Une étude publiée dans la revue britannique Nature vient de confirmer que la protéine bêta-amyloïde serait responsable de la maladie d'Alzheimer, mais une mutation génétique de cette protéine pourrait protéger de celle-ci. Un traitement agissant sur cette protéine pourrait alors permettre de prévenir la maladie qui touche 850.000 Français, avec 225.000 nouveaux cas chaque année. Une étude publiée dans la revue britannique Nature vient de confirmer que la protéine bêta-amyloïde serait responsable de la maladie d'Alzheimer, mais une mutation génétique de cette protéine pourrait protéger de celle-ci. Un traitement agissant sur cette protéine pourrait alors permettre de prévenir la maladie qui touche 850.000 Français, avec 225.000 nouveaux cas chaque année. Alzheimer, maladie neuro-dégénérative incurable, atteint en France environ 5% de la population âgée de 60 ans et 25% des plus de 90 ans. Or, pour les patients souffrant d'Alzheimer, le déclin est irréversible. D'où l'importance de mieux connaître la maladie pour tenter d'en freiner les effets voire de les empêcher. C'est ainsi un véritable espoir que fournit une nouvelle étude parue dans la revue Nature. Celle-ci vient de montrer qu'une mutation génétique protègerait contre la maladie d'Alzheimer et le déclin cognitif, ouvrant une nouvelle voie de recherche de traitements. Pour arriver à cette découverte, les chercheurs ont réalisé leur étude sur la population islandaise. En effet, le pays a accueilli très peu d'immigrants et a tenu un rapport détaillé des naissances. Il est donc simple de retrouver l'héritage génétique des Islandais. De plus, le système de santé est national donc les affections subies par la population se retrouvent facilement. Tout cela fait donc de l'Islande un endroit idéal pour suivre la trace de l'histoire génétique de la population. La société deCODE Genetics a ainsi été créée pour tirer les bénéfices de cette ressource. En scannant l'ADN des Islandais, deCODE Genetics a trouvé des morceaux du génome associés à des maladies du cœur et au diabète. Mais ce n'est pas tout : deCODE a également séquencé les données du génome entier de 1.795 Islandais pour l'additionner aux données précédentes. Grâce aux rapports détaillés des naissances, les génotypes de presque 300.000 personnes peuvent en être déduits. En utilisant les données du deCODE, les chercheurs se sont donc intéressés à la maladie d'Alzheimer. Une mutation génétique contre l'Alzheimer Dans la nouvelle étude, une équipe internationale incluant des membres du deCODE a plus précisément décidé de rechercher des mutations associées à la forme la plus commune de la maladie. Ils ont ainsi trouvé une mutation semblant protéger ses porteurs d'Alzheimer. Chez les personnes âgées dépourvues de la maladie, 0,62% possède cette mutation. Chez les patients atteints d'Alzheimer, seuls 0,13% l'ont. Il s'agit de la mutation d'un gène préalablement associé à Alzheimer et codant pour une molécule appelée APP (amyloid precursor protein). APP est constitué d'une protéine qui, après avoir été coupée par des enzymes, forme des plaques de bêta-amyloïde caractéristiques de la maladie d'Alzheimer. Or, les chercheurs ont montré que cette nouvelle mutation rend la protéine moins apte à être attaquée par les enzymes et donc réduit probablement son aptitude à former des plaques. Pour en savoir plus, les scientifiques ont comparé les capacités cognitives des Islandais portant la mutation à celles de la population totale à âge égal. Même si la taille réduite de l'échantillon implique une marge d'erreur plutôt élevée, une tendance claire s'est dégagée : les porteurs de la mutation ont montré de meilleures performances cognitives que les personnes ne présentant pas la mutation. Les chercheurs suggèrent ainsi que la mutation pourrait réduire la quantité de la protéine bêta-amyloïde qui provoque la maladie d'Alzheimer de 40%. Selon Kari Stefansson, le principal auteur de l'étude : "Si vous possédez la mutation génétique rare, vous avez entre 5 à 7 fois moins de chance de développer la maladie." De plus, les détenteurs du gène en question auraient 47% de chance en plus que les autres d'atteindre l'âge de 85 ans. Philippe Amouyel du Centre hospitalier et universitaire de Lille relève, cependant, les limites de l'étude : "L'Islande est un pays où ses 200.000 habitants sont familialement reliés. C'est une société génétique particulière." D'ailleurs, dans d'autres échantillons de populations scandinaves, la mutation génétique s'est avérée n'être présente que chez environ 0,5% de la population. Les scanners des échantillons de la population nord-américaine, quant à eux, montrent que la mutation apparaît dans seulement 4 chromosomes sur 49.000. Un nouvel espoir de médicament anti-Alzheimer Malgré les nombreuses recherches effectuées, c'est la première fois qu'un facteur génétique a été identifié comme protégeant très fortement contre Alzheimer. Ceci suggère ainsi que bloquer la digestion enzymatique de l'APP pourrait aussi être efficace en utilisant d'autres moyens, comme un traitement médicamenteux. Et, plus généralement, cela nous en dit un peu plus sur la relation à l'âge du déclin cognitif. Le docteur David Altshuler, un expert en génomique de la Harvard Medical School, du Broad Institute of Harvard et de la MIT (Massachusetts Institute of Technology), a déclaré à propos de l'étude qu'elle "fournit des preuves évidentes que cela pourrait marcher chez la population en général si on le fait bien". Pour John Hardy, un expert d'Alzheimer du University College London (UCL) et découvreur de la première mutation génétique responsable d'Alzheimer : "Les statistiques et les résultats sont à peu près sûrs." Les médicaments contre Alzheimer mis au point jusqu'ici n'ont pas totalement convaincus. Certains étaient même défectueux ou avaient des effets secondaires graves, d'après Rudolph Tanzi, neurologiste à la Harvard Medical School. Si une nouvelle vague de résultats cliniques devraient arriver cet automne, le docteur Robert Green, directeur associé de médecine au département de la génétique à la Harvard Medical School et au Brigham and Women's Hospital estime pour sa part qu'un médicament anti-Alzheimer réellement efficace et sans effet secondaire "va prendre des années" à être mis sur le marché. Cependant, l'étude sur la population islandaise ouvre de nouvelles pistes. Le médicament "idéal" pourrait être pris en prévention par tout le monde. Les personnes présentant le plus de risque d'être un jour atteintes d'Alzheimer le commenceraient simplement plus tôt que les autres. Alzheimer, maladie neuro-dégénérative incurable, atteint en France environ 5% de la population âgée de 60 ans et 25% des plus de 90 ans. Or, pour les patients souffrant d'Alzheimer, le déclin est irréversible. D'où l'importance de mieux connaître la maladie pour tenter d'en freiner les effets voire de les empêcher. C'est ainsi un véritable espoir que fournit une nouvelle étude parue dans la revue Nature. Celle-ci vient de montrer qu'une mutation génétique protègerait contre la maladie d'Alzheimer et le déclin cognitif, ouvrant une nouvelle voie de recherche de traitements. Pour arriver à cette découverte, les chercheurs ont réalisé leur étude sur la population islandaise. En effet, le pays a accueilli très peu d'immigrants et a tenu un rapport détaillé des naissances. Il est donc simple de retrouver l'héritage génétique des Islandais. De plus, le système de santé est national donc les affections subies par la population se retrouvent facilement. Tout cela fait donc de l'Islande un endroit idéal pour suivre la trace de l'histoire génétique de la population. La société deCODE Genetics a ainsi été créée pour tirer les bénéfices de cette ressource. En scannant l'ADN des Islandais, deCODE Genetics a trouvé des morceaux du génome associés à des maladies du cœur et au diabète. Mais ce n'est pas tout : deCODE a également séquencé les données du génome entier de 1.795 Islandais pour l'additionner aux données précédentes. Grâce aux rapports détaillés des naissances, les génotypes de presque 300.000 personnes peuvent en être déduits. En utilisant les données du deCODE, les chercheurs se sont donc intéressés à la maladie d'Alzheimer. Une mutation génétique contre l'Alzheimer Dans la nouvelle étude, une équipe internationale incluant des membres du deCODE a plus précisément décidé de rechercher des mutations associées à la forme la plus commune de la maladie. Ils ont ainsi trouvé une mutation semblant protéger ses porteurs d'Alzheimer. Chez les personnes âgées dépourvues de la maladie, 0,62% possède cette mutation. Chez les patients atteints d'Alzheimer, seuls 0,13% l'ont. Il s'agit de la mutation d'un gène préalablement associé à Alzheimer et codant pour une molécule appelée APP (amyloid precursor protein). APP est constitué d'une protéine qui, après avoir été coupée par des enzymes, forme des plaques de bêta-amyloïde caractéristiques de la maladie d'Alzheimer. Or, les chercheurs ont montré que cette nouvelle mutation rend la protéine moins apte à être attaquée par les enzymes et donc réduit probablement son aptitude à former des plaques. Pour en savoir plus, les scientifiques ont comparé les capacités cognitives des Islandais portant la mutation à celles de la population totale à âge égal. Même si la taille réduite de l'échantillon implique une marge d'erreur plutôt élevée, une tendance claire s'est dégagée : les porteurs de la mutation ont montré de meilleures performances cognitives que les personnes ne présentant pas la mutation. Les chercheurs suggèrent ainsi que la mutation pourrait réduire la quantité de la protéine bêta-amyloïde qui provoque la maladie d'Alzheimer de 40%. Selon Kari Stefansson, le principal auteur de l'étude : "Si vous possédez la mutation génétique rare, vous avez entre 5 à 7 fois moins de chance de développer la maladie." De plus, les détenteurs du gène en question auraient 47% de chance en plus que les autres d'atteindre l'âge de 85 ans. Philippe Amouyel du Centre hospitalier et universitaire de Lille relève, cependant, les limites de l'étude : "L'Islande est un pays où ses 200.000 habitants sont familialement reliés. C'est une société génétique particulière." D'ailleurs, dans d'autres échantillons de populations scandinaves, la mutation génétique s'est avérée n'être présente que chez environ 0,5% de la population. Les scanners des échantillons de la population nord-américaine, quant à eux, montrent que la mutation apparaît dans seulement 4 chromosomes sur 49.000. Un nouvel espoir de médicament anti-Alzheimer Malgré les nombreuses recherches effectuées, c'est la première fois qu'un facteur génétique a été identifié comme protégeant très fortement contre Alzheimer. Ceci suggère ainsi que bloquer la digestion enzymatique de l'APP pourrait aussi être efficace en utilisant d'autres moyens, comme un traitement médicamenteux. Et, plus généralement, cela nous en dit un peu plus sur la relation à l'âge du déclin cognitif. Le docteur David Altshuler, un expert en génomique de la Harvard Medical School, du Broad Institute of Harvard et de la MIT (Massachusetts Institute of Technology), a déclaré à propos de l'étude qu'elle "fournit des preuves évidentes que cela pourrait marcher chez la population en général si on le fait bien". Pour John Hardy, un expert d'Alzheimer du University College London (UCL) et découvreur de la première mutation génétique responsable d'Alzheimer : "Les statistiques et les résultats sont à peu près sûrs." Les médicaments contre Alzheimer mis au point jusqu'ici n'ont pas totalement convaincus. Certains étaient même défectueux ou avaient des effets secondaires graves, d'après Rudolph Tanzi, neurologiste à la Harvard Medical School. Si une nouvelle vague de résultats cliniques devraient arriver cet automne, le docteur Robert Green, directeur associé de médecine au département de la génétique à la Harvard Medical School et au Brigham and Women's Hospital estime pour sa part qu'un médicament anti-Alzheimer réellement efficace et sans effet secondaire "va prendre des années" à être mis sur le marché. Cependant, l'étude sur la population islandaise ouvre de nouvelles pistes. Le médicament "idéal" pourrait être pris en prévention par tout le monde. Les personnes présentant le plus de risque d'être un jour atteintes d'Alzheimer le commenceraient simplement plus tôt que les autres.