En Algérie, le débat sur le projet de révision constitutionnelle, qui sera soumis au référendum populaire le 1er novembre prochain, se focalise chez les islamistes sur la question liée au statut de tamazight. En Algérie, le débat sur le projet de révision constitutionnelle, qui sera soumis au référendum populaire le 1er novembre prochain, se focalise chez les islamistes sur la question liée au statut de tamazight. Après le mouvement El Bina, le MSP et le FJD, c'est au tour de l'Association des uléma d'émettre ses "réserves concernant certains points" du projet de révision constitutionnelle. En sus de la neutralité de l'école, les libertés religieuses ou la source de la législation, les partis et organisations d'obédience islamiste rejettent presque unanimementla place donnée à la langue amazighe, consacrée langue nationale et officielle en vertu de l'article 4, non susceptible d'amendement. Pour l'Association des uléma, c'est la langue arabe qui s'en trouvera "bousculée par la langue locale d'une seule région, ce qui ouvrirait les portes à un conflit linguistique en Algérie". L'association présidée par Abderrazak Guessoum dit s'inquiéter pour "l'unité nationale". Elle propose néanmoins de "promouvoir les langues locales et de les transcrire en caractères arabes". Soit à peu près les mêmes "craintes" et les mêmes propositions des autres partis du même bord. Abdelkader Bengrina, président du mouvement el Bina et candidat à la présidentielle du 12 décembre 2019, avait été le premier à dire ce qu'il pense de la teneur du projet de révision constitutionnelle dès le lendemain de sa publication, le 7 septembre. Le parti de Bengrina n'a pas appelé à boycotter le référendum du 1er novembre ou à voter non, mais il a clairement exprimé son rejet de la place donnée à tamazight, en sus d'autres réserves sur des questions d'ordre idéologique. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) n'a, lui, pas hésité à appeler les citoyens à participer massivement et à voter "non". Le parti deAbderrazakMakri s'est fendu d'une incompréhensible formule : "Oui à la promotion de tamazight, mais dans un cadre arabo-islamique". Le camp du "non" s'est renforcé vendredi 2 octobre. Abdallah Djabbalah, président du Front de la justice et du développement (FJD), a lui aussi appelé à rejeter le projet, mettant en avant notamment le danger que fait encourir la reconnaissance d'une autre langue à l'unité nationale. Djaballah a ajouté un faux élément à l'argumentaire des détracteurs de tamazight : selon lui, aucun Etat au monde n'a deux langues officielles. Ce qui est évidemment loin d'être exact. La même contre-vérité avait été opposée par l'ancien Président Abdelaziz Bouteflika, dans un discours prononcé à Constantine en 2005, à ceux qui réclamaient le statut de langue officielle pour tamazight qui venait d'être promue deux ans plus tôt langue nationale. Pour rester dans le contexte de l'époque, d'aucuns rappellent que la reconnaissance de tamazight avait fait suite aux graves événements du printemps noir en Kabylie qui avaient fait plus d'une centaine de morts. Revendiquée avec force par une partie non négligeable du peuple algérienne, la promotion de tamazight au rang de langue nationale en 2002 puis officielle en 2016 était motivée par le souci de préserver l'unité et la cohésion nationale. Paradoxalement, le même motif est avancé quatre ans après pour réclamer son déclassement. Les observateurs relèvent un autre élément qui affaiblit l'argumentaire des anti-tamazight : il est curieux que les islamistes soient les seuls à se soucier de l'unité nationale, sachant que le reste de la classe politique, y compris les partis du camp nationaliste, ne voient pas une telle menace dans la reconnaissance d'une deuxième langue officielle. C'est sans doute l'une des rares fois depuis l'avènement du multipartisme il y a trois décennies que presque toutes les composantes du courant islamiste parlent d'une même voix. Tamazight et d'autres questions sociétales et idéologiques les ont mis d'accord, ce qui amène les observateurs à souligner d'abord cet amalgame dangereux qui assimile tamazight au courant laïc ou encore de lier l'Islam à la langue arabe, puis à s'interroger sur cette levée de boucliers soudaine alors qu'ils n'avaient presque pas soufflé mot lorsque cette langue avait été promue en 2002 puis en 2016. Lors de la dernière révision constitutionnelle, seules quelques voix avaient dit non Après le mouvement El Bina, le MSP et le FJD, c'est au tour de l'Association des uléma d'émettre ses "réserves concernant certains points" du projet de révision constitutionnelle. En sus de la neutralité de l'école, les libertés religieuses ou la source de la législation, les partis et organisations d'obédience islamiste rejettent presque unanimementla place donnée à la langue amazighe, consacrée langue nationale et officielle en vertu de l'article 4, non susceptible d'amendement. Pour l'Association des uléma, c'est la langue arabe qui s'en trouvera "bousculée par la langue locale d'une seule région, ce qui ouvrirait les portes à un conflit linguistique en Algérie". L'association présidée par Abderrazak Guessoum dit s'inquiéter pour "l'unité nationale". Elle propose néanmoins de "promouvoir les langues locales et de les transcrire en caractères arabes". Soit à peu près les mêmes "craintes" et les mêmes propositions des autres partis du même bord. Abdelkader Bengrina, président du mouvement el Bina et candidat à la présidentielle du 12 décembre 2019, avait été le premier à dire ce qu'il pense de la teneur du projet de révision constitutionnelle dès le lendemain de sa publication, le 7 septembre. Le parti de Bengrina n'a pas appelé à boycotter le référendum du 1er novembre ou à voter non, mais il a clairement exprimé son rejet de la place donnée à tamazight, en sus d'autres réserves sur des questions d'ordre idéologique. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) n'a, lui, pas hésité à appeler les citoyens à participer massivement et à voter "non". Le parti deAbderrazakMakri s'est fendu d'une incompréhensible formule : "Oui à la promotion de tamazight, mais dans un cadre arabo-islamique". Le camp du "non" s'est renforcé vendredi 2 octobre. Abdallah Djabbalah, président du Front de la justice et du développement (FJD), a lui aussi appelé à rejeter le projet, mettant en avant notamment le danger que fait encourir la reconnaissance d'une autre langue à l'unité nationale. Djaballah a ajouté un faux élément à l'argumentaire des détracteurs de tamazight : selon lui, aucun Etat au monde n'a deux langues officielles. Ce qui est évidemment loin d'être exact. La même contre-vérité avait été opposée par l'ancien Président Abdelaziz Bouteflika, dans un discours prononcé à Constantine en 2005, à ceux qui réclamaient le statut de langue officielle pour tamazight qui venait d'être promue deux ans plus tôt langue nationale. Pour rester dans le contexte de l'époque, d'aucuns rappellent que la reconnaissance de tamazight avait fait suite aux graves événements du printemps noir en Kabylie qui avaient fait plus d'une centaine de morts. Revendiquée avec force par une partie non négligeable du peuple algérienne, la promotion de tamazight au rang de langue nationale en 2002 puis officielle en 2016 était motivée par le souci de préserver l'unité et la cohésion nationale. Paradoxalement, le même motif est avancé quatre ans après pour réclamer son déclassement. Les observateurs relèvent un autre élément qui affaiblit l'argumentaire des anti-tamazight : il est curieux que les islamistes soient les seuls à se soucier de l'unité nationale, sachant que le reste de la classe politique, y compris les partis du camp nationaliste, ne voient pas une telle menace dans la reconnaissance d'une deuxième langue officielle. C'est sans doute l'une des rares fois depuis l'avènement du multipartisme il y a trois décennies que presque toutes les composantes du courant islamiste parlent d'une même voix. Tamazight et d'autres questions sociétales et idéologiques les ont mis d'accord, ce qui amène les observateurs à souligner d'abord cet amalgame dangereux qui assimile tamazight au courant laïc ou encore de lier l'Islam à la langue arabe, puis à s'interroger sur cette levée de boucliers soudaine alors qu'ils n'avaient presque pas soufflé mot lorsque cette langue avait été promue en 2002 puis en 2016. Lors de la dernière révision constitutionnelle, seules quelques voix avaient dit non