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Entre sagesse et esthétisme
«Appelez-moi par mon prénom» de Nina Bouraoui
Publié dans Le Midi Libre le 30 - 10 - 2008

Un roman passionné qui voyage de Paris à Lausanne et culmine à Venise.
Un roman passionné qui voyage de Paris à Lausanne et culmine à Venise.
Fille d'une mère bretonne et d'un père djidjelien, Nina Bouraoui est doublement héritière d'une insularité irrédente faite de particularisme culturel et d'esprit rebelle. Est-ce-là le secret de son écriture singulière ? Traversé d'une houle annonciatrice d'orages, qui a su dire l'Algérie inexprimable, son verbe s'apaise cette fois, pour offrir au lecteur une histoire d'amour moderne et d'un grand classicisme.
«Il fallait baisser nos armes et embrasser la terre qui nous portait. Je pensais que le monde m'avait encore ouvert une petite porte sur la liberté. Je n'avais pas de chance, j'avais ma chance. Je comparais l'existence à une lave chaude et dorée coulant sous nos peaux, nous rendant sacrés. Je n'avais plus peur de perdre mon amour. (…) Nous n'étions pas uniquement en vie, nous étions à l'intérieur de la vie, dans ce qu'elle avait de plus beau et de plus incertain, de plus fragile et de plus puissant.»
Ces phrases humbles et sages clôturent d'une note d'espoir le tout nouveau roman de Nina Bouraoui. «Appelez-moi par mon prénom» est une œuvre qui présente une parenté par le thème et le ton avec certains écrits d'Anaïs Nin, de Sagan de Duras, de Simone de Beauvoir ou même d'Aragon. C'est le récit d'une rencontre entre une femme écrivain quadragénaire vivant seule à Paris et un artiste plasticien suisse de 23 ans. Sur fond d'œuvres d'art en gestation ou exposées dans les musées, de villes précieuses et de nature sauvage, il y est, du début à la fin, beaucoup questions de beauté. Merveilleusement beau est P. le jeune homme autour duquel se construit le récit. «Mon prince russe» l'appelle-t-elle intérieurement. «Je gardais cette image de lui au musée d'art moderne, se tenant devant une rangée de néons mauves (une œuvre de Flavin), comme tombé du ciel, les yeux hallucinés par l'intensité de la couleur (certains visiteurs portant des lunettes de soleil), le corps au centre de la pièce comme une cible, les mains dans le dos, abandonné et brûlé par la lumière, attendant que je le rejoigne, par surprise. J'aimais tant qu'il existe.» La relation qu'ils construisent est d'abord épistolaire. Le jeune homme à Lausanne, la narratrice à Paris. Lorsqu'ils se rencontrent dans une librairie, le jeune homme éperdu d'admiration lui confie une lettre où il lui déclare que ses romans l'ont aidé et guidé.
Peu à peu, la relation se développe au gré des mails et des navigations internautes. Peu pressés, les correspondants tissent des liens avant tout intellectuels à travers des débats philosophiques et artistiques. Lorsque le moment arrive de se rencontrer, la jeune femme réalise une sorte d'initiation. Effrayée par l'idée de la perte inéluctable de ce doux lien, elle refuse de penser au passé et encore moins à l'avenir. Dans ses va-et-vient entre Paris et Lausanne avec échappée sur Venise, le couple découvre les œuvres d'arts, se nourrit de beauté et vit intensément dans l'éblouissement esthétique et la communion totale. Petit à petit, l'écrivain fait la part des choses et pleine de gratitude avec la vie, elle se contente de vivre l'instant.
Ce roman très calme tranche avec les œuvres précédentes de Nina Bouraoui souvent porteuses de violence.
Née en 1967 à Rennes, Nina Bouraoui a quitté l'Algérie à l'adolescence. Ses premiers romans parlent de son enfance algérienne qui lui manque cruellement. Dès 1991, ses œuvres ont connu un succès jam ais démenti. Elle a écrit : La Voyeuse interdite (1991, Prix du Livre Inter 1991), Poing mort (1992), Le Bal des murènes (1996), L'Âge blessé (1998), Le Jour du séisme (1999), Garçon manqué (2000), La Vie heureuse (2002), Poupée Bella (2004), Mes mauvaises pensées (2005, Prix Renaudot), Avant les hommes (2007), Appelez-moi par mon prénom (2008). K. T.
Fille d'une mère bretonne et d'un père djidjelien, Nina Bouraoui est doublement héritière d'une insularité irrédente faite de particularisme culturel et d'esprit rebelle. Est-ce-là le secret de son écriture singulière ? Traversé d'une houle annonciatrice d'orages, qui a su dire l'Algérie inexprimable, son verbe s'apaise cette fois, pour offrir au lecteur une histoire d'amour moderne et d'un grand classicisme.
«Il fallait baisser nos armes et embrasser la terre qui nous portait. Je pensais que le monde m'avait encore ouvert une petite porte sur la liberté. Je n'avais pas de chance, j'avais ma chance. Je comparais l'existence à une lave chaude et dorée coulant sous nos peaux, nous rendant sacrés. Je n'avais plus peur de perdre mon amour. (…) Nous n'étions pas uniquement en vie, nous étions à l'intérieur de la vie, dans ce qu'elle avait de plus beau et de plus incertain, de plus fragile et de plus puissant.»
Ces phrases humbles et sages clôturent d'une note d'espoir le tout nouveau roman de Nina Bouraoui. «Appelez-moi par mon prénom» est une œuvre qui présente une parenté par le thème et le ton avec certains écrits d'Anaïs Nin, de Sagan de Duras, de Simone de Beauvoir ou même d'Aragon. C'est le récit d'une rencontre entre une femme écrivain quadragénaire vivant seule à Paris et un artiste plasticien suisse de 23 ans. Sur fond d'œuvres d'art en gestation ou exposées dans les musées, de villes précieuses et de nature sauvage, il y est, du début à la fin, beaucoup questions de beauté. Merveilleusement beau est P. le jeune homme autour duquel se construit le récit. «Mon prince russe» l'appelle-t-elle intérieurement. «Je gardais cette image de lui au musée d'art moderne, se tenant devant une rangée de néons mauves (une œuvre de Flavin), comme tombé du ciel, les yeux hallucinés par l'intensité de la couleur (certains visiteurs portant des lunettes de soleil), le corps au centre de la pièce comme une cible, les mains dans le dos, abandonné et brûlé par la lumière, attendant que je le rejoigne, par surprise. J'aimais tant qu'il existe.» La relation qu'ils construisent est d'abord épistolaire. Le jeune homme à Lausanne, la narratrice à Paris. Lorsqu'ils se rencontrent dans une librairie, le jeune homme éperdu d'admiration lui confie une lettre où il lui déclare que ses romans l'ont aidé et guidé.
Peu à peu, la relation se développe au gré des mails et des navigations internautes. Peu pressés, les correspondants tissent des liens avant tout intellectuels à travers des débats philosophiques et artistiques. Lorsque le moment arrive de se rencontrer, la jeune femme réalise une sorte d'initiation. Effrayée par l'idée de la perte inéluctable de ce doux lien, elle refuse de penser au passé et encore moins à l'avenir. Dans ses va-et-vient entre Paris et Lausanne avec échappée sur Venise, le couple découvre les œuvres d'arts, se nourrit de beauté et vit intensément dans l'éblouissement esthétique et la communion totale. Petit à petit, l'écrivain fait la part des choses et pleine de gratitude avec la vie, elle se contente de vivre l'instant.
Ce roman très calme tranche avec les œuvres précédentes de Nina Bouraoui souvent porteuses de violence.
Née en 1967 à Rennes, Nina Bouraoui a quitté l'Algérie à l'adolescence. Ses premiers romans parlent de son enfance algérienne qui lui manque cruellement. Dès 1991, ses œuvres ont connu un succès jam ais démenti. Elle a écrit : La Voyeuse interdite (1991, Prix du Livre Inter 1991), Poing mort (1992), Le Bal des murènes (1996), L'Âge blessé (1998), Le Jour du séisme (1999), Garçon manqué (2000), La Vie heureuse (2002), Poupée Bella (2004), Mes mauvaises pensées (2005, Prix Renaudot), Avant les hommes (2007), Appelez-moi par mon prénom (2008). K. T.


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