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«Notre système de retraite est l'un des plus généreux au monde» M. Abdelmadjid Messaoudi, Secrétaire permanent du Conseil national des assurances (CNA) au Midi Libre
Le chiffre d'affaires réalisé par le secteur des assurances est de l'ordre de 52 milliards de DA. Une performance appelée à évoluer surtout à la faveur des perspectives d'ouverture du marché vers le partenariat avec les compagnies étrangères, notamment françaises. Le challenge est de multiplier l'offre en matière d'assurance et la diversifier. L'objectif étant d'inverser la tendance actuelle où l'assurance automobile occupe le haut du pavé. Selon M. Messaoudi, Secrétaire permanent du CNA, qui a eu l'amabilité de nous accorder cet entretien, l'émergence d'autres produits comme l'assurance - vie ou la retraite complémentaire reste bloquée par un système d'assurance sociale « généreux », réduisant la marge de manœuvre des compagnies d'assurances. Ainsi, le CNA appelle à engager des réformes dans ce sens. Le chiffre d'affaires réalisé par le secteur des assurances est de l'ordre de 52 milliards de DA. Une performance appelée à évoluer surtout à la faveur des perspectives d'ouverture du marché vers le partenariat avec les compagnies étrangères, notamment françaises. Le challenge est de multiplier l'offre en matière d'assurance et la diversifier. L'objectif étant d'inverser la tendance actuelle où l'assurance automobile occupe le haut du pavé. Selon M. Messaoudi, Secrétaire permanent du CNA, qui a eu l'amabilité de nous accorder cet entretien, l'émergence d'autres produits comme l'assurance - vie ou la retraite complémentaire reste bloquée par un système d'assurance sociale « généreux », réduisant la marge de manœuvre des compagnies d'assurances. Ainsi, le CNA appelle à engager des réformes dans ce sens. Midi Libre : Le secteur des assurances, à l'instar des banques, est appelé à s'ouvrir à la faveur de la réforme financière, comment se met en place cette ouverture ? M. Messaoudi : Il faut savoir que le secteur des assurances est ouvert à l'investissement privé national ou étranger depuis 1995, que ces capitaux soient algériens ou étrangers. Ainsi, plusieurs compagnies privées se sont constituées. Elles sont au nombre de sept actuellement. En 2006, une loi a apporté des modifications à l'ordonnance qui régit le secteur des assurances et a autorisé la constitution de succursales de compagnies d'assurances étrangères en Algérie sans avoir à créer une société de droit algérien et cela, sous la seule condition d'un accord de réciprocité qui instaure la coopération entre les autorités de supervision des deux pays pour garantir le respect des règles prudentielles. Ainsi, nous pouvons dire que le secteur des assurances est à la pointe du libre-service en Algérie. Par comparaison, il n'est pas permis d'ouvrir une succursale d'une banque étrangère sans créer une société de droit algérien. Autre nouveauté, cette loi permet de commercialiser les produits d'assurance à travers divers réseaux commerciaux dont des banques. Ainsi, la bancassurance a démarré et avec elle de larges perspectives de développement des produits d'assurance - vie…. Dans le cadre de la loi de 2006, il est dorénavant permis de créer des mutuelles d'assurance. Jusque-là, seules les deux mutuelles héritées de la période coloniale avaient droit de cité, en l'occurrence la CNMA et la MAATEC. A présent, ce sera possible pour les corporations dépassant 5.000 personnes et ce, dès adoption du projet de statut type par les pouvoirs publics. Une nouvelle vague d'ouverture vient de naître à la faveur du règlement d'un vieux contentieux entre certaines compagnies algériennes et certaines compagnies françaises. La solution de ce problème a permis surtout de lever les contraintes d'ordre psychologiques auxquelles devaient faire face toutes les autres compagnies françaises, voire même européennes. Si la réglementation permet aux compagnies étrangères d'ouvrir seulement des succursales où se trouve alors la valeur ajoutée ? La réglementation permet aux compagnies étrangères de pratiquer l'assurance en Algérie sous toutes les formes possibles. Ainsi elles peuvent créer une compagnie d'assurance locale ou ouvrir des succursales. En permettant l'ouverture de succursales, l'Algérie s'acquitte, par ailleurs, de ses engagements multilatéraux avec l'OMC et l'Union européenne qui encouragent le libre service. L'option traduit aussi un choix stratégique qui installe le développement économique et social au dessus de la préservation de la quiétude actuelle des compagnies locales. Il s'agit surtout de développer et d'améliorer l'offre d'assurance en Algérie que ce soit par les apports nouveaux de professionnels étrangers ou par le dynamisme commercial et la concurrence sur la qualité que cette ouverture peut susciter. Etant donné l'insuffisance de l'offre d'assurance, il y a d'immenses opportunités à saisir. Il suffit pour cela de comparer le niveau de pénétration chez nous avec la moyenne internationale. Nous sommes actuellement à 0,56 % du PIB alors que la moyenne internationale se situe autour de 7 %. Donc l'offre interne ne suffit pas. Quel est donc le rapport entre l'offre et le potentiel du marché ? L'offre actuelle ne suffit pas effectivement que ce soit au niveau quantitatif ou qualitatif. Au niveau quantitatif, les capacités financières de couverture sont insuffisantes puisque les compagnies rétrocèdent systématiquement les risques sur le marché international de la réassurance alors qu'elles peuvent faire plus si elles innovent pour intégrer les ressources bancaires… Elles sont insuffisantes aussi dans la mesure où d'immenses pans de la société et de l'économie ignorent encore l'assurance. Cela suppose d'importantes capacités financières pour non seulement l'investissement en marketing nécessaire, mais aussi la liquidation des milliers de dossiers de sinistres en stock… L'offre est aussi insuffisante qualitativement en raison des faibles capacités actuarielles pour la construction de produits d'assurance adaptés aux profils des risques. Pour l'heure, les compagnies se livrent une concurrence sur un seul segment de marché, celui des entreprises et établissements publics jugés juteux. La concurrence porte le plus souvent sur les prix au détriment des intérêts à moyen et long termes de la compagnie et du marché, voire même des assurés. Au regard du potentiel actuel du marché qui est estimé grossièrement à 4 fois l'offre actuelle, il y a des parts de marché à prendre pour des professionnels qui apportent de la valeur ajoutée et introduisent une concurrence saine. Notons que notre marché compte actuellement 16 compagnies et que chez nos voisins, les compagnies sont au nombre de 25 à 30. Qu'en est - il de la privatisation des compagnies d'assurances publiques et quelles sont, le cas échéant, celles qui sont éligibles à ce processus? Vous savez que le ministre des Finances a énoncé le principe de l'ouverture de capital des compagnies publiques. C'est un principe général qui demeure encore valable même si des reports de calendrier ont dû être opérés. Il y a, en fait, beaucoup de préalables à réunir pour réussir la privatisation. Il semble qu'à la CAAR, première compagnie publique proposée à la privatisation, les progrès suivent un cours normal. Peut-on connaître les éventuels repreneurs ? Je ne saurais vous le dire parce qu'il s'agit d'une question particulièrement confidentielle. Il faudra vous adresser aux administrateurs de la société et à monsieur le ministre des Finances pour en savoir plus. Maintenant que les banques commercialisent les produits d'assurance, est - ce qu'à terme elles ne vont pas éclipser l'activité des agences d'assurance classiques ? Non, les banques ne sont là que pour commercialiser, elles ne peuvent pas proposer des produits d'assurance propres à elles. Si elles s'engageaient dans cette voie, elles devraient créer leurs propres compagnies. Cela est possible, certes, mais dans des conditions précises, en particulier en matière de limitation des parts de capital contrôlées. Il faut savoir qu'une banque ne peut contrôler sans autorisation préalable plus de 20% du capital d'une compagnie d'assurance. Cette disposition est prise pour éviter le risque systémique,c'est-à-dire le risque qu'une faillite dans une banque touche la compagnie d'assurance qu'elle contrôle. Les banques sont fondamentalement limitées à la commercialisation et devront revenir vers les compagnies d'assurances pour la prise en charge des sinistres, la gestion des risques, la réassurance… La commercialisation n'est que la partie apparente de l'iceberg. Il reste l'activité en back office qui n'apparaît pas, mais qui est encore plus importante. Et pour le concept bancassurance ? Ce concept est né de la démarche qui consiste à commercialiser les produits d'assurance par les banques. Il y a d'autres relations d'affaires entre les banques et les assurances, mais elles ne sont pas désignées par le vocable bancassurance. Il y a, par exemple, ce qu'on appelle «l'assurfinance» ou la réassurance financière qui désigne le service financier qui permet de lever des capacités au niveau des banques ou du marché financier pour faire face à la charge des sinistres. Quel est le nombre des compagnies qui activent dans les secteurs privé et public ? Le marché comprend actuellement seize (16) compagnies d'assurance dont sept (7) privées, sept (7) publiques et deux (2) mutuelles. A citer parmi les compagnies publiques les historiques SAA, CAAR, CAAT et CCR. Le secteur, c'est aussi 450 agents généraux privés, une vingtaine de courtiers et un bancassureur (la CNEP) en attendant d'autres en cours. Pour quelle raison l'assurance reste t-elle confinée principalement dans l'assurance automobile et par conséquent, pourquoi les autres produits ne connaissent pas le même succès ? S'agit-il d'un problème de marketing ? Vous faites bien de parler de marketing car l'assurance ne s'exprime pas comme un besoin spontané de la population. Les besoins spontanés sont des besoins de sécurité financière, d'épargne, de prévoyance etc. Et aux assureurs de transformer ces besoins en demande d'assurance ! Il y a, là aussi, un problème d'offre pour initier la population et les entreprises susceptibles de recourir à l'assurance. Les compagnies sont conscientes de cette carence. Encore une fois, le potentiel est énorme si l'on regarde l'ampleur des PME/PMI et des professions libérales qui ne sont pas assurées alors que la loi les y oblige. Je pense aux médecins privés, aux avocats, aux notaires, aux architectes... L'enjeu pour les compagnies est de s'approcher de ces entreprises et professionnels, de proposer un produit adapté à leurs besoins et de savoir convaincre en démontrant son utilité, la pertinence des garanties offertes... Le marketing s'occupe d'instaurer la confiance laquelle dépend, en vérité, de la disposition de l'assureur avec le client au moment où il a le plus besoin de soutien. Le développement de l'assurance passe par la conquête des personnes physiques et morales aux solutions assurantielles. Cela suppose du marketing et un vrai service en back office. Qui occupe plus de parts de marchés ? Le privé occupe 25% des parts mais il n'a pas évolué depuis 4 années. Cela est probablement lié aux récentes péripéties qu'ont connues certaines institutions financières privées dont les deux compagnies privées dissoutes (Star Hana et Al-Rayane assurance). Le secteur public occupe le reste des parts du marché. Notons cependant que les entreprises traditionnelles (créées avant 1995) continuent de perdre des parts au profit des nouvelles entreprises (pas toutes privée). Pourquoi les produits phares chez les compagnies étrangères, tels que l'assurance - vie, la retraire complémentaire, restent-ils marginaux chez nous ? Notre système de retraite pour les salariés est l'un des plus généreux dans le monde. Cela explique que les salariés n'ont pas exprimé de besoin de retraite complémentaire. Aujourd'hui, le salarié peut, après 32 ans de cotisations, prétendre à une retraite correspondant à 80 % de sa rémunération moyenne des 5 dernières années de travail. Ailleurs, en France par exemple, après 40 ans de service, le salarié a droit à une retraite correspondant à 50% de la moyenne des salaires des 20 dernières années. Dans ce dernier cas, une retraite complémentaire est indispensable. Malgré cela, les besoins de couverture complémentaire non couverts encore par les assureurs sont importants y compris chez les salariés et ces besoins ne feront que croître au fur et à mesure de la révision inéluctable à la baisse des prestations de la sécurité sociale. En matière d'assurance complémentaire maladie, les prestations actuelles dans le cadre des mutuelles d'assurance sociales et de l'assurance groupe, sont encore très insuffisantes. Des possibilités énormes de développement existent. En matière de retraite, les cadres et certaines corporations de métiers bien rémunérés en expriment déjà le besoin. Ainsi, les travailleurs des entreprises nationales de l'énergie ont créé au sein de leurs mutuelles des prestations de ce type. Aujourd'hui, beaucoup d'autres corporations lorgnent sur cet exemple… Au-delà des salariés, il y a aussi les non salariés dont l'affiliation à la sécurité sociale vise plus à s'acquitter d'une formalité administrative que d'obtenir les prestations offertes. Tout ou presque est à faire … Les assureurs ont du pain sur la planche qu'ils n'ont pas su, jusqu'ici, …enfourner. Est-ce que le CNA appelle à engager des réformes dans ce sens ? Nous avons exprimé notre avis aux différents acteurs y compris au CNES lorsque l'on a été audité sur la sécurité sociale. Nous avons émis le vœu que la sécurité sociale se réfère aux prix du marché et aux honoraires réels pour afficher le niveau de ses prestations. Cela serait très utile pour, d'une part, les assurés sociaux dans la mesure où ils situeraient mieux ainsi leurs besoins de couverture complémentaire et pour, d'autre part, les assureurs qui auraient à offrir ces prestations complémentaires. Le fait de se référer à des tarifs normatifs biaise un peu l'identification des besoins en matière d'assurance complémentaire. Au-delà de cette proposition, les assureurs économiques doivent développer des prestations d'assurance complémentaires qui couvrent les débours réels des assurés. Dans ce sens, ils seront, à un moment ou un autre, conduits à s'associer pour construire des réseaux communs de praticiens, laboratoires et cliniques conventionnés qui exerceront selon des normes arrêtées d'un commun accord. Nous sommes impatients de voir les compagnies agir dans ce sens… L'assurance automobile va augmenter de 20 % durant les 5 prochaines années. A quoi correspond cette hausse ? Cette hausse graduelle de 5 % tous les 6 mois (20% en deux ans donc) ne fait que rattraper un déficit extrêmement lourd estimé à 70%. Cette hausse est en relation avec la charge que supportent les compagnies d'assurance inhérente à la hausse des coûts de la pièce détachée et de la main d'œuvre. Il y a aussi les indemnités dues aux dommages corporels qui sont indexées au SNMG, lequel est passé de 8.000 à 12.000 DA, alors que l'assurance est restée au même prix depuis 1999. Comment le CNA perçoit-il le nouveau filon qui a fait son apparition chez nous consistant en la commercialisation de certains produits supposés être en conformité avec la religion ? Ce sont des produits proposés par certaines compagnies qui se veulent être conformes à la Charia. Ils répondent à certaines appréhensions et besoins. des produits qui contournent ces problèmes. Ils ont été agréés par le ministère des Finances et peuvent être commercialisés. En cela, il faut laisser le marché arbitrer. On a l'impression que l'offre existe déjà et que ces compagnies changent juste l'emballage pour rendre le produit plus séduisant… Il est clair que les compagnies commerciales visent le gain et la fructification de leurs capitaux. Les compagnies mutuelles, par contre, peuvent n'envisager que l'amélioration du service pour leurs sociétaires… Cependant, certaines convictions se formalisent sur la nature des gains, voire même sur la pratique de l'assurance dont les prestations ne seraient pas fondées sur des certitudes, mais sur les lois du hasard…Cet avis n'est, heureusement, pas général. Midi Libre : Le secteur des assurances, à l'instar des banques, est appelé à s'ouvrir à la faveur de la réforme financière, comment se met en place cette ouverture ? M. Messaoudi : Il faut savoir que le secteur des assurances est ouvert à l'investissement privé national ou étranger depuis 1995, que ces capitaux soient algériens ou étrangers. Ainsi, plusieurs compagnies privées se sont constituées. Elles sont au nombre de sept actuellement. En 2006, une loi a apporté des modifications à l'ordonnance qui régit le secteur des assurances et a autorisé la constitution de succursales de compagnies d'assurances étrangères en Algérie sans avoir à créer une société de droit algérien et cela, sous la seule condition d'un accord de réciprocité qui instaure la coopération entre les autorités de supervision des deux pays pour garantir le respect des règles prudentielles. Ainsi, nous pouvons dire que le secteur des assurances est à la pointe du libre-service en Algérie. Par comparaison, il n'est pas permis d'ouvrir une succursale d'une banque étrangère sans créer une société de droit algérien. Autre nouveauté, cette loi permet de commercialiser les produits d'assurance à travers divers réseaux commerciaux dont des banques. Ainsi, la bancassurance a démarré et avec elle de larges perspectives de développement des produits d'assurance - vie…. Dans le cadre de la loi de 2006, il est dorénavant permis de créer des mutuelles d'assurance. Jusque-là, seules les deux mutuelles héritées de la période coloniale avaient droit de cité, en l'occurrence la CNMA et la MAATEC. A présent, ce sera possible pour les corporations dépassant 5.000 personnes et ce, dès adoption du projet de statut type par les pouvoirs publics. Une nouvelle vague d'ouverture vient de naître à la faveur du règlement d'un vieux contentieux entre certaines compagnies algériennes et certaines compagnies françaises. La solution de ce problème a permis surtout de lever les contraintes d'ordre psychologiques auxquelles devaient faire face toutes les autres compagnies françaises, voire même européennes. Si la réglementation permet aux compagnies étrangères d'ouvrir seulement des succursales où se trouve alors la valeur ajoutée ? La réglementation permet aux compagnies étrangères de pratiquer l'assurance en Algérie sous toutes les formes possibles. Ainsi elles peuvent créer une compagnie d'assurance locale ou ouvrir des succursales. En permettant l'ouverture de succursales, l'Algérie s'acquitte, par ailleurs, de ses engagements multilatéraux avec l'OMC et l'Union européenne qui encouragent le libre service. L'option traduit aussi un choix stratégique qui installe le développement économique et social au dessus de la préservation de la quiétude actuelle des compagnies locales. Il s'agit surtout de développer et d'améliorer l'offre d'assurance en Algérie que ce soit par les apports nouveaux de professionnels étrangers ou par le dynamisme commercial et la concurrence sur la qualité que cette ouverture peut susciter. Etant donné l'insuffisance de l'offre d'assurance, il y a d'immenses opportunités à saisir. Il suffit pour cela de comparer le niveau de pénétration chez nous avec la moyenne internationale. Nous sommes actuellement à 0,56 % du PIB alors que la moyenne internationale se situe autour de 7 %. Donc l'offre interne ne suffit pas. Quel est donc le rapport entre l'offre et le potentiel du marché ? L'offre actuelle ne suffit pas effectivement que ce soit au niveau quantitatif ou qualitatif. Au niveau quantitatif, les capacités financières de couverture sont insuffisantes puisque les compagnies rétrocèdent systématiquement les risques sur le marché international de la réassurance alors qu'elles peuvent faire plus si elles innovent pour intégrer les ressources bancaires… Elles sont insuffisantes aussi dans la mesure où d'immenses pans de la société et de l'économie ignorent encore l'assurance. Cela suppose d'importantes capacités financières pour non seulement l'investissement en marketing nécessaire, mais aussi la liquidation des milliers de dossiers de sinistres en stock… L'offre est aussi insuffisante qualitativement en raison des faibles capacités actuarielles pour la construction de produits d'assurance adaptés aux profils des risques. Pour l'heure, les compagnies se livrent une concurrence sur un seul segment de marché, celui des entreprises et établissements publics jugés juteux. La concurrence porte le plus souvent sur les prix au détriment des intérêts à moyen et long termes de la compagnie et du marché, voire même des assurés. Au regard du potentiel actuel du marché qui est estimé grossièrement à 4 fois l'offre actuelle, il y a des parts de marché à prendre pour des professionnels qui apportent de la valeur ajoutée et introduisent une concurrence saine. Notons que notre marché compte actuellement 16 compagnies et que chez nos voisins, les compagnies sont au nombre de 25 à 30. Qu'en est - il de la privatisation des compagnies d'assurances publiques et quelles sont, le cas échéant, celles qui sont éligibles à ce processus? Vous savez que le ministre des Finances a énoncé le principe de l'ouverture de capital des compagnies publiques. C'est un principe général qui demeure encore valable même si des reports de calendrier ont dû être opérés. Il y a, en fait, beaucoup de préalables à réunir pour réussir la privatisation. Il semble qu'à la CAAR, première compagnie publique proposée à la privatisation, les progrès suivent un cours normal. Peut-on connaître les éventuels repreneurs ? Je ne saurais vous le dire parce qu'il s'agit d'une question particulièrement confidentielle. Il faudra vous adresser aux administrateurs de la société et à monsieur le ministre des Finances pour en savoir plus. Maintenant que les banques commercialisent les produits d'assurance, est - ce qu'à terme elles ne vont pas éclipser l'activité des agences d'assurance classiques ? Non, les banques ne sont là que pour commercialiser, elles ne peuvent pas proposer des produits d'assurance propres à elles. Si elles s'engageaient dans cette voie, elles devraient créer leurs propres compagnies. Cela est possible, certes, mais dans des conditions précises, en particulier en matière de limitation des parts de capital contrôlées. Il faut savoir qu'une banque ne peut contrôler sans autorisation préalable plus de 20% du capital d'une compagnie d'assurance. Cette disposition est prise pour éviter le risque systémique,c'est-à-dire le risque qu'une faillite dans une banque touche la compagnie d'assurance qu'elle contrôle. Les banques sont fondamentalement limitées à la commercialisation et devront revenir vers les compagnies d'assurances pour la prise en charge des sinistres, la gestion des risques, la réassurance… La commercialisation n'est que la partie apparente de l'iceberg. Il reste l'activité en back office qui n'apparaît pas, mais qui est encore plus importante. Et pour le concept bancassurance ? Ce concept est né de la démarche qui consiste à commercialiser les produits d'assurance par les banques. Il y a d'autres relations d'affaires entre les banques et les assurances, mais elles ne sont pas désignées par le vocable bancassurance. Il y a, par exemple, ce qu'on appelle «l'assurfinance» ou la réassurance financière qui désigne le service financier qui permet de lever des capacités au niveau des banques ou du marché financier pour faire face à la charge des sinistres. Quel est le nombre des compagnies qui activent dans les secteurs privé et public ? Le marché comprend actuellement seize (16) compagnies d'assurance dont sept (7) privées, sept (7) publiques et deux (2) mutuelles. A citer parmi les compagnies publiques les historiques SAA, CAAR, CAAT et CCR. Le secteur, c'est aussi 450 agents généraux privés, une vingtaine de courtiers et un bancassureur (la CNEP) en attendant d'autres en cours. Pour quelle raison l'assurance reste t-elle confinée principalement dans l'assurance automobile et par conséquent, pourquoi les autres produits ne connaissent pas le même succès ? S'agit-il d'un problème de marketing ? Vous faites bien de parler de marketing car l'assurance ne s'exprime pas comme un besoin spontané de la population. Les besoins spontanés sont des besoins de sécurité financière, d'épargne, de prévoyance etc. Et aux assureurs de transformer ces besoins en demande d'assurance ! Il y a, là aussi, un problème d'offre pour initier la population et les entreprises susceptibles de recourir à l'assurance. Les compagnies sont conscientes de cette carence. Encore une fois, le potentiel est énorme si l'on regarde l'ampleur des PME/PMI et des professions libérales qui ne sont pas assurées alors que la loi les y oblige. Je pense aux médecins privés, aux avocats, aux notaires, aux architectes... L'enjeu pour les compagnies est de s'approcher de ces entreprises et professionnels, de proposer un produit adapté à leurs besoins et de savoir convaincre en démontrant son utilité, la pertinence des garanties offertes... Le marketing s'occupe d'instaurer la confiance laquelle dépend, en vérité, de la disposition de l'assureur avec le client au moment où il a le plus besoin de soutien. Le développement de l'assurance passe par la conquête des personnes physiques et morales aux solutions assurantielles. Cela suppose du marketing et un vrai service en back office. Qui occupe plus de parts de marchés ? Le privé occupe 25% des parts mais il n'a pas évolué depuis 4 années. Cela est probablement lié aux récentes péripéties qu'ont connues certaines institutions financières privées dont les deux compagnies privées dissoutes (Star Hana et Al-Rayane assurance). Le secteur public occupe le reste des parts du marché. Notons cependant que les entreprises traditionnelles (créées avant 1995) continuent de perdre des parts au profit des nouvelles entreprises (pas toutes privée). Pourquoi les produits phares chez les compagnies étrangères, tels que l'assurance - vie, la retraire complémentaire, restent-ils marginaux chez nous ? Notre système de retraite pour les salariés est l'un des plus généreux dans le monde. Cela explique que les salariés n'ont pas exprimé de besoin de retraite complémentaire. Aujourd'hui, le salarié peut, après 32 ans de cotisations, prétendre à une retraite correspondant à 80 % de sa rémunération moyenne des 5 dernières années de travail. Ailleurs, en France par exemple, après 40 ans de service, le salarié a droit à une retraite correspondant à 50% de la moyenne des salaires des 20 dernières années. Dans ce dernier cas, une retraite complémentaire est indispensable. Malgré cela, les besoins de couverture complémentaire non couverts encore par les assureurs sont importants y compris chez les salariés et ces besoins ne feront que croître au fur et à mesure de la révision inéluctable à la baisse des prestations de la sécurité sociale. En matière d'assurance complémentaire maladie, les prestations actuelles dans le cadre des mutuelles d'assurance sociales et de l'assurance groupe, sont encore très insuffisantes. Des possibilités énormes de développement existent. En matière de retraite, les cadres et certaines corporations de métiers bien rémunérés en expriment déjà le besoin. Ainsi, les travailleurs des entreprises nationales de l'énergie ont créé au sein de leurs mutuelles des prestations de ce type. Aujourd'hui, beaucoup d'autres corporations lorgnent sur cet exemple… Au-delà des salariés, il y a aussi les non salariés dont l'affiliation à la sécurité sociale vise plus à s'acquitter d'une formalité administrative que d'obtenir les prestations offertes. Tout ou presque est à faire … Les assureurs ont du pain sur la planche qu'ils n'ont pas su, jusqu'ici, …enfourner. Est-ce que le CNA appelle à engager des réformes dans ce sens ? Nous avons exprimé notre avis aux différents acteurs y compris au CNES lorsque l'on a été audité sur la sécurité sociale. Nous avons émis le vœu que la sécurité sociale se réfère aux prix du marché et aux honoraires réels pour afficher le niveau de ses prestations. Cela serait très utile pour, d'une part, les assurés sociaux dans la mesure où ils situeraient mieux ainsi leurs besoins de couverture complémentaire et pour, d'autre part, les assureurs qui auraient à offrir ces prestations complémentaires. Le fait de se référer à des tarifs normatifs biaise un peu l'identification des besoins en matière d'assurance complémentaire. Au-delà de cette proposition, les assureurs économiques doivent développer des prestations d'assurance complémentaires qui couvrent les débours réels des assurés. Dans ce sens, ils seront, à un moment ou un autre, conduits à s'associer pour construire des réseaux communs de praticiens, laboratoires et cliniques conventionnés qui exerceront selon des normes arrêtées d'un commun accord. Nous sommes impatients de voir les compagnies agir dans ce sens… L'assurance automobile va augmenter de 20 % durant les 5 prochaines années. A quoi correspond cette hausse ? Cette hausse graduelle de 5 % tous les 6 mois (20% en deux ans donc) ne fait que rattraper un déficit extrêmement lourd estimé à 70%. Cette hausse est en relation avec la charge que supportent les compagnies d'assurance inhérente à la hausse des coûts de la pièce détachée et de la main d'œuvre. Il y a aussi les indemnités dues aux dommages corporels qui sont indexées au SNMG, lequel est passé de 8.000 à 12.000 DA, alors que l'assurance est restée au même prix depuis 1999. Comment le CNA perçoit-il le nouveau filon qui a fait son apparition chez nous consistant en la commercialisation de certains produits supposés être en conformité avec la religion ? Ce sont des produits proposés par certaines compagnies qui se veulent être conformes à la Charia. Ils répondent à certaines appréhensions et besoins. des produits qui contournent ces problèmes. Ils ont été agréés par le ministère des Finances et peuvent être commercialisés. En cela, il faut laisser le marché arbitrer. On a l'impression que l'offre existe déjà et que ces compagnies changent juste l'emballage pour rendre le produit plus séduisant… Il est clair que les compagnies commerciales visent le gain et la fructification de leurs capitaux. Les compagnies mutuelles, par contre, peuvent n'envisager que l'amélioration du service pour leurs sociétaires… Cependant, certaines convictions se formalisent sur la nature des gains, voire même sur la pratique de l'assurance dont les prestations ne seraient pas fondées sur des certitudes, mais sur les lois du hasard…Cet avis n'est, heureusement, pas général.