Il n'y a pas à dire ! Depuis le début de la semaine, Messaoud respire un peu mieux : un calme peu habituel règne sur tout le voisinage car le mauvais temps a consigné chez eux tous les garnements qui chahutent toute la journée sous les fenêtres des locataires excédés. Aicha peut enfin faire la grasse matinée et déjà des couleurs vivifiantes commencent déjà à envahir son visage fatigué. Il pleut et les gens cloîtrés chez eux n'osent pas encore affronter la bruine, la boue et les flaques d'eau des allées : la municipalité sortante avait, à la veille des élections, entamé des travaux de replâtrage pour boucher les innombrables nids de poule qui parsèment les voies mais l'ouvrage a été abandonné sitôt le dépouillement effectué. Et la nouvelle équipe ne semble pas prête à achever les chantiers ouverts, ce qui eut pour conséquence fâcheuse la présence d'encombrants gravats au milieu des allées. Mais qu'importe ! Le calme règne et c'est ce qui réjouit Messaoud qui est rentré ce matin victorieusement avec quatre sachets de lait et la bonne nouvelle : le Père Noël était passé la veille et il avait réconcilié les producteurs privés avec l'autorité de tutelle. Mais par mégarde, celui que certains n'hésitent pas à traiter d'ordure, avait coupé l'eau. Ce qui a pour effet de réinstaller la grogne chez Aïcha. Et oui ! Une coupure d'eau alors qu'il pleut ! Un engin excavateur a détruit accidentellement une grosse conduite ! Cela se passe toujours ainsi chez McDonald ! Il faut qu'il y ait toujours une pénurie de quelque chose dans l'air, peut-être histoire d'occuper un peu l'esprit des gens ! Maintenir la pression pour entretenir l'ambiance. Mais Messaoud n'en a cure : il a encore le cœur plein de cet apaisement que lui avait apporté le jour de l'Aïd. Il avait été enthousiasmé, transfiguré, par le spectacle de cette multitude qui s'est rendue allègrement vers les lieux de culte ! Toute cette chaleur dans les embrassades ! Toute cette fraternité humaine universelle enfin retrouvée ! Les yeux des mendiants pétillent devant tant de générosité ! Même quelques jours après, la fête de la Nativité avait pris le relais sur le petit écran : les chants grégoriens emplissent les espaces froids des cités glaciales européenne : Même si une octogénaire est morte de froid chez elle, cela n'empêche pas les voisins de faire un sort à la dinde ! En homme averti, Messaoud compte sur ce relâchement de la tension pour dire tendrement à sa douce moitié : « Ya M'ra ! Avec le temps qu'il fait, que dirais-tu d'un "berkouquess" ou d'une "douara" » ? - « Il n'y a plus de courgettes !» réplique sèchement Aïcha. Une grimace de contrariété s'affiche aussitôt sur le visage de Messaoud qui a cru pendant un moment avoir réglé le programme de la journée. Et cela reprend ! Il n'y a pas à dire ! Depuis le début de la semaine, Messaoud respire un peu mieux : un calme peu habituel règne sur tout le voisinage car le mauvais temps a consigné chez eux tous les garnements qui chahutent toute la journée sous les fenêtres des locataires excédés. Aicha peut enfin faire la grasse matinée et déjà des couleurs vivifiantes commencent déjà à envahir son visage fatigué. Il pleut et les gens cloîtrés chez eux n'osent pas encore affronter la bruine, la boue et les flaques d'eau des allées : la municipalité sortante avait, à la veille des élections, entamé des travaux de replâtrage pour boucher les innombrables nids de poule qui parsèment les voies mais l'ouvrage a été abandonné sitôt le dépouillement effectué. Et la nouvelle équipe ne semble pas prête à achever les chantiers ouverts, ce qui eut pour conséquence fâcheuse la présence d'encombrants gravats au milieu des allées. Mais qu'importe ! Le calme règne et c'est ce qui réjouit Messaoud qui est rentré ce matin victorieusement avec quatre sachets de lait et la bonne nouvelle : le Père Noël était passé la veille et il avait réconcilié les producteurs privés avec l'autorité de tutelle. Mais par mégarde, celui que certains n'hésitent pas à traiter d'ordure, avait coupé l'eau. Ce qui a pour effet de réinstaller la grogne chez Aïcha. Et oui ! Une coupure d'eau alors qu'il pleut ! Un engin excavateur a détruit accidentellement une grosse conduite ! Cela se passe toujours ainsi chez McDonald ! Il faut qu'il y ait toujours une pénurie de quelque chose dans l'air, peut-être histoire d'occuper un peu l'esprit des gens ! Maintenir la pression pour entretenir l'ambiance. Mais Messaoud n'en a cure : il a encore le cœur plein de cet apaisement que lui avait apporté le jour de l'Aïd. Il avait été enthousiasmé, transfiguré, par le spectacle de cette multitude qui s'est rendue allègrement vers les lieux de culte ! Toute cette chaleur dans les embrassades ! Toute cette fraternité humaine universelle enfin retrouvée ! Les yeux des mendiants pétillent devant tant de générosité ! Même quelques jours après, la fête de la Nativité avait pris le relais sur le petit écran : les chants grégoriens emplissent les espaces froids des cités glaciales européenne : Même si une octogénaire est morte de froid chez elle, cela n'empêche pas les voisins de faire un sort à la dinde ! En homme averti, Messaoud compte sur ce relâchement de la tension pour dire tendrement à sa douce moitié : « Ya M'ra ! Avec le temps qu'il fait, que dirais-tu d'un "berkouquess" ou d'une "douara" » ? - « Il n'y a plus de courgettes !» réplique sèchement Aïcha. Une grimace de contrariété s'affiche aussitôt sur le visage de Messaoud qui a cru pendant un moment avoir réglé le programme de la journée. Et cela reprend !