Le président de la République, M.Abdelmadjid Tebboune, a affirmé avant-hier, que le Hirak, dont le premier anniversaire sera célébré vendredi par les Algériens, est un "phénomène salutaire", mettant en garde contre "toute tentative d'infiltration, quelle soit de l'intérieur ou de l'extérieur". Le président de la République, M.Abdelmadjid Tebboune, a affirmé avant-hier, que le Hirak, dont le premier anniversaire sera célébré vendredi par les Algériens, est un "phénomène salutaire", mettant en garde contre "toute tentative d'infiltration, quelle soit de l'intérieur ou de l'extérieur". Lors de sa rencontre périodique avec les médias nationaux, le président Tebboune a indiqué avoir signé "un décret consacrant le 22 Février, comme Journée nationale sous la dénomination de +Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie+", précisant que "cette Journée nationale, dont le décret présidentiel sera publié au Journal officiel, sera célébrée tous les ans". "Le Hirak béni a préservé le pays d'un effondrement total" Tebboune a déclaré, que "l'Etat national a failli s'effondrer totalement, comme ce fut le cas dans certains pays, aujourd'hui, en quête de médiations pour le règlement de leurs problèmes". "L'effondrement de l'Etat national estsynonyme de l'effondrement de toutes ses institutions, et toutes les données laissaient présager un tel scénario", a faitsavoir le président de la République, ajoutant que "Dieu merci, le peuple a, grâce àsa maturité, déjoué le complot tout en réussissant à réaliser plusieurs de ses revendications". Pour le reste des revendications du Hirak, "nous nous y attelons, car je me suis engagé personnellement à réaliser l'ensemble des revendications", a poursuivi le président Tebboune. "Certaines revendications exprimées auparavant ne pouvaient être satisfaites par quelqu'un de non élu, et n'ayant pas le pouvoir et la légitimité requises" a-t-il expliqué, assurant qu'"aujourd'hui, nous oeuvrons à leur concrétisation, à commencer par la Constitution, la loi électorale et la réorganisation des institutions que nous nous efforçons de rendre de proximité, permettant au citoyen d'y participer en tant que partie prenante, à la réflexion, à la solution, à la gestion et au contrôle", a-til dit. Tebboune a rappelé l'impératif souligné, lors de la rencontre gouvernement-walis, d'"un changement du mode de gestion et de l'amélioration de la relation avec lecitoyen, pour qu'il n'ait plus la piteuse image qu'il avait de l'Etat, qui en fait était très loin de ses préoccupations". A une question sur les citoyens qui continuent de participer chaque semaine au Hirak, le président de la République a soutenu, que "c'est leur droit, et c'est là le fondement même de la démocratie, a fortiori lorsqu'il s'agit de personnes manifestant de manière organisée, sans destruction, ni troubles". "Le Hirak est un phénomène salutaire, et je n'ai rien à lui reprocher", a réitéré le président Tebboune, ajoutant que ce mouvement populaire "a épargné au pays une catastrophe, et sans lui, des offices seraient, aujourd'hui, en cours pour régler la crise en Algérie comme c'est le cas en Libye". A ce propos, le président de la République a ajouté, "j'appelle mes enfants, qui manifestent le vendredi, à la vigilance contre l'infiltration de leur mouvement, car il y a des signes d'infiltration, tant de l'intérieur que de l'extérieur". A une question sur la coïncidence du premier anniversaire du Hirak populaire avec des mouvements de protestation dans certains secteurs, le président de la République a affirmé, que "la succession des grèves dans des secteurs importants à un timing précis, n'est ni un phénomène sain, ni une pratique syndicale". Grève de l'éducation Tebboune a dit, "je n'ai eu de cesse d'exprimer ma considération et mon respect pour les enseignants, notamment durant ma campagne électorale", ajoutant avoir "demandé la révision de tout ce qui a trait aux enseignants pour leur accorder la place qui leur sied dans la société". Cependant, a-t-il estimé "l'annonce d'une grève nationale, alors que le gouvernement n'était même pas installé et n'avait pas encore le feu vert du Parlement, n'est pas la solution au problème, qui exige du temps et des moyens matériels, financiers et organisationnels". L'école "souffre déjà et n'a pas encore réglé les problèmes de restauration, de transport scolaire et de chauffage", a dit le président Tebboune, affirmant que ces grèves "ne sont pas innocentes". Evoquant des grèves qui "ternissent l'image du pays, nuisent aux citoyens et entravent leurs affaires", en allusion à la grève du personnel naviguant de la Compagnie aérienne nationale Air Algérie, le président de la République a critiqué "ceux qui déclenchent des grèves par SMS, une demie heure à l'avance", rappelant que la loi exige un préavis et la précision des motifs, afin de favoriser l'ouverture de négociations pour trouver des solutions. A cet effet, M.Tebboune a appelé à "la non dilution du rôle syndical", réaffirmant que "le timing de ces grèves n'est pas innocent. J'ai 50 ans d'expérience dans la gestion et on ne peut pas me convaincre du contraire", a-t-il ajouté. "Celui qui veut les régler, doit prendre l'initiative de trouver les solutions définitives. La grève anarchique est interdite dans certaines infrastructures publiques", a-t-il lancé précisant que "la grève doit être annoncée au préalable, pour permettre aux compagnies aériennes ou aux aéroports, de prendre leurs précautions, comme informer les voyageurs". Le président Tebboune déplore une telle situation qui amène les citoyens, particulièrement les malades, à dormir à même le sol dans les aéroports, suite à l'annulation de leurs vols. S'agissant de la loi sur le régime électoral, devant être révisée, le président Tebboune a précisé, que "l'ambition est l'émergence d'une génération nouvelle, probe et intègre (...) à travers laquelle nous pourrons asseoir une nouvelle scène politique". Il s'est engagé, à ce titre, à apporter son appui aux jeunes universitaires souhaitant participer aux élections par le financement préserver de l'emprise de l'argent". Le Président a rappelé, à cet effet, que la première mouture de la révision constitutionnelle sera distribuée, dès la fin de son élaboration par le Comité d'experts, à quelque 700 syndicats, partis et associations, lesquels apporteront, tout au long d'un mois, leurs propositions en vue d'enrichir le document qui sera de nouveau soumis au Comité de rédaction avant sa présentation au Parlement. A l'interrogation de certains sur "la pertinence" de voter une "nouvelle Constitution qui posera les jalons d'une Algérie nouvelle, par un ancien Parlement", le Président a expliqué que la démarche décidée obéit à des considérations "pédagogiques", afin de "tenir informé tout un chacun, de la dimension des articles de la Constitution, en soumettant ce texte, pour la première fois, à la rue qui a prouvé sa culture, comme en témoigne le civisme du Hirak populaire dans l'expression des revendications". En ce qui concerne ses orientations lors de la rencontre gouvernement-walis, le président de la République a affirmé qu'elles "sont données en connaissance de cause", rappelant avoir passé l'essentiel de sa vie professionnelle dans les Collectivités locales, "c'est à dire, du côté exposé aux problèmes des citoyens dans les villages et les bourgs". "Il y a un arbre qui cache la forêt, à savoir un développement de façade qui occulte la réalité d'autres citoyens", a-t-il déclaré dans ce sens. Estimant que face à cette situation, "il faut traiter les problèmes dont souffre les citoyens dans les zones d'ombre, car autrement ces populations continueraient à se déplacer vers les villes, qui souffrent assez", soulignant que "65% des Algériens vivent dans les villes, contre 35% dans les villages, alors qu'au lendemain de l'indépendance, plus de 65% des Algériens étaient concentrés dans les villages". "L'expansion des villes qui requiert, aujourd'hui, demain et après-demain, des investissements et des ressources financières énormes, s'accompagne inexorablement de la colère des citoyens", a-t-il estimé, citant, à titre d'exemple, "la capitale qui comptait, au lendemain de l'indépendance, 455.000 habitants et qui a vu sa population décuplée, ce qui exige de multiplier par dix les écoles, les logements, les canalisations, les routes..." "Si ce nombre ne cesse d'accroitre, il y aura une autre catastrophe, telle que l'apparition de constructions en périphérie, l'instar du Brésil", a-t-il soutenu. Et d'ajouter, que "la solution c'est le développement de toutes les régions du pays afin de permettre au citoyen de recouvrer sa dignité dans son village et de ne pas être séduit par la ville, car il aura des avantages qui n'existent pas en ville". Plaidant pour la décentralisation, en tant qu'idéologie et stratégie, le président Tebboune a rappelé avoir proposé en 1992, (du temps de feu président Chadli Bendjedid) "la révision de l'organisation des Collectivités locales, y compris le recours à la décentralisation de décision, et non pas la décentralisation de la région", précisant, à ce propos, qu'il existe une différence entre l'organisation régionale et l'organisation décentralisée. Affirmant que la décentralisation "est à même de solutionner plusieurs problèmes", il a évoqué "les délibérations sur un problème local qui se font au niveau de Communes, puis renvoyées à la Daïra et à la Wilaya, voire même au ministère del'Intérieur". A ce titre, le président de la République a estimé que "les 1.541 communes mériteraient un autre découpage, pour en finir avec les situations de cumul" Tous ces facteurs nous amène aujourd'hui à parler de zones d'ombre, a-t-il expliqué, admettant que la vitesse du développement peut laisser des citoyens sur le côté. Les statistiques du développement global donnent une image générale, et ne reflètent pas la réalité des régions internes. C'est comme un corps humain qui, d'apparence, est sain alors que ses organes internes sont atteints. Voilà la différence entre les deux situations, l'idéal c'est de travailler sur les deux, a-t-il expliqué. Soulignant que "dans certains pays développés, aux économies des plus fortes dans le monde, près de 50 millions d'habitants souffrent de pauvreté et sont privés de soins, de scolarité et de commodités de vie digne", il a estimé que l'on ne peut qualifier cela de développement. Dans le même contexte, le président Tebboune a mis l'accent sur la nécessité de "restructurer l'administration et de réhabiliter les Collectivités locales", rappelant que "les Collectivités locales englobent des communes rurales et d'autres urbaines". "Hydra, par exemple, n'est pas Tamantit, Bouhmar ou Yabous...partant, il faut revoir la découpage administratif", a-t-il insisté.concernant la réorganisation des communes pauvres. Sur 1.541 communes, 850 communes sont très pauvres et ne disposent même pas des moyens de recruter,ne serait ce qu'un facteur, par contre, il existe des communes riches à l'instar de Hassi Messaoud, Bab Ezzouar et Arzew, jouissant de ressources importantes grâce à leurs activités industrielles et aux recettes fiscales", a soutenu le Président, relevant que "la Caisse de solidarité et de garantie des Collectivités locales ne suffit plus". Par ailleurs, et à une question sur la manière de rassurer les gestionnaires et surla non criminalisation de l'acte de gestion, le président de la République a indiqué que la gestion n'est pas un acte simple et tout responsable est exposé à l'erreur, néanmoins, a-t-il relevé, "l'erreur peut être spontanée, par incompétence professionnelle ou volontaire, et là, il faut faire la différence entre ces cas. Il y a des responsables qui prennent plus de 30 décisions par jour et, dans ce cas, la probabilité d'une mauvaise décision est fort possible. Dans de tel cas, le gestionnaire ne doit pas être criminalisé mais plutôt sanctionné administrativement. Par contre, celui qui commet une faute volontaire, notamment en matière de marchés publics, là, il faut criminaliser". "Tout ce qui s'est passé dans le pays et tous les fonds colossaux du Trésor public détournés au profit de certaines personnes, l'ont été de façon légale", a déploré le Président, soulignant que "les lois actuelles ne sont pas efficaces en matière de contrôle, d'où l'impératif d'asseoir un autre contrôle". "Tous les marchés, qui ont couté au pays des pertes par des milliers de milliards, sont passés par le contrôle financier et les commissions de marchés publics, mais le résultat est là", a-t-il rappelé. Prônant "une reconsidération des modes de contrôle", le lprésident Tebboune a expliqué, que "l'Algérie se distinguepar le fait que tous les programmes de développement sont réalisés par l'administration et l'argent public". "Alors que le secteur privé représente 80% dans notre économie, 85% des fonds en circulation proviennent du Trésor, car il n'existe pas de banques privées et d'autres modalités de financement", ce qui contribue, a-t-il dit, à "la propagation de la corruption dans tous les secteurs". Dans les pays occidentaux, a-t-il précisé, "le privé est un secteur à part entière, avec des banques privées, des caisses privées et des échanges entre les privés, voire même des conventions entre les privés". "Il n'existe pas de corruption, à l'exception de certains cas de détournement", a-t-il ajouté. "L'Algérie est un chantier ouvert et tous les secteurs doivent être disséqués, au vu des situation de cumul", a réaffirmé M. Tebboune, citant "certains textes réglementaires élaborés dans la précipitation et d'autre ayant mené des personnes innocentes à assumer des fautes de certains corrompus, à travers la généralisation d'une loi qui nuit aux intègres plus qu'aux corrompus". Faisant savoir que les Communes avaient le droit d'obtenir des crédits auprès des banques, le président de la République s'est interrogé sur "le nombre de Présidents ou de Secrétaires généraux d'Assemblés populaires communaux (APC), ayant la capacité de traiter avec les banques, et réaliser des projets fructueux leur permettant de rembourser les crédits et recouvrer des intérêts au profit de l'APC", déplorant que "ces choses restent en théorie seulement". Dans ce sens, le Président a mis l'accent sur l'impérative "restructuration de l'administration et révision de tous les textes", plaidant pour une liberté de décision aux responsables locaux, avec un renforcement du rôle du contrôle. Sur un autre registre, et concernant les bénéficiaires de contrats d'insertion, le président Tebboune a déclaré "nous avons hérité ce dossier et nous devons honorer le serment. Le dossier sera résolu avant la fin de l'année en cours, car cela est une promesse de l'Etat". "La corruption est un cancer" Répondant à une question relative à la réduction de la facture d'importation et auxphénomènes de surfacturation et de corruption, le président Tebboune a déclaré, que "la corruption est un cancer qui, en dépit des traitements, peut cacher plus qu'il n'en apparait", estimant que "la petite corruption nuit davantage au citoyen que la grande corruption n'affecte le Trésor public, car la première touche directement la poche du citoyen, qui souffre déjà de la baisse de son pouvoir d'achat, et qui se trouve contraint de payer pour obtenir ses droits". Quant à la surfacturation, le président de la République a admis que ce phénomène existe également dans d'autres pays ayant ouvert leur économie, "mais pas avec la même ampleur qu'en l'Algérie", soulignant que ce phénomène "a été entretenu durant plus de dix (10) ans, sans que les moyens de contrôle ne soient utilisés". Le président Tebboune a fait état, dans ce sens, de "l'existence de sociétés d'assurances et de bureaux d'études agréés par les Nations unies, auxquels la loi leur permet de contrôler les prix à la source", soulignant avoir voulu appliquer cela en 2017. "C'était là, la décision la plus dangereuse que j'ai eu à prendre, car elle avait déplu à des milieux qui savaient que j'allais découvrir les choses". Concernant la surfacturation toujours, le président Tebboune a déclaré qu'il ne voulait pas "choquer le citoyen", en dévoilant le pourcentage "effarant" de la surfacturation et les montants valeur des fonds "exorbitants" transférés à l'étranger. "Nous pouvons nous protéger de la surfacturation, en sanctionnant immédiatement les importateurs qui surfacturent pour crime économique et non pas les laisser exercer pendant des années avant d'être inquiétés", a-t-il poursuivi. Pour le président de la République, la maitrise de la surfacturation peut faire gagner au pays "entre 20 et 25% de devises fortes (...) sans parler, a-t-il dit, de la qualité des marchandises importées". Rappelant une situation qu'il avait vécu lorsqu'il était ministre du Commerce avec l'apparition de la crise dite de l'ail, il a expliqué que vu les factures "astronomiques" de son importation, il avait demandé à l'ambassadeur de Chine de se renseigner auprès des autorités deson pays, sur les prix réels de ce produit, pour découvrir qu'il existait 7 variétés d'ail, ajoutant que toutes les factures concernant l'Algérie étaient pour la meilleure variété, alors que c'était en fait le dernier choix. Il a affirmé à ce propos, que maitriser la facturation des importations "nécessaires" pouvait nous faire économiser un tiers de nos recettes en devises. Evoquant par ailleurs la promotion de l'investissement, le président Tebboune a fait savoir qu'il avait proposé en 2001, le "guichet unique", mettant l'accent sur "l'obligation d'assurer les moyens de recours, car le capital est lâche par nature". L'investisseur ne peut risquer des milliards de dollars, face à une administration hégémonique, a-t-il poursuivi. Après avoir indiqué qu'il avait sa propre idée de l'investissement qui "doit passer à une nouvelle étape", il a affirmé que l'investissement qui pourrait nous lier à l'étranger éternellement, doit être évité, car ses risques sont plus grands que ses avantages. D'autre part, le président de la République a averti contre toute entrave à un investisseur quelconque dans le domaine de la transformation du produit national, précisant que "des sanctions sévères seront appliquées dans ce sens, car l'objectif actuel est de créer une industrie nationale, avec nos propres moyens pour réduire l'importation". Tous les pays importent, mais de façon rationnelle et leur intérêt national est primordial en matière d'investissement, a-t-il assuré, ajoutant que l'Algérie qui ne permettra pas l'importation de produits fabriqués localement, car cela reviendrait à une mise à mort de sa production nationale, favorise une importation complémentaire à la production nationale. Il a souligné que l'importation "est une opération purement commerciale, sans effet sur le développement national, tandis que le développement des ressources locales crée la richesse et l'emploi et favorise l'exportation". Le président Tebboune a mis l'accent sur l'impérative "reconsidération" de toutes ces questions relatives à l'économie nationale, considérant, néanmoins, que "la priorité pour l'heure est d'ordre politique et organisationnel pour l'édification d'un Etat nouveau, avant les réformes dans le restant des domaines". Il a proposé, à ce propos, le retour à l'expérience des chambres de Commerce qui n'a pas réussi, en raison de "graves dérives", d'où l'impératif d'une expérience judicieuse avec la participation des spécialistes du domaine. Nombreux sont les investisseurs algériens honnêtes, qui ont été empêchés de travailler. Aujourd'hui ils sont les bienvenus, a-t-il soutenu. Lors de sa rencontre périodique avec les médias nationaux, le président Tebboune a indiqué avoir signé "un décret consacrant le 22 Février, comme Journée nationale sous la dénomination de +Journée nationale de la fraternité et de la cohésion entre le peuple et son armée pour la démocratie+", précisant que "cette Journée nationale, dont le décret présidentiel sera publié au Journal officiel, sera célébrée tous les ans". "Le Hirak béni a préservé le pays d'un effondrement total" Tebboune a déclaré, que "l'Etat national a failli s'effondrer totalement, comme ce fut le cas dans certains pays, aujourd'hui, en quête de médiations pour le règlement de leurs problèmes". "L'effondrement de l'Etat national estsynonyme de l'effondrement de toutes ses institutions, et toutes les données laissaient présager un tel scénario", a faitsavoir le président de la République, ajoutant que "Dieu merci, le peuple a, grâce àsa maturité, déjoué le complot tout en réussissant à réaliser plusieurs de ses revendications". Pour le reste des revendications du Hirak, "nous nous y attelons, car je me suis engagé personnellement à réaliser l'ensemble des revendications", a poursuivi le président Tebboune. "Certaines revendications exprimées auparavant ne pouvaient être satisfaites par quelqu'un de non élu, et n'ayant pas le pouvoir et la légitimité requises" a-t-il expliqué, assurant qu'"aujourd'hui, nous oeuvrons à leur concrétisation, à commencer par la Constitution, la loi électorale et la réorganisation des institutions que nous nous efforçons de rendre de proximité, permettant au citoyen d'y participer en tant que partie prenante, à la réflexion, à la solution, à la gestion et au contrôle", a-til dit. Tebboune a rappelé l'impératif souligné, lors de la rencontre gouvernement-walis, d'"un changement du mode de gestion et de l'amélioration de la relation avec lecitoyen, pour qu'il n'ait plus la piteuse image qu'il avait de l'Etat, qui en fait était très loin de ses préoccupations". A une question sur les citoyens qui continuent de participer chaque semaine au Hirak, le président de la République a soutenu, que "c'est leur droit, et c'est là le fondement même de la démocratie, a fortiori lorsqu'il s'agit de personnes manifestant de manière organisée, sans destruction, ni troubles". "Le Hirak est un phénomène salutaire, et je n'ai rien à lui reprocher", a réitéré le président Tebboune, ajoutant que ce mouvement populaire "a épargné au pays une catastrophe, et sans lui, des offices seraient, aujourd'hui, en cours pour régler la crise en Algérie comme c'est le cas en Libye". A ce propos, le président de la République a ajouté, "j'appelle mes enfants, qui manifestent le vendredi, à la vigilance contre l'infiltration de leur mouvement, car il y a des signes d'infiltration, tant de l'intérieur que de l'extérieur". A une question sur la coïncidence du premier anniversaire du Hirak populaire avec des mouvements de protestation dans certains secteurs, le président de la République a affirmé, que "la succession des grèves dans des secteurs importants à un timing précis, n'est ni un phénomène sain, ni une pratique syndicale". Grève de l'éducation Tebboune a dit, "je n'ai eu de cesse d'exprimer ma considération et mon respect pour les enseignants, notamment durant ma campagne électorale", ajoutant avoir "demandé la révision de tout ce qui a trait aux enseignants pour leur accorder la place qui leur sied dans la société". Cependant, a-t-il estimé "l'annonce d'une grève nationale, alors que le gouvernement n'était même pas installé et n'avait pas encore le feu vert du Parlement, n'est pas la solution au problème, qui exige du temps et des moyens matériels, financiers et organisationnels". L'école "souffre déjà et n'a pas encore réglé les problèmes de restauration, de transport scolaire et de chauffage", a dit le président Tebboune, affirmant que ces grèves "ne sont pas innocentes". Evoquant des grèves qui "ternissent l'image du pays, nuisent aux citoyens et entravent leurs affaires", en allusion à la grève du personnel naviguant de la Compagnie aérienne nationale Air Algérie, le président de la République a critiqué "ceux qui déclenchent des grèves par SMS, une demie heure à l'avance", rappelant que la loi exige un préavis et la précision des motifs, afin de favoriser l'ouverture de négociations pour trouver des solutions. A cet effet, M.Tebboune a appelé à "la non dilution du rôle syndical", réaffirmant que "le timing de ces grèves n'est pas innocent. J'ai 50 ans d'expérience dans la gestion et on ne peut pas me convaincre du contraire", a-t-il ajouté. "Celui qui veut les régler, doit prendre l'initiative de trouver les solutions définitives. La grève anarchique est interdite dans certaines infrastructures publiques", a-t-il lancé précisant que "la grève doit être annoncée au préalable, pour permettre aux compagnies aériennes ou aux aéroports, de prendre leurs précautions, comme informer les voyageurs". Le président Tebboune déplore une telle situation qui amène les citoyens, particulièrement les malades, à dormir à même le sol dans les aéroports, suite à l'annulation de leurs vols. S'agissant de la loi sur le régime électoral, devant être révisée, le président Tebboune a précisé, que "l'ambition est l'émergence d'une génération nouvelle, probe et intègre (...) à travers laquelle nous pourrons asseoir une nouvelle scène politique". Il s'est engagé, à ce titre, à apporter son appui aux jeunes universitaires souhaitant participer aux élections par le financement préserver de l'emprise de l'argent". Le Président a rappelé, à cet effet, que la première mouture de la révision constitutionnelle sera distribuée, dès la fin de son élaboration par le Comité d'experts, à quelque 700 syndicats, partis et associations, lesquels apporteront, tout au long d'un mois, leurs propositions en vue d'enrichir le document qui sera de nouveau soumis au Comité de rédaction avant sa présentation au Parlement. A l'interrogation de certains sur "la pertinence" de voter une "nouvelle Constitution qui posera les jalons d'une Algérie nouvelle, par un ancien Parlement", le Président a expliqué que la démarche décidée obéit à des considérations "pédagogiques", afin de "tenir informé tout un chacun, de la dimension des articles de la Constitution, en soumettant ce texte, pour la première fois, à la rue qui a prouvé sa culture, comme en témoigne le civisme du Hirak populaire dans l'expression des revendications". En ce qui concerne ses orientations lors de la rencontre gouvernement-walis, le président de la République a affirmé qu'elles "sont données en connaissance de cause", rappelant avoir passé l'essentiel de sa vie professionnelle dans les Collectivités locales, "c'est à dire, du côté exposé aux problèmes des citoyens dans les villages et les bourgs". "Il y a un arbre qui cache la forêt, à savoir un développement de façade qui occulte la réalité d'autres citoyens", a-t-il déclaré dans ce sens. Estimant que face à cette situation, "il faut traiter les problèmes dont souffre les citoyens dans les zones d'ombre, car autrement ces populations continueraient à se déplacer vers les villes, qui souffrent assez", soulignant que "65% des Algériens vivent dans les villes, contre 35% dans les villages, alors qu'au lendemain de l'indépendance, plus de 65% des Algériens étaient concentrés dans les villages". "L'expansion des villes qui requiert, aujourd'hui, demain et après-demain, des investissements et des ressources financières énormes, s'accompagne inexorablement de la colère des citoyens", a-t-il estimé, citant, à titre d'exemple, "la capitale qui comptait, au lendemain de l'indépendance, 455.000 habitants et qui a vu sa population décuplée, ce qui exige de multiplier par dix les écoles, les logements, les canalisations, les routes..." "Si ce nombre ne cesse d'accroitre, il y aura une autre catastrophe, telle que l'apparition de constructions en périphérie, l'instar du Brésil", a-t-il soutenu. Et d'ajouter, que "la solution c'est le développement de toutes les régions du pays afin de permettre au citoyen de recouvrer sa dignité dans son village et de ne pas être séduit par la ville, car il aura des avantages qui n'existent pas en ville". Plaidant pour la décentralisation, en tant qu'idéologie et stratégie, le président Tebboune a rappelé avoir proposé en 1992, (du temps de feu président Chadli Bendjedid) "la révision de l'organisation des Collectivités locales, y compris le recours à la décentralisation de décision, et non pas la décentralisation de la région", précisant, à ce propos, qu'il existe une différence entre l'organisation régionale et l'organisation décentralisée. Affirmant que la décentralisation "est à même de solutionner plusieurs problèmes", il a évoqué "les délibérations sur un problème local qui se font au niveau de Communes, puis renvoyées à la Daïra et à la Wilaya, voire même au ministère del'Intérieur". A ce titre, le président de la République a estimé que "les 1.541 communes mériteraient un autre découpage, pour en finir avec les situations de cumul" Tous ces facteurs nous amène aujourd'hui à parler de zones d'ombre, a-t-il expliqué, admettant que la vitesse du développement peut laisser des citoyens sur le côté. Les statistiques du développement global donnent une image générale, et ne reflètent pas la réalité des régions internes. C'est comme un corps humain qui, d'apparence, est sain alors que ses organes internes sont atteints. Voilà la différence entre les deux situations, l'idéal c'est de travailler sur les deux, a-t-il expliqué. Soulignant que "dans certains pays développés, aux économies des plus fortes dans le monde, près de 50 millions d'habitants souffrent de pauvreté et sont privés de soins, de scolarité et de commodités de vie digne", il a estimé que l'on ne peut qualifier cela de développement. Dans le même contexte, le président Tebboune a mis l'accent sur la nécessité de "restructurer l'administration et de réhabiliter les Collectivités locales", rappelant que "les Collectivités locales englobent des communes rurales et d'autres urbaines". "Hydra, par exemple, n'est pas Tamantit, Bouhmar ou Yabous...partant, il faut revoir la découpage administratif", a-t-il insisté.concernant la réorganisation des communes pauvres. Sur 1.541 communes, 850 communes sont très pauvres et ne disposent même pas des moyens de recruter,ne serait ce qu'un facteur, par contre, il existe des communes riches à l'instar de Hassi Messaoud, Bab Ezzouar et Arzew, jouissant de ressources importantes grâce à leurs activités industrielles et aux recettes fiscales", a soutenu le Président, relevant que "la Caisse de solidarité et de garantie des Collectivités locales ne suffit plus". Par ailleurs, et à une question sur la manière de rassurer les gestionnaires et surla non criminalisation de l'acte de gestion, le président de la République a indiqué que la gestion n'est pas un acte simple et tout responsable est exposé à l'erreur, néanmoins, a-t-il relevé, "l'erreur peut être spontanée, par incompétence professionnelle ou volontaire, et là, il faut faire la différence entre ces cas. Il y a des responsables qui prennent plus de 30 décisions par jour et, dans ce cas, la probabilité d'une mauvaise décision est fort possible. Dans de tel cas, le gestionnaire ne doit pas être criminalisé mais plutôt sanctionné administrativement. Par contre, celui qui commet une faute volontaire, notamment en matière de marchés publics, là, il faut criminaliser". "Tout ce qui s'est passé dans le pays et tous les fonds colossaux du Trésor public détournés au profit de certaines personnes, l'ont été de façon légale", a déploré le Président, soulignant que "les lois actuelles ne sont pas efficaces en matière de contrôle, d'où l'impératif d'asseoir un autre contrôle". "Tous les marchés, qui ont couté au pays des pertes par des milliers de milliards, sont passés par le contrôle financier et les commissions de marchés publics, mais le résultat est là", a-t-il rappelé. Prônant "une reconsidération des modes de contrôle", le lprésident Tebboune a expliqué, que "l'Algérie se distinguepar le fait que tous les programmes de développement sont réalisés par l'administration et l'argent public". "Alors que le secteur privé représente 80% dans notre économie, 85% des fonds en circulation proviennent du Trésor, car il n'existe pas de banques privées et d'autres modalités de financement", ce qui contribue, a-t-il dit, à "la propagation de la corruption dans tous les secteurs". Dans les pays occidentaux, a-t-il précisé, "le privé est un secteur à part entière, avec des banques privées, des caisses privées et des échanges entre les privés, voire même des conventions entre les privés". "Il n'existe pas de corruption, à l'exception de certains cas de détournement", a-t-il ajouté. "L'Algérie est un chantier ouvert et tous les secteurs doivent être disséqués, au vu des situation de cumul", a réaffirmé M. Tebboune, citant "certains textes réglementaires élaborés dans la précipitation et d'autre ayant mené des personnes innocentes à assumer des fautes de certains corrompus, à travers la généralisation d'une loi qui nuit aux intègres plus qu'aux corrompus". Faisant savoir que les Communes avaient le droit d'obtenir des crédits auprès des banques, le président de la République s'est interrogé sur "le nombre de Présidents ou de Secrétaires généraux d'Assemblés populaires communaux (APC), ayant la capacité de traiter avec les banques, et réaliser des projets fructueux leur permettant de rembourser les crédits et recouvrer des intérêts au profit de l'APC", déplorant que "ces choses restent en théorie seulement". Dans ce sens, le Président a mis l'accent sur l'impérative "restructuration de l'administration et révision de tous les textes", plaidant pour une liberté de décision aux responsables locaux, avec un renforcement du rôle du contrôle. Sur un autre registre, et concernant les bénéficiaires de contrats d'insertion, le président Tebboune a déclaré "nous avons hérité ce dossier et nous devons honorer le serment. Le dossier sera résolu avant la fin de l'année en cours, car cela est une promesse de l'Etat". "La corruption est un cancer" Répondant à une question relative à la réduction de la facture d'importation et auxphénomènes de surfacturation et de corruption, le président Tebboune a déclaré, que "la corruption est un cancer qui, en dépit des traitements, peut cacher plus qu'il n'en apparait", estimant que "la petite corruption nuit davantage au citoyen que la grande corruption n'affecte le Trésor public, car la première touche directement la poche du citoyen, qui souffre déjà de la baisse de son pouvoir d'achat, et qui se trouve contraint de payer pour obtenir ses droits". Quant à la surfacturation, le président de la République a admis que ce phénomène existe également dans d'autres pays ayant ouvert leur économie, "mais pas avec la même ampleur qu'en l'Algérie", soulignant que ce phénomène "a été entretenu durant plus de dix (10) ans, sans que les moyens de contrôle ne soient utilisés". Le président Tebboune a fait état, dans ce sens, de "l'existence de sociétés d'assurances et de bureaux d'études agréés par les Nations unies, auxquels la loi leur permet de contrôler les prix à la source", soulignant avoir voulu appliquer cela en 2017. "C'était là, la décision la plus dangereuse que j'ai eu à prendre, car elle avait déplu à des milieux qui savaient que j'allais découvrir les choses". Concernant la surfacturation toujours, le président Tebboune a déclaré qu'il ne voulait pas "choquer le citoyen", en dévoilant le pourcentage "effarant" de la surfacturation et les montants valeur des fonds "exorbitants" transférés à l'étranger. "Nous pouvons nous protéger de la surfacturation, en sanctionnant immédiatement les importateurs qui surfacturent pour crime économique et non pas les laisser exercer pendant des années avant d'être inquiétés", a-t-il poursuivi. Pour le président de la République, la maitrise de la surfacturation peut faire gagner au pays "entre 20 et 25% de devises fortes (...) sans parler, a-t-il dit, de la qualité des marchandises importées". Rappelant une situation qu'il avait vécu lorsqu'il était ministre du Commerce avec l'apparition de la crise dite de l'ail, il a expliqué que vu les factures "astronomiques" de son importation, il avait demandé à l'ambassadeur de Chine de se renseigner auprès des autorités deson pays, sur les prix réels de ce produit, pour découvrir qu'il existait 7 variétés d'ail, ajoutant que toutes les factures concernant l'Algérie étaient pour la meilleure variété, alors que c'était en fait le dernier choix. Il a affirmé à ce propos, que maitriser la facturation des importations "nécessaires" pouvait nous faire économiser un tiers de nos recettes en devises. Evoquant par ailleurs la promotion de l'investissement, le président Tebboune a fait savoir qu'il avait proposé en 2001, le "guichet unique", mettant l'accent sur "l'obligation d'assurer les moyens de recours, car le capital est lâche par nature". L'investisseur ne peut risquer des milliards de dollars, face à une administration hégémonique, a-t-il poursuivi. Après avoir indiqué qu'il avait sa propre idée de l'investissement qui "doit passer à une nouvelle étape", il a affirmé que l'investissement qui pourrait nous lier à l'étranger éternellement, doit être évité, car ses risques sont plus grands que ses avantages. D'autre part, le président de la République a averti contre toute entrave à un investisseur quelconque dans le domaine de la transformation du produit national, précisant que "des sanctions sévères seront appliquées dans ce sens, car l'objectif actuel est de créer une industrie nationale, avec nos propres moyens pour réduire l'importation". Tous les pays importent, mais de façon rationnelle et leur intérêt national est primordial en matière d'investissement, a-t-il assuré, ajoutant que l'Algérie qui ne permettra pas l'importation de produits fabriqués localement, car cela reviendrait à une mise à mort de sa production nationale, favorise une importation complémentaire à la production nationale. Il a souligné que l'importation "est une opération purement commerciale, sans effet sur le développement national, tandis que le développement des ressources locales crée la richesse et l'emploi et favorise l'exportation". Le président Tebboune a mis l'accent sur l'impérative "reconsidération" de toutes ces questions relatives à l'économie nationale, considérant, néanmoins, que "la priorité pour l'heure est d'ordre politique et organisationnel pour l'édification d'un Etat nouveau, avant les réformes dans le restant des domaines". Il a proposé, à ce propos, le retour à l'expérience des chambres de Commerce qui n'a pas réussi, en raison de "graves dérives", d'où l'impératif d'une expérience judicieuse avec la participation des spécialistes du domaine. Nombreux sont les investisseurs algériens honnêtes, qui ont été empêchés de travailler. Aujourd'hui ils sont les bienvenus, a-t-il soutenu.