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L'ère du «m'as-tu-vu !»
L'Ansej, la fripe et la frime
Publié dans Le Midi Libre le 17 - 02 - 2013

Lorsqu'on est jeune et qu'on fréquente des lieux branchés on se doit d'être au top. C'est un peu la formule de : « Je ne travaille pas encore, mais, en bricolant à droite à gauche, je parviens à me payer quelques articles de luxe. »
Lorsqu'on est jeune et qu'on fréquente des lieux branchés on se doit d'être au top. C'est un peu la formule de : « Je ne travaille pas encore, mais, en bricolant à droite à gauche, je parviens à me payer quelques articles de luxe. »
Mourad, 22 ans, a déposé une demande auprès de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) pour ouvrir un dégraissage. Son but - inavoué -récupérer l'argent et « acheter » un visa pour quitter l'Algérie. De l'argent pour les jeunes, il y en a, surtout depuis que le président Bouteflika a ordonné de prendre plusieurs mesures pour faciliter les micro-investissements : plafond du crédit sans intérêts revu à la hausse, extension des exonérations fiscales ou encore rééchelonnement dans le remboursement des crédits. «Vous savez, les jeunes profitent des dernières mesures prises par l'Etat pour se remplir les poches, avoue un haut responsable de l'Ansej, Rares sont les projets qui vont aboutir. La seule motivation des jeunes, c'est de décrocher le crédit bancaire pour partir à l'étranger. » Rami, 27 ans, nous avoue : « Je veux m'acheter une voiture et me payer un voyage. Je vais bientôt recevoir mon crédit...» « Les crédits, octroyés chaque année dans le cadre de l'Ansej, sont estimés à plus de 2.400 milliards de dinars pour ne rien créer », estiment de nombreux experts.
Location de voitures, le nouvel éldorado...
Les candidats de l'Ansej doivent négocier directement avec les fournisseurs qui leur signent les factures pro forma nécessaires pour la constitution de leurs dossiers. Ces fournisseurs sont généralement des petits commerçants. Une fois le chèque encaissé par le fournisseur – la banque paie le fournisseur et non le candidat – une partie du matériel commandé est livrée pendant que le reste est restitué sous forme d'espèces. Par exemple, un candidat fait une liste d'achats pour le lancement de sa pâtisserie : un frigo, des appareils électroménagers, un four, etc. Une fois la transaction effectuée, il récupère chez son fournisseur les appareils électroménagers et le frigo (des marchandises qu'il peut facilement écouler sur le marché), tandis que le prix du four sera récupéré en espèces. Le fournisseur, lui, prend le soin de majorer les prix.
Depuis, plusieurs commerçants, versés dans l'informel, flairant les bonnes affaires, se sont mêlés à ce très juteux business en se servant des candidats au crédit Ansej. Le nouveau créneau qui fait courir est la création d'entreprises de location de voitures ! Les succursales Ansej sont prises d'assaut au quotidien, avec des scènes de bousculades. Mêmes dossiers, mêmes motivations : la création d'une agence de location de voitures. « Je veux mon agence comme tout le monde. Presque tous mes amis ont bénéficié de crédits Ansej pour lancer leur business », explique Sofiane. La mode n'est donc plus aux taxiphones et kiosques multiservices. « Les jeunes veulent frimer. D'une pierre deux coups, ils ouvrent une agence et friment avec une berline grâce à l'aide de l'Etat », commente un haut responsable.
Frime et exhibition de muscles sur les plages
Avant l'arrivée de la saison estivale au programme, bodybuilding au quotidien, régime alimentaire drastique et extinction des feux à 21h. Non, il ne s'agit pas là de se préparer aux Jeux olympiques, mais juste pour le défilé masculin de la frime. Les poseurs ne lésinent pas sur les moyens. À l'approche de la belle saison, ils se ruent sur les accessoires du parfait fanfaron. C'est à qui sera le plus beau, le plus fort et le plus branché. Rien n'est trop cher. Short de surfer, lunettes de soleil, tongs, casquette, cabas, maillot, tapis de plage de grandes marques... c'est la panoplie du parfait frimeur qui a l'intime conviction de faire des ravages sur les plages avec son look chic et branché. Se pavaner au bord de la plage ou de la piscine avec des accessoires hyper tendance, c'est grisant pour l'égo. Partisan du «m'as-tu-vu» il a trouvé le parfait attirail, sa devise est : jamais d'articles bas de gamme. Il ne se suffit pas de produits
contrefaits, il n'hésite pas à casser sa tirelire. Avoir l'allure d'un George Clooney ou d'un Robert Pattinson nécessite un budget XXL.
C'est seulement à ce prix-là que les filles tomberont comme des mouches, pense-t-il. En tout cas, le sieur, tout en sueur sur son tapis de plage attend gentiment sa proie. Même ceux que la nature n'a pas gâtés ne baissent pas les bras pour autant et choisissent avec soin la parfaite panoplie du vacancier. Du haut de ses 158 centimètres, Amine, 26 ans, est le plus petit de son groupe de potes. Cependant, il peut s'enorgueillir d'être le plus branché, le plus « stylé », comme il dit. « Entre casquette, short, lunettes de soleil, serviette et cabas, j'ai dû casquer plus de 70.000 DA. Aucun article chinois ne se posera jamais sur ma peau. Les marques ça coûte les yeux de la tête mais ça fait trop « hata » sur la plage. On en met plein la vue aux filles qui n'arrêtent pas de me mater ! » glousse-t-il. Pour parader sur la plage, les crâneurs aiment avoir toutes les cartes en main. « Chaque année, juste avant l'été, je m'inscris dans une salle de fitness pour effacer les bourrelets accumulées durant l'hiver, tonifier mes muscles et redessiner ma silhouette », nous avoue Salim. « Je sais que c'est encore tôt mais je préfère commencer à prendre les choses en main dès maintenant. Je dépense beaucoup d'argent pour acheter des accessoires de plage de qualité, made in. Dernièrement, je me suis offert un short et des lunettes de soleil qui m'ont coûté un bras. Mais lorsqu'on veut séduire et être à son avantage, on ne compte pas, n'est ce pas ? » lâche-t-il.
S'habiller à la mode
à n'importe quel prix !
Les femmes, coquettes et élégantes se pavanent, un sac «griffé» en bandoulière, arborant un chemisier, une jupe et des sous-vêtements de haute couture. Les hommes friment avec des jeans et des baskets de marque. Les Algériens même s'ils ont une aversion contre la friperie y ont parfois recours pour trouver l'article griffé qui leur permettra d'être dans l'air du temps. Le commerce de la friperie, destiné initialement à une frange démunie de la société, est aussi vieux que la misère elle-même et a fini par interesser toutes les couches de la société même les plus nanties. Fini donc, le lustre d'antan quand beaucoup d'Algériens traversaient la Méditerranée pour aller s'habiller. Aujourd ́hui, crise économique aidant, le recours à la friperie est devenu une pratique qui se démocratise et se développe comme opportunité offerte à toutes les bourses, même aisées.
Au-delà de ces faits, tout un commerce, voire une industrie de vêtements d ́occasion s'est structurée, jetant ses tentacules sur des pays sous-développés. Loin d ́être une pratique informelle, les fripiers pratiquent un commerce qui a ses structures et qui ne s'apparente nullement à un commerce au rabais, réservé uniquement à une clientèle précise. Notre pays est devenu un des clients potentiels des différents fournisseurs étrangers qui trouvent là un créneau juteux. La facture est salée pour un produit de collecte, ramassé un peu partout à travers le monde.
Un monde qui se débarrasse de ses détritus en réussissant à les rentabiliser. La preuve est que près de 30.000 tonnes d'articles de friperie ont été importés en 2008 représentant un peu plus de 13 millions de dollars. Les magasins de friperie sont un peu partout, mais les plus présents restent ceux de Tébessa, d'El Ayoun, Bir el-Ater et Bouchebka où se trouvent de véritables usines de tri et d'emballage sous presse mécanique. Trois choix existent, le premier produit, appelé «A», est le premier choix et la balle coûte entre 10.000 et 20.000 DA. Le deuxième choix «B» coûte 2.500 à 4.500 DA et enfin le troisième choix «C» coûte à peine 1.000 DA. Les sous-vêtements, plus connus sous l'appellation « Silk Ehumage » sont proposés en balle de 35 kg. Il faut dire que les petits prix affichés par les revendeurs de ces vêtements usagés sont une invite aux pères de famille. Il est aisé d'habiller sa famille, à commencer par les enfants. Le secret réside en fait dans les prix d ́achat en gros. Le kilogramme est vendu entre 0,80 euro et 1,10 euro, le tout emballé dans des balles étanches de 45 ou 55 kg selon l'exigence du client. Le recours aux presses rend le travail plus efficace et facilite le transport. Les plus heureux sont ceux qui parviennent à dénicher un vêtement « griffé», ce n'est pas chose courante et il faut compter sur la sympathie du vendeur pour pouvoir y accéder à moindre coût. La clientèle est plutôt hétéroclite. Aisée, désœeuvrée, fonctionnaires, femmes et hommes, tout le monde se côtoie en ces magasins.
La jet-set... en Algérie, un monde bien à part !
Le pays, marqué par une décennie de guerre civile sanglante et boudé par les touristes occidentaux, ne regorge pas de hauts lieux pour « faire la fête ». Mais ce ne sont pas les riches qui manquent. Rejetons de familles aisées, enfants de la nomenklatura, jeunes entrepreneurs, importateurs ayant profité de l'ouverture économique amorcée au début des années 90. L'Algérie compterait aujourd'hui quelque 46.000 milliardaires en dinars (1 milliard de dinars équivaut à 10,5 millions d'euros), selon des statistiques fournies l'année dernière par le quotidien arabophone Echourouk.
Une nouvelle génération de riches a vu le jour au cours des vingt dernières années. Et elle entend bien en profiter. à Alger, les boîtes de nuit ne sont pas légion. On les trouve dans les grands hôtels de la capitale, dans ces lieux pris d'assaut le week-end, les consommations peuvent aller jusqu'à 18.000 dinars : un petit luxe qui n'est pas à la portée de toutes les bourses, mais qui peine à satisfaire les plus aisés. « Les vrais riches vont ailleurs, explique Yacine C., un habitué de ces endroits, ils préfèrent les villes étrangères où ils ont la certitude de pouvoir s'amuser dans un total anonymat. » Les noceurs fortunés s'envolent donc vers Marrakech, Casablanca, Monaco, Ibiza, Beyrouth, Barcelone ou Dubaï. L'étalage de richesses se résume toutefois en villas avec piscine, voitures rutilantes, yachts, jet-skis...
L'argent permet tout. Le marché des voitures de luxe a explosé, et les concessionnaires automobiles commercialisent sans peine des voitures à 9 millions de dinars. Celui des piscines, spas et autres jacuzzis n'est pas en reste. On recense plus d'une vingtaine d'entreprises spécialisées dans ce secteur, totalement inexistant il y a vingt ans.
Une entreprise de construction de piscines, installée en Algérie depuis 1999, construit en moyenne 300 bassins par an, pour un prix qui oscille entre 3 millions et 5 millions de dinars. cela donne le tournis et mesure surtout la profondeur du fossé s'grandissant chaque jour entre la masse laborieuse et la jet-set.
Mourad, 22 ans, a déposé une demande auprès de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej) pour ouvrir un dégraissage. Son but - inavoué -récupérer l'argent et « acheter » un visa pour quitter l'Algérie. De l'argent pour les jeunes, il y en a, surtout depuis que le président Bouteflika a ordonné de prendre plusieurs mesures pour faciliter les micro-investissements : plafond du crédit sans intérêts revu à la hausse, extension des exonérations fiscales ou encore rééchelonnement dans le remboursement des crédits. «Vous savez, les jeunes profitent des dernières mesures prises par l'Etat pour se remplir les poches, avoue un haut responsable de l'Ansej, Rares sont les projets qui vont aboutir. La seule motivation des jeunes, c'est de décrocher le crédit bancaire pour partir à l'étranger. » Rami, 27 ans, nous avoue : « Je veux m'acheter une voiture et me payer un voyage. Je vais bientôt recevoir mon crédit...» « Les crédits, octroyés chaque année dans le cadre de l'Ansej, sont estimés à plus de 2.400 milliards de dinars pour ne rien créer », estiment de nombreux experts.
Location de voitures, le nouvel éldorado...
Les candidats de l'Ansej doivent négocier directement avec les fournisseurs qui leur signent les factures pro forma nécessaires pour la constitution de leurs dossiers. Ces fournisseurs sont généralement des petits commerçants. Une fois le chèque encaissé par le fournisseur – la banque paie le fournisseur et non le candidat – une partie du matériel commandé est livrée pendant que le reste est restitué sous forme d'espèces. Par exemple, un candidat fait une liste d'achats pour le lancement de sa pâtisserie : un frigo, des appareils électroménagers, un four, etc. Une fois la transaction effectuée, il récupère chez son fournisseur les appareils électroménagers et le frigo (des marchandises qu'il peut facilement écouler sur le marché), tandis que le prix du four sera récupéré en espèces. Le fournisseur, lui, prend le soin de majorer les prix.
Depuis, plusieurs commerçants, versés dans l'informel, flairant les bonnes affaires, se sont mêlés à ce très juteux business en se servant des candidats au crédit Ansej. Le nouveau créneau qui fait courir est la création d'entreprises de location de voitures ! Les succursales Ansej sont prises d'assaut au quotidien, avec des scènes de bousculades. Mêmes dossiers, mêmes motivations : la création d'une agence de location de voitures. « Je veux mon agence comme tout le monde. Presque tous mes amis ont bénéficié de crédits Ansej pour lancer leur business », explique Sofiane. La mode n'est donc plus aux taxiphones et kiosques multiservices. « Les jeunes veulent frimer. D'une pierre deux coups, ils ouvrent une agence et friment avec une berline grâce à l'aide de l'Etat », commente un haut responsable.
Frime et exhibition de muscles sur les plages
Avant l'arrivée de la saison estivale au programme, bodybuilding au quotidien, régime alimentaire drastique et extinction des feux à 21h. Non, il ne s'agit pas là de se préparer aux Jeux olympiques, mais juste pour le défilé masculin de la frime. Les poseurs ne lésinent pas sur les moyens. À l'approche de la belle saison, ils se ruent sur les accessoires du parfait fanfaron. C'est à qui sera le plus beau, le plus fort et le plus branché. Rien n'est trop cher. Short de surfer, lunettes de soleil, tongs, casquette, cabas, maillot, tapis de plage de grandes marques... c'est la panoplie du parfait frimeur qui a l'intime conviction de faire des ravages sur les plages avec son look chic et branché. Se pavaner au bord de la plage ou de la piscine avec des accessoires hyper tendance, c'est grisant pour l'égo. Partisan du «m'as-tu-vu» il a trouvé le parfait attirail, sa devise est : jamais d'articles bas de gamme. Il ne se suffit pas de produits
contrefaits, il n'hésite pas à casser sa tirelire. Avoir l'allure d'un George Clooney ou d'un Robert Pattinson nécessite un budget XXL.
C'est seulement à ce prix-là que les filles tomberont comme des mouches, pense-t-il. En tout cas, le sieur, tout en sueur sur son tapis de plage attend gentiment sa proie. Même ceux que la nature n'a pas gâtés ne baissent pas les bras pour autant et choisissent avec soin la parfaite panoplie du vacancier. Du haut de ses 158 centimètres, Amine, 26 ans, est le plus petit de son groupe de potes. Cependant, il peut s'enorgueillir d'être le plus branché, le plus « stylé », comme il dit. « Entre casquette, short, lunettes de soleil, serviette et cabas, j'ai dû casquer plus de 70.000 DA. Aucun article chinois ne se posera jamais sur ma peau. Les marques ça coûte les yeux de la tête mais ça fait trop « hata » sur la plage. On en met plein la vue aux filles qui n'arrêtent pas de me mater ! » glousse-t-il. Pour parader sur la plage, les crâneurs aiment avoir toutes les cartes en main. « Chaque année, juste avant l'été, je m'inscris dans une salle de fitness pour effacer les bourrelets accumulées durant l'hiver, tonifier mes muscles et redessiner ma silhouette », nous avoue Salim. « Je sais que c'est encore tôt mais je préfère commencer à prendre les choses en main dès maintenant. Je dépense beaucoup d'argent pour acheter des accessoires de plage de qualité, made in. Dernièrement, je me suis offert un short et des lunettes de soleil qui m'ont coûté un bras. Mais lorsqu'on veut séduire et être à son avantage, on ne compte pas, n'est ce pas ? » lâche-t-il.
S'habiller à la mode
à n'importe quel prix !
Les femmes, coquettes et élégantes se pavanent, un sac «griffé» en bandoulière, arborant un chemisier, une jupe et des sous-vêtements de haute couture. Les hommes friment avec des jeans et des baskets de marque. Les Algériens même s'ils ont une aversion contre la friperie y ont parfois recours pour trouver l'article griffé qui leur permettra d'être dans l'air du temps. Le commerce de la friperie, destiné initialement à une frange démunie de la société, est aussi vieux que la misère elle-même et a fini par interesser toutes les couches de la société même les plus nanties. Fini donc, le lustre d'antan quand beaucoup d'Algériens traversaient la Méditerranée pour aller s'habiller. Aujourd ́hui, crise économique aidant, le recours à la friperie est devenu une pratique qui se démocratise et se développe comme opportunité offerte à toutes les bourses, même aisées.
Au-delà de ces faits, tout un commerce, voire une industrie de vêtements d ́occasion s'est structurée, jetant ses tentacules sur des pays sous-développés. Loin d ́être une pratique informelle, les fripiers pratiquent un commerce qui a ses structures et qui ne s'apparente nullement à un commerce au rabais, réservé uniquement à une clientèle précise. Notre pays est devenu un des clients potentiels des différents fournisseurs étrangers qui trouvent là un créneau juteux. La facture est salée pour un produit de collecte, ramassé un peu partout à travers le monde.
Un monde qui se débarrasse de ses détritus en réussissant à les rentabiliser. La preuve est que près de 30.000 tonnes d'articles de friperie ont été importés en 2008 représentant un peu plus de 13 millions de dollars. Les magasins de friperie sont un peu partout, mais les plus présents restent ceux de Tébessa, d'El Ayoun, Bir el-Ater et Bouchebka où se trouvent de véritables usines de tri et d'emballage sous presse mécanique. Trois choix existent, le premier produit, appelé «A», est le premier choix et la balle coûte entre 10.000 et 20.000 DA. Le deuxième choix «B» coûte 2.500 à 4.500 DA et enfin le troisième choix «C» coûte à peine 1.000 DA. Les sous-vêtements, plus connus sous l'appellation « Silk Ehumage » sont proposés en balle de 35 kg. Il faut dire que les petits prix affichés par les revendeurs de ces vêtements usagés sont une invite aux pères de famille. Il est aisé d'habiller sa famille, à commencer par les enfants. Le secret réside en fait dans les prix d ́achat en gros. Le kilogramme est vendu entre 0,80 euro et 1,10 euro, le tout emballé dans des balles étanches de 45 ou 55 kg selon l'exigence du client. Le recours aux presses rend le travail plus efficace et facilite le transport. Les plus heureux sont ceux qui parviennent à dénicher un vêtement « griffé», ce n'est pas chose courante et il faut compter sur la sympathie du vendeur pour pouvoir y accéder à moindre coût. La clientèle est plutôt hétéroclite. Aisée, désœeuvrée, fonctionnaires, femmes et hommes, tout le monde se côtoie en ces magasins.
La jet-set... en Algérie, un monde bien à part !
Le pays, marqué par une décennie de guerre civile sanglante et boudé par les touristes occidentaux, ne regorge pas de hauts lieux pour « faire la fête ». Mais ce ne sont pas les riches qui manquent. Rejetons de familles aisées, enfants de la nomenklatura, jeunes entrepreneurs, importateurs ayant profité de l'ouverture économique amorcée au début des années 90. L'Algérie compterait aujourd'hui quelque 46.000 milliardaires en dinars (1 milliard de dinars équivaut à 10,5 millions d'euros), selon des statistiques fournies l'année dernière par le quotidien arabophone Echourouk.
Une nouvelle génération de riches a vu le jour au cours des vingt dernières années. Et elle entend bien en profiter. à Alger, les boîtes de nuit ne sont pas légion. On les trouve dans les grands hôtels de la capitale, dans ces lieux pris d'assaut le week-end, les consommations peuvent aller jusqu'à 18.000 dinars : un petit luxe qui n'est pas à la portée de toutes les bourses, mais qui peine à satisfaire les plus aisés. « Les vrais riches vont ailleurs, explique Yacine C., un habitué de ces endroits, ils préfèrent les villes étrangères où ils ont la certitude de pouvoir s'amuser dans un total anonymat. » Les noceurs fortunés s'envolent donc vers Marrakech, Casablanca, Monaco, Ibiza, Beyrouth, Barcelone ou Dubaï. L'étalage de richesses se résume toutefois en villas avec piscine, voitures rutilantes, yachts, jet-skis...
L'argent permet tout. Le marché des voitures de luxe a explosé, et les concessionnaires automobiles commercialisent sans peine des voitures à 9 millions de dinars. Celui des piscines, spas et autres jacuzzis n'est pas en reste. On recense plus d'une vingtaine d'entreprises spécialisées dans ce secteur, totalement inexistant il y a vingt ans.
Une entreprise de construction de piscines, installée en Algérie depuis 1999, construit en moyenne 300 bassins par an, pour un prix qui oscille entre 3 millions et 5 millions de dinars. cela donne le tournis et mesure surtout la profondeur du fossé s'grandissant chaque jour entre la masse laborieuse et la jet-set.


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