46 ans après les faits, le silence reste important. Il est vrai qu'il s'effiloche quelque peu avec les nombreuses commémorations en France mais le 17 Octobre reste enfoui dans l'occultation. 46 ans après les faits, le silence reste important. Il est vrai qu'il s'effiloche quelque peu avec les nombreuses commémorations en France mais le 17 Octobre reste enfoui dans l'occultation. A l'initiative du Club des journalistes algériens en France (CJAF), une conférence intitulée le 17 Octobre 1961 : medias et raison d'Etat a été organisée pour tenter de comprendre et d'analyser la chape de plomb qui pèse à ce jour sur le massacre du 17 Octobre 1961 à Paris. Mehdi Laloui, écrivain et cinéaste, s'est beaucoup investi dans la reconstitution dans la mémoire collective de ces événements. Il insistera sur le caractère «franco-français» de cet épisode qui doit être reconnu et assumé par la mémoire française. «On ne réclame pas vengeance mais justice et la première des justices est la vérité» dira Laloui qui souligne l'urgence de cette reconnaissance car «nos pères et nos mères, témoins de cet événement, disparaissent les uns après les autres sans qu'ils aient eu la parole, eux qui ont contribué à la construction de ce pays». Pourtant, 46 ans après les faits, le silence reste important. Il est vrai qu'il s'effiloche quelque peu avec les nombreuses commémorations en France (hier à Paris, Cherbourg, Strasbourg) mais le 17 Octobre reste enfoui dans l'occultation. Laloui tentera d'expliquer ce «déni de vérité» en revenant sur l'histoire. Il rappellera que la France n'a reconnu la Guerre d'Algérie que 40 ans après, période durant laquelle on se contentait d'évoquer «les événements d'Algérie». Son film «le silence du fleuve», n'a pu être diffusé que 10 ans après sa réalisation tandis que celui portant sur le 8 Mai 45 a dû attendre des années pour être finalement coproduit par ARTE. Daniel Mermet, journaliste de France Inter et témoin du massacre, reconstitue l'ambiance d'alors pour tenter de comprendre aussi la frilosité des médias. Il y avait une ambiance de haine contre ces «Français musulmans», n'oublions pas que deux millions d'appelés français étaient partis en Algérie et il était alors très difficile de soutenir l'indépendance des Algériens car cela s'assimilait à soutenir des terroristes. Les écrits de la plupart des journaux, notamment ceux de droite, reprenaient la version officielle. Paris Jour avait titré «20 mille musulmans maîtres de la capitale pendant trois heures». Cependant, tous les médias n'ont pas cédé à la censure. Hervé Bourges, dans un article de Témoigage Chretien, a clairement décrit les faits comme étant un massacre. Quelques jours après, l'Observateur, l'ancêtre du Nouvel Observateur, a également fait état de la répression et des victimes et même Paris Match a témoigné avec des photos de la tragédie à l'appui. Mermet se souvient des manifestations organisées à l'initiative d'intellectuels de gauche dont Jean-Paul Sartre pour s'insurger contre ce massacre et son occultation. Mais très vite, la manifestation de Charonne contre les crimes de l'OAS organisée le 8 février 1962 par les communistes notamment, a remplacé dans la mémoire collective le 17 Octobre. A Charonne, la répression des manifestants avait fait 8 morts. Cela s'explique, selon Mermet que résister au fascisme représenté par l'OAS est plus valorisant et confortait l'image de la France comme pays de la liberté. On retiendra plus facilement cet événement que celui qui interpelle la honte enfouie dans le refoulement de la mémoire. Hassan Zeraoui, sociologue, présent dans la salle a insisté sur le climat de terreur qui «régnait en cette période. Couvre-feu, contrôle au faciès, descentes de police dans les hôtels, passage à tabac des Algériens par des harkis à la Goutte d'Or, l'atmosphère était pesante» ajoute-t-il pour souligner, comme d'autres intervenants, que Maurice Papon n'était pas le seul responsable de ce que l'on appelait «les ratonnades». C'était en fait l'Etat français présidé par le général De Gaulle qui poursuivait sa politique colonialiste envers «les indigènes algériens». Sauf que cela s'est passé sur les bords de la Seine, devant des milliers de français spectateurs de la boucherie. C'est le vrai débat pour Michel Reynaud, éditeur. Pour lui, la France doit répondre devant une juridiction internationale de ses crimes contre l'humanité. Le 17 Octobre a été certes banalisé délibérément parce qu'il avait imposé une réalité ici en France celle «d'un peuple qui marche». A l'initiative du Club des journalistes algériens en France (CJAF), une conférence intitulée le 17 Octobre 1961 : medias et raison d'Etat a été organisée pour tenter de comprendre et d'analyser la chape de plomb qui pèse à ce jour sur le massacre du 17 Octobre 1961 à Paris. Mehdi Laloui, écrivain et cinéaste, s'est beaucoup investi dans la reconstitution dans la mémoire collective de ces événements. Il insistera sur le caractère «franco-français» de cet épisode qui doit être reconnu et assumé par la mémoire française. «On ne réclame pas vengeance mais justice et la première des justices est la vérité» dira Laloui qui souligne l'urgence de cette reconnaissance car «nos pères et nos mères, témoins de cet événement, disparaissent les uns après les autres sans qu'ils aient eu la parole, eux qui ont contribué à la construction de ce pays». Pourtant, 46 ans après les faits, le silence reste important. Il est vrai qu'il s'effiloche quelque peu avec les nombreuses commémorations en France (hier à Paris, Cherbourg, Strasbourg) mais le 17 Octobre reste enfoui dans l'occultation. Laloui tentera d'expliquer ce «déni de vérité» en revenant sur l'histoire. Il rappellera que la France n'a reconnu la Guerre d'Algérie que 40 ans après, période durant laquelle on se contentait d'évoquer «les événements d'Algérie». Son film «le silence du fleuve», n'a pu être diffusé que 10 ans après sa réalisation tandis que celui portant sur le 8 Mai 45 a dû attendre des années pour être finalement coproduit par ARTE. Daniel Mermet, journaliste de France Inter et témoin du massacre, reconstitue l'ambiance d'alors pour tenter de comprendre aussi la frilosité des médias. Il y avait une ambiance de haine contre ces «Français musulmans», n'oublions pas que deux millions d'appelés français étaient partis en Algérie et il était alors très difficile de soutenir l'indépendance des Algériens car cela s'assimilait à soutenir des terroristes. Les écrits de la plupart des journaux, notamment ceux de droite, reprenaient la version officielle. Paris Jour avait titré «20 mille musulmans maîtres de la capitale pendant trois heures». Cependant, tous les médias n'ont pas cédé à la censure. Hervé Bourges, dans un article de Témoigage Chretien, a clairement décrit les faits comme étant un massacre. Quelques jours après, l'Observateur, l'ancêtre du Nouvel Observateur, a également fait état de la répression et des victimes et même Paris Match a témoigné avec des photos de la tragédie à l'appui. Mermet se souvient des manifestations organisées à l'initiative d'intellectuels de gauche dont Jean-Paul Sartre pour s'insurger contre ce massacre et son occultation. Mais très vite, la manifestation de Charonne contre les crimes de l'OAS organisée le 8 février 1962 par les communistes notamment, a remplacé dans la mémoire collective le 17 Octobre. A Charonne, la répression des manifestants avait fait 8 morts. Cela s'explique, selon Mermet que résister au fascisme représenté par l'OAS est plus valorisant et confortait l'image de la France comme pays de la liberté. On retiendra plus facilement cet événement que celui qui interpelle la honte enfouie dans le refoulement de la mémoire. Hassan Zeraoui, sociologue, présent dans la salle a insisté sur le climat de terreur qui «régnait en cette période. Couvre-feu, contrôle au faciès, descentes de police dans les hôtels, passage à tabac des Algériens par des harkis à la Goutte d'Or, l'atmosphère était pesante» ajoute-t-il pour souligner, comme d'autres intervenants, que Maurice Papon n'était pas le seul responsable de ce que l'on appelait «les ratonnades». C'était en fait l'Etat français présidé par le général De Gaulle qui poursuivait sa politique colonialiste envers «les indigènes algériens». Sauf que cela s'est passé sur les bords de la Seine, devant des milliers de français spectateurs de la boucherie. C'est le vrai débat pour Michel Reynaud, éditeur. Pour lui, la France doit répondre devant une juridiction internationale de ses crimes contre l'humanité. Le 17 Octobre a été certes banalisé délibérément parce qu'il avait imposé une réalité ici en France celle «d'un peuple qui marche».