermée avant de sortir. Se serait-elle ouverte à cause d'une anomalie de la serrure ou quelqu'un l'avait-il ouverte ? Elle pencha pour la seconde hypothèse lorsqu'elle regarda à l'intérieur de l'armoire et qu'elle eut constaté que quelqu'un avait fouillé dans ses affaires. Alors, elle se rendit à la cuisine pour s'assurer que le coffre encastré à l'intérieur du potager n'avait pas été ouvert. Elle plaqua ses deux mains contre sa bouche pour réprimer un cri : le coffre avait été vidé de son contenu. Entre les bijoux, l'argent en dinars, en euros, en dollars ainsi qu'en dinars tunisiens, on lui avait pris l'équivalent d'un milliard et huit cent millions de centimes. Après avoir pris son médicament contre l'hypertension, elle se rendit au poste de police le plus proche. Les enquêteurs n'avaient eu aucune peine à conclure que l'auteur du vol connaissait bien les lieux. - A part vous, madame, qui a les clefs de la villa ? demanda un des enquêteurs. - Personne n'a les clefs…pas même mon neveu qui a vécu plus de trente ans avec moi. Il a vécu chez moi jusqu'à l'âge de 37 ans. Il est parti vivre seul avec sa jeune femme. - Mais il aurait pu fabriquer un double de ces clés à votre insu ? - Oh ! Non ! Je suis sûre qu'il n'a rien à voir avec ce vol. Je suis comme une mère pour lui après la mort de ma sœur. L'enquêteur sourit avec amusement. - Ah ! madame ! Si vous travailliez avec nous, vous sauriez que de nos jours les gens sont capables de tout. Ils peuvent aller jusqu'à tuer leurs parents pour s'emparer de leurs maigres économies. - Moi, je vous dis que Rachid est hors de cause… Il me considère comme sa mère… il me téléphone tous les jours pour me demander si je n'ai besoin de rien… - Et aujourd'hui, il vous a téléphone, madame ? - Oui… il était en déplacement à Constantine et il m'a appelée. - Il était à Constantine ? Ah ! Nous allons vérifier tout cela… Il vous a appelé d'un téléphone fixe ou de son portable ? - De son portable… - Dans une heure tout au plus, nous saurons s'il vous a appelée d'Alger ou de Constantine… En tout cas, nous avons trouvé des empreintes sous le potager et sur la porte du coffre… Nous les comparerons avec les siennes. Le lendemain, Rachid fut convoqué par la police. En comparant ses empreintes digitales avec celles trouvées sous le petit coffre, la police conclut que c'était lui l'auteur du cambriolage. La seconde preuve avait été fournie par un opérateur téléphonique ! L'appel téléphonique de la veille provenait d'Alger et non de Constantine ! Harcelé de questions, Rachid finit par avouer. Il avait volé la femme qui l'avait élevé ! La femme qui avait consacré sa vie à faire de lui un homme et de ses sœurs des femmes. Zahra en était malade à tel point qu'elle avait été victime d'un pic de tension qui avait failli l'emporter. Au tribunal d'El-Harrach où Rachid avait été jugé, au début du mois en cours, Zahra n'avait cessé de fixer du regard son neveu pour qui elle avait sacrifié les meilleures années de sa vie. Lui, à aucun moment, il n'avait osé lever les yeux sur elle tellement il avait honte de son immense ingratitude. Verdict : 5 de prison ferme et cent mille dinars d'amende. En 1975, la sœur de Zahra mourut des suites d'une courte maladie laissant derrière elle Mériem, Latifa et Rachid, âgés de 2 à 5 ans. Le père de ces derniers ne tarda pas à se remarier. Débuta alors pour les trois enfants une vie infernale à cause de leur marâtre qui avait l'air de leur reprocher d'exister. Zahra bien qu'elle ait fort à faire avec ses propres enfants, une petite fille et deux garçons, se proposa d'accueillir chez elle ses neveux dans sa grande villa d'El- Harrach. Leur père, bien qu'il les aime, n'en espérait pas mieux. Quant à leur marâtre, elle était tout simplement aux anges. Elle allait enfin profiter pleinement de sa nouvelle vie d'épouse sans avoir à subir l'indésirable présence des enfants de son mari. Plusieurs fois, le père s'était rendu chez Zahra pour récupérer ses trois enfants mais ceux-ci avaient toujours refusé de le suivre. Ils avaient trouvé chez leur tante maternelle tout l'amour et toute l'affection qui leur manquaient depuis la mort de leur mère. C'était elle qui les avait fait entrer à l'école et qui s'était occupée d'eux jusqu'à la fin de leurs études universitaires. Elle avait aussi fait face aux dépenses qu'avaient nécessité leurs trois mariages. Mériem et Latifa s'étaient mariées à une année d'intervalle. Elles voulaient toutes les deux une cérémonie des plus simples mais la généreuse tante leur avait répondu : - Que mes os soient réduits en cendres dans le feu de la Géhenne, si je ne vous organise pas des cérémonies semblables à celle de ma fille ! Et il en fut ainsi. Mériem et Latifa s'étaient mariées et eurent droit à un mariage digne de deux princesses. Il en fut de même pour Rachid lorsqu'il se maria en 2000. En 2003, sa femme commença à trouver gênant pour elle d'habiter dans la grande villa de la tante de son mari. A cette époque, la formule de l'AADL était en vogue et tous les jeunes couples se voyaient vivant seuls. Mais où trouver l'argent nécessaire pour entamer la procédure d'achat ? Rachid en parla à sa tante et celle-ci lui dit : - Ton oncle m'a laissé de l'argent… A quoi servirait-il si toi ou tes deux sœurs n'en profitiez pas ? Combien en veux-tu ? - Oh ! Merci, ma tante. Masi c'est juste un prêt… j'insiste. Je te rembourserai au fur et à mesure que ma femme et moi travaillons. - Rachid, mon fils, ne dis pas de bêtises ! Que vais-je faire de cet argent ? Ce que je te donne est à toi… Prends-le et soyez heureux toi et ta femme. - Tata Zahra… tu n'es pas fâchée que ma femme et moi projetions de nous en aller d'ici ? - Mais pas du tout, Rachid. La vie est ainsi faite : de ruptures et de séparations ! Je vous ai aidés à grandir mais maintenant vous êtes libres de choisir la vie qui vous convient le mieux. Si vous décidez de rester, vous êtes les bienvenus…Vous voulez autre chose ? Grand bien vous fasse ! Vous êtes libres de vos choix. Rachid prit la somme dont il avait besoin et en 2007 il se retrouva, à 37 ans, propriétaire d'un bel appartement aux Bananiers où il pouvait mener une vie paisible avec sa jeune épouse. Mais pour lui, il n'était pas question de couper les ponts avec sa tante à qui il rendait visite chaque semaine. La brave tante s'était retrouvée seule après le décès de son époux et le départ de ses enfants au Canada et celui de ses deux nièces et de son neveu. Mais grâce au téléphone portable, les liens n'avaient jamais été rompus. Il ne se passait pas une seule journée, sans que ses nièces et son neveu ne l'appellent pour avoir de ses nouvelles. Elle parlait aussi avec ses enfants du Canada chaque vendredi soir grâce à Mériem qui lui avait acheté un ordinateur et installé Skype, un logiciel informatique permettant de communiquer par Internet avec son et image… Zahra était cependant un peu mélancolique devant le vide qui étouffait sa grande maison qui autrefois grouillait de monde avec la présence de ses enfants, de ses nièces et de son neveu. Mais elle acceptait cette situation en se disant que tout le monde avait le droit de vivre sa vie. Un jour, Zahra fut obligée de s'absenter de la maison toute la journée. Quand elle revint le soir, elle fut tout étonnée de découvrir la porte de l'armoire de sa chambre ouverte. Elle était étonnée parce qu'elle était certaine de l'avoir fermée avant de sortir. Se serait-elle ouverte à cause d'une anomalie de la serrure ou quelqu'un l'avait-il ouverte ? Elle pencha pour la seconde hypothèse lorsqu'elle regarda à l'intérieur de l'armoire et qu'elle eut constaté que quelqu'un avait fouillé dans ses affaires. Alors, elle se rendit à la cuisine pour s'assurer que le coffre encastré à l'intérieur du potager n'avait pas été ouvert. Elle plaqua ses deux mains contre sa bouche pour réprimer un cri : le coffre avait été vidé de son contenu. Entre les bijoux, l'argent en dinars, en euros, en dollars ainsi qu'en dinars tunisiens, on lui avait pris l'équivalent d'un milliard et huit cent millions de centimes. Après avoir pris son médicament contre l'hypertension, elle se rendit au poste de police le plus proche. Les enquêteurs n'avaient eu aucune peine à conclure que l'auteur du vol connaissait bien les lieux. - A part vous, madame, qui a les clefs de la villa ? demanda un des enquêteurs. - Personne n'a les clefs…pas même mon neveu qui a vécu plus de trente ans avec moi. Il a vécu chez moi jusqu'à l'âge de 37 ans. Il est parti vivre seul avec sa jeune femme. - Mais il aurait pu fabriquer un double de ces clés à votre insu ? - Oh ! Non ! Je suis sûre qu'il n'a rien à voir avec ce vol. Je suis comme une mère pour lui après la mort de ma sœur. L'enquêteur sourit avec amusement. - Ah ! madame ! Si vous travailliez avec nous, vous sauriez que de nos jours les gens sont capables de tout. Ils peuvent aller jusqu'à tuer leurs parents pour s'emparer de leurs maigres économies. - Moi, je vous dis que Rachid est hors de cause… Il me considère comme sa mère… il me téléphone tous les jours pour me demander si je n'ai besoin de rien… - Et aujourd'hui, il vous a téléphone, madame ? - Oui… il était en déplacement à Constantine et il m'a appelée. - Il était à Constantine ? Ah ! Nous allons vérifier tout cela… Il vous a appelé d'un téléphone fixe ou de son portable ? - De son portable… - Dans une heure tout au plus, nous saurons s'il vous a appelée d'Alger ou de Constantine… En tout cas, nous avons trouvé des empreintes sous le potager et sur la porte du coffre… Nous les comparerons avec les siennes. Le lendemain, Rachid fut convoqué par la police. En comparant ses empreintes digitales avec celles trouvées sous le petit coffre, la police conclut que c'était lui l'auteur du cambriolage. La seconde preuve avait été fournie par un opérateur téléphonique ! L'appel téléphonique de la veille provenait d'Alger et non de Constantine ! Harcelé de questions, Rachid finit par avouer. Il avait volé la femme qui l'avait élevé ! La femme qui avait consacré sa vie à faire de lui un homme et de ses sœurs des femmes. Zahra en était malade à tel point qu'elle avait été victime d'un pic de tension qui avait failli l'emporter. Au tribunal d'El-Harrach où Rachid avait été jugé, au début du mois en cours, Zahra n'avait cessé de fixer du regard son neveu pour qui elle avait sacrifié les meilleures années de sa vie. Lui, à aucun moment, il n'avait osé lever les yeux sur elle tellement il avait honte de son immense ingratitude. Verdict : 5 de prison ferme et cent mille dinars d'amende.