Le principal clivage est celui qui oppose le Qatar, principal parrain des Frères musulmans à l'Arabie saoudite, meilleur allié des militaires égyptiens depuis la destitution du président Mohamed Morsi, le 3 juillet. Le principal clivage est celui qui oppose le Qatar, principal parrain des Frères musulmans à l'Arabie saoudite, meilleur allié des militaires égyptiens depuis la destitution du président Mohamed Morsi, le 3 juillet. Tandis que Laurent Fabius recevait au quai d'Orsay son homologue du Qatar, François Hollande s'est entretenu avec le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal. Mais à Paris comme au Proche-Orient, le différend reste entier entre Doha et Riyad. Tandis que le Qatari Khaled Ben Mohammed Al-Attiya a insisté sur la "libération des prisonniers politiques (Frères musulmans)", le Saoudien s'est attardé sur "les violences" causées par les manifestants islamistes. Le coup d'Etat du 3 juillet en Egypte et, plus encore, la sanglante répression des rassemblements pro-Morsi ont entraîné une vaste reconfiguration diplomatique au Proche-Orient, dont le principal perdant est le Qatar, qui a hébergé, encouragé et financé les différentes branches des Frères musulmans, de l'Egypte à la Tunisie, en passant par la Libye, le Hamas dans la bande de Gaza et en Syrie, où la confrérie a dominé jusqu'à récemment les instances de représentation de l'opposition. Critiqué de toutes parts pour son agressivité et pour la couverture biaisée de sa chaîne de télévision Al-Jazira, le Qatar, qui se voyait,il y a un an, en nouveau phare du monde arabe sunnite, est en recul partout. Pressentant peut-être ces revers, l'émir Hamad Ben Khalifa Al-Thani a passé la main à son fils Tamim, réputé plus prudent, le 25 juin. Depuis, le Qatar a mis en sourdine son soutien à la confrérie. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui se présente comme un modèle de réussite de l'islam politique au pouvoir, est l'autre grand perdant des événements en cours. Lui-même en butte à une contestation intérieure et toujours méfiant envers l'armée, il a été le plus virulent dans sa dénonciation de la répression en Egypte, allant jusqu'à rappeler son ambassadeur. Le Hamas palestinien, qui a perdu un allié de poids, est particulièrement isolé aujourd'hui. Le Soudan, dirigé par une junte islamiste, est aussi à ranger dans le camp des pro-Morsi. A l'inverse, l'Arabie saoudite, qui voyait dans l'arrivée au pouvoir des Frères musulmans un défi sérieux à sa suprématie dans le monde sunnite, se réjouit ouvertement. Après avoir été longtemps son protecteur, Riyad a rompu avec la confrérie lorsqu'elle a pris le parti de Saddam Hussein au moment de l'invasion du Koweït en 1990. Le roi Abdallah a apporté, vendredi, son soutien au peuple égyptien dans "sa courageuse lutte contre le terrorisme". Le royaume saoudien, tout comme la Jordanie du roi Abdallah, n'a jamais vu d'un bon oeil les révolutions arabes, ni les processus démocratiques en cours. Le soutien de Damas Appuyant partout ou ils le peuvent les militaires et les salafistes, ennemis et concurrents des Frères, les dirigeants saoudiens ont promis 5 milliards de dollars au gouvernement égyptien (12 milliards au total avec les apports des Emirats arabes unis et du Koweït). Parallèlement, Riyad est en train de faire main basse sur la Coalition nationale syrienne, la principale plate-forme de l'opposition, au détriment du Qatar. De manière plus inattendue, le régime syrien, ennemi de l'Arabie saoudite et du Qatar, se félicite de voir le gouvernement égyptien user de la même rhétorique "antiterroriste" envers les Frères musulmans que la sienne, depuis le début du soulèvement en mars 2011. Surtout, la tardive rupture des relations diplomatiques avec Damas et l'appel au djihad contre le régime Assad lancé par Mohamed Morsi ont braqué ses successeurs contre la rébellion syrienne. La volte-face égyptienne est symbolisée par la virulente campagne contre les réfugiés syriens et palestiniens dans les médias proches du pouvoir. Alors qu'en toute logique, l'Iran, principal parrain régional de la Syrie, devrait se réjouir d'une telle évolution, il a réprouvé le massacre de la mosquée Rabiya Al-Adawiya, au nom de la solidarité entre "régimes islamiques". Mohamed Morsi avait en effet été le premier dirigeant égyptien à se rendre à Téhéran depuis 1979. Au Maghreb enfin, le parti islamiste tunisien Ennahda, au pouvoir, est gagné par la peur de voir le scénario égyptien se répéter alors que la crise ouverte par l'assassinat du député Mohamed Brahmi, le 25 juillet, perdure. Les islamistes tunisiens ont accepté dimanche soir un dialogue avec leurs opposants. A l'inverse, l'Algérie, qui avait mis fin à un processus électoral remporté par les islamistes du FIS en janvier 1992 au prix d'une décennie de guerre civile, se réjouit de voir l'Egypte mettre un coup d'arrêt au printemps arabe, assimilé à une déferlante islamiste. La Libye, en proie a des troubles endémiques, n'a pas pris de position, mais un attentat non revendiqué a visé samedi le consulat égyptien de Benghazi, sans faire de victime. Quant au Maroc, il est déchiré entre le palais, discrètement satisfait de voir les Frères musulmans muselés, et le gouvernement dirigé par le Parti justice et développement, proche de la confrérie. Dimanche, 10.000 personnes ont manifesté à Rabat "contre la répression de l'armée" égyptienne, à l'appel des islamistes. Tandis que Laurent Fabius recevait au quai d'Orsay son homologue du Qatar, François Hollande s'est entretenu avec le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud Al-Fayçal. Mais à Paris comme au Proche-Orient, le différend reste entier entre Doha et Riyad. Tandis que le Qatari Khaled Ben Mohammed Al-Attiya a insisté sur la "libération des prisonniers politiques (Frères musulmans)", le Saoudien s'est attardé sur "les violences" causées par les manifestants islamistes. Le coup d'Etat du 3 juillet en Egypte et, plus encore, la sanglante répression des rassemblements pro-Morsi ont entraîné une vaste reconfiguration diplomatique au Proche-Orient, dont le principal perdant est le Qatar, qui a hébergé, encouragé et financé les différentes branches des Frères musulmans, de l'Egypte à la Tunisie, en passant par la Libye, le Hamas dans la bande de Gaza et en Syrie, où la confrérie a dominé jusqu'à récemment les instances de représentation de l'opposition. Critiqué de toutes parts pour son agressivité et pour la couverture biaisée de sa chaîne de télévision Al-Jazira, le Qatar, qui se voyait,il y a un an, en nouveau phare du monde arabe sunnite, est en recul partout. Pressentant peut-être ces revers, l'émir Hamad Ben Khalifa Al-Thani a passé la main à son fils Tamim, réputé plus prudent, le 25 juin. Depuis, le Qatar a mis en sourdine son soutien à la confrérie. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui se présente comme un modèle de réussite de l'islam politique au pouvoir, est l'autre grand perdant des événements en cours. Lui-même en butte à une contestation intérieure et toujours méfiant envers l'armée, il a été le plus virulent dans sa dénonciation de la répression en Egypte, allant jusqu'à rappeler son ambassadeur. Le Hamas palestinien, qui a perdu un allié de poids, est particulièrement isolé aujourd'hui. Le Soudan, dirigé par une junte islamiste, est aussi à ranger dans le camp des pro-Morsi. A l'inverse, l'Arabie saoudite, qui voyait dans l'arrivée au pouvoir des Frères musulmans un défi sérieux à sa suprématie dans le monde sunnite, se réjouit ouvertement. Après avoir été longtemps son protecteur, Riyad a rompu avec la confrérie lorsqu'elle a pris le parti de Saddam Hussein au moment de l'invasion du Koweït en 1990. Le roi Abdallah a apporté, vendredi, son soutien au peuple égyptien dans "sa courageuse lutte contre le terrorisme". Le royaume saoudien, tout comme la Jordanie du roi Abdallah, n'a jamais vu d'un bon oeil les révolutions arabes, ni les processus démocratiques en cours. Le soutien de Damas Appuyant partout ou ils le peuvent les militaires et les salafistes, ennemis et concurrents des Frères, les dirigeants saoudiens ont promis 5 milliards de dollars au gouvernement égyptien (12 milliards au total avec les apports des Emirats arabes unis et du Koweït). Parallèlement, Riyad est en train de faire main basse sur la Coalition nationale syrienne, la principale plate-forme de l'opposition, au détriment du Qatar. De manière plus inattendue, le régime syrien, ennemi de l'Arabie saoudite et du Qatar, se félicite de voir le gouvernement égyptien user de la même rhétorique "antiterroriste" envers les Frères musulmans que la sienne, depuis le début du soulèvement en mars 2011. Surtout, la tardive rupture des relations diplomatiques avec Damas et l'appel au djihad contre le régime Assad lancé par Mohamed Morsi ont braqué ses successeurs contre la rébellion syrienne. La volte-face égyptienne est symbolisée par la virulente campagne contre les réfugiés syriens et palestiniens dans les médias proches du pouvoir. Alors qu'en toute logique, l'Iran, principal parrain régional de la Syrie, devrait se réjouir d'une telle évolution, il a réprouvé le massacre de la mosquée Rabiya Al-Adawiya, au nom de la solidarité entre "régimes islamiques". Mohamed Morsi avait en effet été le premier dirigeant égyptien à se rendre à Téhéran depuis 1979. Au Maghreb enfin, le parti islamiste tunisien Ennahda, au pouvoir, est gagné par la peur de voir le scénario égyptien se répéter alors que la crise ouverte par l'assassinat du député Mohamed Brahmi, le 25 juillet, perdure. Les islamistes tunisiens ont accepté dimanche soir un dialogue avec leurs opposants. A l'inverse, l'Algérie, qui avait mis fin à un processus électoral remporté par les islamistes du FIS en janvier 1992 au prix d'une décennie de guerre civile, se réjouit de voir l'Egypte mettre un coup d'arrêt au printemps arabe, assimilé à une déferlante islamiste. La Libye, en proie a des troubles endémiques, n'a pas pris de position, mais un attentat non revendiqué a visé samedi le consulat égyptien de Benghazi, sans faire de victime. Quant au Maroc, il est déchiré entre le palais, discrètement satisfait de voir les Frères musulmans muselés, et le gouvernement dirigé par le Parti justice et développement, proche de la confrérie. Dimanche, 10.000 personnes ont manifesté à Rabat "contre la répression de l'armée" égyptienne, à l'appel des islamistes.