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Prédicateurs contemporains, ou parfaits profanes
Les Fatwas anarchiques gagnent du terrain
Publié dans Le Midi Libre le 30 - 09 - 2008

Exécuter les propriétaires des chaînes satellitaires arabes, légaliser le mariage des jeunes mineures âgées de neuf ans, exiger, pour légitimer la présence d'une femme active avec son collègue homme, que cette dernière lui donne le sein, diaboliser Mickey Mouse affirmant que le dessein animé est « Haram», défendre à tout bon musulman de regarder des feuilletons turcs. Ce sont là autant de fatwas, jugées absurdes, prononcée à torts et à travers, par des prédicateurs contemporains qui s'attardent, semble-t-il, sur toutes les questions superficielles et banales qui touchent de prés ou de loin la société.
Exécuter les propriétaires des chaînes satellitaires arabes, légaliser le mariage des jeunes mineures âgées de neuf ans, exiger, pour légitimer la présence d'une femme active avec son collègue homme, que cette dernière lui donne le sein, diaboliser Mickey Mouse affirmant que le dessein animé est « Haram», défendre à tout bon musulman de regarder des feuilletons turcs. Ce sont là autant de fatwas, jugées absurdes, prononcée à torts et à travers, par des prédicateurs contemporains qui s'attardent, semble-t-il, sur toutes les questions superficielles et banales qui touchent de prés ou de loin la société.
En effet, aujourd'hui, le phénomène des fatwas se développe jour après jour et les cheikhs ne cessent « d'explorer » des sujets sur lesquels les religieux n'avaient pas leur mot à dire auparavant et où ils excellent aujourd'hui: c'est le cas du domaine social dans lequel les fatwas prolifèrent, gagnant du terrain et influence fortement les sociétés musulmans.
A ce titre, des fatwas, qualifiées d'anarchiques par de nombreux observateurs avertis, sont en vogue aujourd'hui dans le monde arabe et ne cessent de soulever un véritable tollé général. Des fatwas jugées « dangereuses », par des sociologues en raison de leur infiltration de plus en plus profonde du champ social. En ces termes, quelle serait l'étendue de l'influence de ces avis religieux ? Aussi, qui est habilité à prononcer ces fatwas ? Quel impact ont-elles sur le plan social ? Y a-t-il nécessité d'opérer un contrôle sur le contenu de ces fatwas ?
Faire la chasse aux fatwas «perverses»
S'exprimant sur la question de celui qui est habilité à prononcer des fatwas, le professeur Youssef Benhalima, enseignant à la fac d'Alger et spécialistes dans les questions religieuses, a estimé que la fatwa est, « dans l'Islam, un avis juridique donné par un spécialiste de loi religieuse sur une question particulière. En règle générale, une fatwa est émise à la demande d'un individu ou d'un juge pour régler un problème où la jurisprudence islamique n'est pas claire. Dans ce contexte, la fatwa ne doit pas être prononcée d'une manière anarchique ».
Ainsi, la fatwa est un avis religieux qui peut induire en erreur beaucoup de personnes, s'il ne s'appuie pas sur un fondement religieux solide « Coran ou Charia». « En ce sens, poursuite M. Benhalima, une fatwa, pour être fiable, est censée être fondée sur un nombre de critères; Le mufti, doit être en parfaite connaissance des donnés sociales et culturelles de son époque, il doit aussi avoir une connaissance profonde de l'Islam, de l'interprétation du Coran et de la Charia ».
A ce propos, pour M. Benhalima, il est urgent de mettre un terme à l'anarchie des fatwas, et ce, par une bonne compréhension du Coran. «Toute interprétation erronée des versets coraniques donne naissance à ce genre d'avis religieux qui rivalisent en absurdités».
En réalité, selon notre interlocuteur, tous les problèmes que connaît le monde musulman proviennent de l'incompréhension de l'islam. « Quand on voit des gens qui n'ont que des notions très superficielles de la religion, promulguer des fatwas à tort et à travers, cela ne peut que nuire à la société en créant un état de désordre général, notamment lorsque ces avis sont absurdes, tel le mariage des mineures à neuf ans », argue-t-il.
S'exprimant sur la nécessité d'un contrôle de ce type de fatwa, M. Benhalima, insiste sur l'importance d'une connaissance intellectuelle profonde de la religion. « Je persiste à dire qu'une fatwa ne peut être prononcée que par les oulémas qui ont une connaissance parfaite de l'islam et de la Charia, or ceux qui émettent ces fatwas sont souvent de parfaits profanes. Bon nombre de prédicateurs contemporains font l'amalgame entre vérité et mystifications », déclare-t-il.
Par ailleurs, d'un niveau intellectuel limité, ces imams auteurs de fetwas aussi fantasques l'un que l'autre, s'inspirent selon M. Benhalima souvent de sources non authentifiées, donnant ainsi naissance à ce type de fatwas absurdes. Un contrôle des fatwas s'impose des lors. « Il importe d'organiser et mettre un terme à l'anarchie qui règne, en suspendant ces imams et prédicateurs, dont le rôle est normalement de guider la nation musulmane vers le développement et le progrès, et non pas de s'attarder sur des questions futiles d'intérêt minime ».
Enfin, pour lutter contre les Fatwas « perverses », M. Benhalima, insiste sur l'importance du contrôle des contenus de ces fatwas.
Il est indispensable également selon lui de déterminer le profil du mufti ayant habilité à prononcer un avis religieux. «Imposer au mufti le recours à un groupe d'oulémas avant de prononcer une quelconque fatwa est une nécessité pour faire la chasse aux prédicateurs contemporains qui ne connaissent absolument rien à l'Islam, mais qui n'hésitent pas à salir son image par des fatwas qui frôle l'absurdité», déclare-t-il.
La vulnérabilité du corps social en question
Sur un autre plan, Mme Mektef. K, sociologue à l'Université d'Alger, évoque, pour expliquer l'éventuel impact des fatwas anarchique sur la société, la vulnérabilité du corps social et sa réceptivité aux poncifs de l'extrémisme. « Nous vivons un désert intellectuel dans lequel, la plupart des prédicateurs contemporains oublient le premier de leurs devoirs : permettre au Musulman de base de vivre sereinement sa religiosité sans rompre avec son temps, c'est-à-dire la modernité. Par des glissements successifs, psychologiques et théologiques, ces derniers se sentent investis d'un "savoir sacré" en rupture avec les exigences de l'époque vécue. C'est comme s'ils faisaient un retour dans le temps. Leurs corps sont physiquement présents, mais leurs esprits sont au 5ème siècle de l'Hégire. Le phénomène des fatwas existe depuis longtemps. En Arabie Saoudite, en Iran ou ailleurs, nous avons toujours eu échos de fatwas dont l'influence sur le plan social est considérable », souligne notre interlocuteur.
Aujourd'hui, en raison de l'ouverture du champ médiatique et la profusion des chaînes satellitaires religieuses, l'infiltration de l'extrémisme prônée par ces fatwas est éminente, d'où le risque de causer un grave désordre social. Et c'est pour cette raison « qu'il faut prendre des mesures sérieuses pour endiguer ce fléau est une urgence», avertit la sociologue de l'université d'Alger.
Mme Mektef insiste, pour conclure, sur l'impact extrêmement nuisible des fatwas « par satellite » ou encore celles diffusées sur le Net. Cette situation relance en dernier lieu le débat sur l'absence d'une campagne de sensibilisation des pouvoirs publics contre ce phénomène sur le terrain.
D. S.
En effet, aujourd'hui, le phénomène des fatwas se développe jour après jour et les cheikhs ne cessent « d'explorer » des sujets sur lesquels les religieux n'avaient pas leur mot à dire auparavant et où ils excellent aujourd'hui: c'est le cas du domaine social dans lequel les fatwas prolifèrent, gagnant du terrain et influence fortement les sociétés musulmans.
A ce titre, des fatwas, qualifiées d'anarchiques par de nombreux observateurs avertis, sont en vogue aujourd'hui dans le monde arabe et ne cessent de soulever un véritable tollé général. Des fatwas jugées « dangereuses », par des sociologues en raison de leur infiltration de plus en plus profonde du champ social. En ces termes, quelle serait l'étendue de l'influence de ces avis religieux ? Aussi, qui est habilité à prononcer ces fatwas ? Quel impact ont-elles sur le plan social ? Y a-t-il nécessité d'opérer un contrôle sur le contenu de ces fatwas ?
Faire la chasse aux fatwas «perverses»
S'exprimant sur la question de celui qui est habilité à prononcer des fatwas, le professeur Youssef Benhalima, enseignant à la fac d'Alger et spécialistes dans les questions religieuses, a estimé que la fatwa est, « dans l'Islam, un avis juridique donné par un spécialiste de loi religieuse sur une question particulière. En règle générale, une fatwa est émise à la demande d'un individu ou d'un juge pour régler un problème où la jurisprudence islamique n'est pas claire. Dans ce contexte, la fatwa ne doit pas être prononcée d'une manière anarchique ».
Ainsi, la fatwa est un avis religieux qui peut induire en erreur beaucoup de personnes, s'il ne s'appuie pas sur un fondement religieux solide « Coran ou Charia». « En ce sens, poursuite M. Benhalima, une fatwa, pour être fiable, est censée être fondée sur un nombre de critères; Le mufti, doit être en parfaite connaissance des donnés sociales et culturelles de son époque, il doit aussi avoir une connaissance profonde de l'Islam, de l'interprétation du Coran et de la Charia ».
A ce propos, pour M. Benhalima, il est urgent de mettre un terme à l'anarchie des fatwas, et ce, par une bonne compréhension du Coran. «Toute interprétation erronée des versets coraniques donne naissance à ce genre d'avis religieux qui rivalisent en absurdités».
En réalité, selon notre interlocuteur, tous les problèmes que connaît le monde musulman proviennent de l'incompréhension de l'islam. « Quand on voit des gens qui n'ont que des notions très superficielles de la religion, promulguer des fatwas à tort et à travers, cela ne peut que nuire à la société en créant un état de désordre général, notamment lorsque ces avis sont absurdes, tel le mariage des mineures à neuf ans », argue-t-il.
S'exprimant sur la nécessité d'un contrôle de ce type de fatwa, M. Benhalima, insiste sur l'importance d'une connaissance intellectuelle profonde de la religion. « Je persiste à dire qu'une fatwa ne peut être prononcée que par les oulémas qui ont une connaissance parfaite de l'islam et de la Charia, or ceux qui émettent ces fatwas sont souvent de parfaits profanes. Bon nombre de prédicateurs contemporains font l'amalgame entre vérité et mystifications », déclare-t-il.
Par ailleurs, d'un niveau intellectuel limité, ces imams auteurs de fetwas aussi fantasques l'un que l'autre, s'inspirent selon M. Benhalima souvent de sources non authentifiées, donnant ainsi naissance à ce type de fatwas absurdes. Un contrôle des fatwas s'impose des lors. « Il importe d'organiser et mettre un terme à l'anarchie qui règne, en suspendant ces imams et prédicateurs, dont le rôle est normalement de guider la nation musulmane vers le développement et le progrès, et non pas de s'attarder sur des questions futiles d'intérêt minime ».
Enfin, pour lutter contre les Fatwas « perverses », M. Benhalima, insiste sur l'importance du contrôle des contenus de ces fatwas.
Il est indispensable également selon lui de déterminer le profil du mufti ayant habilité à prononcer un avis religieux. «Imposer au mufti le recours à un groupe d'oulémas avant de prononcer une quelconque fatwa est une nécessité pour faire la chasse aux prédicateurs contemporains qui ne connaissent absolument rien à l'Islam, mais qui n'hésitent pas à salir son image par des fatwas qui frôle l'absurdité», déclare-t-il.
La vulnérabilité du corps social en question
Sur un autre plan, Mme Mektef. K, sociologue à l'Université d'Alger, évoque, pour expliquer l'éventuel impact des fatwas anarchique sur la société, la vulnérabilité du corps social et sa réceptivité aux poncifs de l'extrémisme. « Nous vivons un désert intellectuel dans lequel, la plupart des prédicateurs contemporains oublient le premier de leurs devoirs : permettre au Musulman de base de vivre sereinement sa religiosité sans rompre avec son temps, c'est-à-dire la modernité. Par des glissements successifs, psychologiques et théologiques, ces derniers se sentent investis d'un "savoir sacré" en rupture avec les exigences de l'époque vécue. C'est comme s'ils faisaient un retour dans le temps. Leurs corps sont physiquement présents, mais leurs esprits sont au 5ème siècle de l'Hégire. Le phénomène des fatwas existe depuis longtemps. En Arabie Saoudite, en Iran ou ailleurs, nous avons toujours eu échos de fatwas dont l'influence sur le plan social est considérable », souligne notre interlocuteur.
Aujourd'hui, en raison de l'ouverture du champ médiatique et la profusion des chaînes satellitaires religieuses, l'infiltration de l'extrémisme prônée par ces fatwas est éminente, d'où le risque de causer un grave désordre social. Et c'est pour cette raison « qu'il faut prendre des mesures sérieuses pour endiguer ce fléau est une urgence», avertit la sociologue de l'université d'Alger.
Mme Mektef insiste, pour conclure, sur l'impact extrêmement nuisible des fatwas « par satellite » ou encore celles diffusées sur le Net. Cette situation relance en dernier lieu le débat sur l'absence d'une campagne de sensibilisation des pouvoirs publics contre ce phénomène sur le terrain.
D. S.


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