En ce mois de Ramadhan, il n'est pas inintéressant de découvrir l'ouvrage, le sixième roman du jeune écrivain algérien Salim Bachi : ‘'le Silence de Mahomet'', paru le 4 du mois en cours chez les éditions Gallimard, dans la collection Blanche. Un corpus sélectionné aussi pour le prix Goncourt. En ce mois de Ramadhan, il n'est pas inintéressant de découvrir l'ouvrage, le sixième roman du jeune écrivain algérien Salim Bachi : ‘'le Silence de Mahomet'', paru le 4 du mois en cours chez les éditions Gallimard, dans la collection Blanche. Un corpus sélectionné aussi pour le prix Goncourt. Le tout récent roman de l'auteur déroule sa trame vers l'an 600, dans les sables du désert d'Arabie, entre la Mecque et Médine et aux abords de Jérusalem. Avec Tuez-les tous, Salim ose dépeindre les derniers instants d'un des kamikazes qui était dans l'un des deux avions du 11 septembre. Il ose, car il sait que le romancier a un droit que l'historien ne peut se permettre : celui de l'imagination. Et c'est cette démarche de romancier, et donc d'être qui crée et imagine, qui semble avoir été sienne dans sa tentative de plonger dans la Sîra en furetant les nombreuses études consacrées au Sceau des prophètes (Qsssl) et à cette période unique de l'histoire musulmane. ‘'Ecrire sur le Prophète c'est, bien entendu, parler de son temps et de l'Islam actuel. J'ai tenté aussi de partir à la recherche de l'homme de son temps, aux alentours des VIe et VIIe siècles après J.C., de comprendre son époque et son action d'alors, pour saisir l'image que nous nous en faisons aujourd'hui'', dira l'auteur dans les colonnes d'un quotidien national. Et d'ajouter plus loin : ‘'C'est un double défi que de vouloir dire le passé et expliquer le présent dans un seul roman. Comme nous le savons tous, Mohammed est lié à la fois au passé et au présent de notre monde. Sa figure déterminera probablement l'avenir de toute la sphère musulmane''. Le pari est dès lors ambitieux, mais l'instinct de liberté de l'écrivain, l'est plus encore. Le choix assumé de la fiction dit d'ailleurs assez qu'il ne s'agit pas de refaire l'histoire, doxa contre doxa, mais de s'introduire plutôt dans ce qui y fait brèche, cette zone grise que peut seule féconder, quand elle est nourrie de lectures et de réflexions, l'imagination d'un créateur. C'est que la manière de Bachi, tout érudite soit-elle, vibre d'une audace discrète et inspirée. L'originalité du propos tient d'abord à sa tenue, une polyphonie qui décentre et démultiplie les points de vue: quatre voix, quatre "personnages" racontent l'ensemble des faits et gestes de Mohammad (Qsssl) à des époques identiques ou différentes de sa vie: portraits en creux ou en relief, épisodes de gloire ou de déroute, qui mettent en lumière les multiples facettes d'une personnalité fascinante tout en restant "simplement (celle d') un homme " - l'humain, quoiqu'en prise à l'intelligence même du mystère, sera résolument au cœur du récit. L'histoire du prophète est imaginée dans ce roman le Silence de Mahomet sous le regard de quatre proches : Khadidja, sa première femme, son conseiller le plus écouté, Abou Bakr qui sera le calife, et Aïcha la plus jeune de ses femmes. Attention cependant, cet ouvrage n'est pas un document historique mais bien un roman, c'est-à-dire une fiction écrite dans un style clair. A travers ce que nous racontent les quatre personnes qui l'ont le plus côtoyés, le lecteur se fait peu à peu une petite image de ce que fût ce grand prophète : du tout début lorsqu'il naît, à son mariage avec Khadidja, la révélation, son incroyable vie et enfin sa mort. Son premier roman le Chien d'Ulysse est salué par la critique et reçoit trois prix littéraires ce qui n'est pas rien pour un nouveau écrivain. Depuis, tous ses ouvrages sont généralement récompensés. Il a même eu l'occasion de séjourner dans une résidence d'écrivains à la villa Médicis en Italie. Dans sa façon de faire varier l'énonciation, sur plusieurs tons, du portrait spirituel du Messager, il n'est pas anodin que l'écrivain ait tenu à inscrire ce double héritage de femmes. Dans la lignée directe de l'académicienne Assia Djebar, dont il a à cœur de rendre hommage à son Loin de Médine, Salim Bachi nous parle de l'islam à sa naissance, à sa préhistoire, quand celui-ci reconnaissait que les femmes étaient des " gardiennes " émérites de l'islam au point de les associer aux assemblées avec les hommes, leur parole valant encore comme gage de transmission... Lorsqu'à 40 ans, Mohammad reçoit la visite de l'archange Gabriel qui lui présente un verset du Coran, n'est-ce pas à Khadija qu'il confie le récit de cette vision, à elle qu'il transmet la révélation? Dans sa façon de faire varier l'énonciation, sur plusieurs tons, du portrait spirituel du Messager, il n'est pas anodin que l'écrivain ait tenu à inscrire ce double héritage de femmes. D'une construction judicieusement étudiée, quoique souple, servie par un style à la fois vif et épuré, où alternent des images lyriques et des phrases détachées, la narration s'articule aussi autour des sourates du Livre, que le récit se charge, par l'intermédiaire des mots réhabilités par chacun des protagonistes, de mettre en scène, d'incarner. Dans cette mise en écho du texte sacré et du texte profane, le Silence de Mahomet peut ainsi prendre toute sa profondeur: la part de trouble, de mystère et d'ombre que comporte la parole de l'Envoyé de Dieu qui, quand elle vient à s'éteindre, ouvre inévitablement sur le champ périlleux de la liberté humaine, à partir duquel chacun allant sûr de sa foi et de son anecdote, s'en va réifier l'islam en dogme. ‘'Un jour l'islam sera l'étranger qu'il a commencé par être..'' prévient Mohammad en train de rendre son dernier souffle sur les genoux d'Aïcha. Se profilent déjà le danger et le désarroi, l'aporie des guerres d'interprétation à venir, qui sont, comme chacun sait, les plus âpres et les plus ravageuses. Le tout récent roman de l'auteur déroule sa trame vers l'an 600, dans les sables du désert d'Arabie, entre la Mecque et Médine et aux abords de Jérusalem. Avec Tuez-les tous, Salim ose dépeindre les derniers instants d'un des kamikazes qui était dans l'un des deux avions du 11 septembre. Il ose, car il sait que le romancier a un droit que l'historien ne peut se permettre : celui de l'imagination. Et c'est cette démarche de romancier, et donc d'être qui crée et imagine, qui semble avoir été sienne dans sa tentative de plonger dans la Sîra en furetant les nombreuses études consacrées au Sceau des prophètes (Qsssl) et à cette période unique de l'histoire musulmane. ‘'Ecrire sur le Prophète c'est, bien entendu, parler de son temps et de l'Islam actuel. J'ai tenté aussi de partir à la recherche de l'homme de son temps, aux alentours des VIe et VIIe siècles après J.C., de comprendre son époque et son action d'alors, pour saisir l'image que nous nous en faisons aujourd'hui'', dira l'auteur dans les colonnes d'un quotidien national. Et d'ajouter plus loin : ‘'C'est un double défi que de vouloir dire le passé et expliquer le présent dans un seul roman. Comme nous le savons tous, Mohammed est lié à la fois au passé et au présent de notre monde. Sa figure déterminera probablement l'avenir de toute la sphère musulmane''. Le pari est dès lors ambitieux, mais l'instinct de liberté de l'écrivain, l'est plus encore. Le choix assumé de la fiction dit d'ailleurs assez qu'il ne s'agit pas de refaire l'histoire, doxa contre doxa, mais de s'introduire plutôt dans ce qui y fait brèche, cette zone grise que peut seule féconder, quand elle est nourrie de lectures et de réflexions, l'imagination d'un créateur. C'est que la manière de Bachi, tout érudite soit-elle, vibre d'une audace discrète et inspirée. L'originalité du propos tient d'abord à sa tenue, une polyphonie qui décentre et démultiplie les points de vue: quatre voix, quatre "personnages" racontent l'ensemble des faits et gestes de Mohammad (Qsssl) à des époques identiques ou différentes de sa vie: portraits en creux ou en relief, épisodes de gloire ou de déroute, qui mettent en lumière les multiples facettes d'une personnalité fascinante tout en restant "simplement (celle d') un homme " - l'humain, quoiqu'en prise à l'intelligence même du mystère, sera résolument au cœur du récit. L'histoire du prophète est imaginée dans ce roman le Silence de Mahomet sous le regard de quatre proches : Khadidja, sa première femme, son conseiller le plus écouté, Abou Bakr qui sera le calife, et Aïcha la plus jeune de ses femmes. Attention cependant, cet ouvrage n'est pas un document historique mais bien un roman, c'est-à-dire une fiction écrite dans un style clair. A travers ce que nous racontent les quatre personnes qui l'ont le plus côtoyés, le lecteur se fait peu à peu une petite image de ce que fût ce grand prophète : du tout début lorsqu'il naît, à son mariage avec Khadidja, la révélation, son incroyable vie et enfin sa mort. Son premier roman le Chien d'Ulysse est salué par la critique et reçoit trois prix littéraires ce qui n'est pas rien pour un nouveau écrivain. Depuis, tous ses ouvrages sont généralement récompensés. Il a même eu l'occasion de séjourner dans une résidence d'écrivains à la villa Médicis en Italie. Dans sa façon de faire varier l'énonciation, sur plusieurs tons, du portrait spirituel du Messager, il n'est pas anodin que l'écrivain ait tenu à inscrire ce double héritage de femmes. Dans la lignée directe de l'académicienne Assia Djebar, dont il a à cœur de rendre hommage à son Loin de Médine, Salim Bachi nous parle de l'islam à sa naissance, à sa préhistoire, quand celui-ci reconnaissait que les femmes étaient des " gardiennes " émérites de l'islam au point de les associer aux assemblées avec les hommes, leur parole valant encore comme gage de transmission... Lorsqu'à 40 ans, Mohammad reçoit la visite de l'archange Gabriel qui lui présente un verset du Coran, n'est-ce pas à Khadija qu'il confie le récit de cette vision, à elle qu'il transmet la révélation? Dans sa façon de faire varier l'énonciation, sur plusieurs tons, du portrait spirituel du Messager, il n'est pas anodin que l'écrivain ait tenu à inscrire ce double héritage de femmes. D'une construction judicieusement étudiée, quoique souple, servie par un style à la fois vif et épuré, où alternent des images lyriques et des phrases détachées, la narration s'articule aussi autour des sourates du Livre, que le récit se charge, par l'intermédiaire des mots réhabilités par chacun des protagonistes, de mettre en scène, d'incarner. Dans cette mise en écho du texte sacré et du texte profane, le Silence de Mahomet peut ainsi prendre toute sa profondeur: la part de trouble, de mystère et d'ombre que comporte la parole de l'Envoyé de Dieu qui, quand elle vient à s'éteindre, ouvre inévitablement sur le champ périlleux de la liberté humaine, à partir duquel chacun allant sûr de sa foi et de son anecdote, s'en va réifier l'islam en dogme. ‘'Un jour l'islam sera l'étranger qu'il a commencé par être..'' prévient Mohammad en train de rendre son dernier souffle sur les genoux d'Aïcha. Se profilent déjà le danger et le désarroi, l'aporie des guerres d'interprétation à venir, qui sont, comme chacun sait, les plus âpres et les plus ravageuses.