Spécialiste des ressources humaines et des compétences et travaillant dans un cabinet de consulting à Paris, «Méta Compétences», Alix Bouguerba est docteur en sciences économiques, diplômé en gestion des entreprises, psychologie et ingénierie de la formation. Il a débuté sa carrière comme ingénieur chercheur à l'INRA. L'auteur a réalisé des centaines de bilans de compétences et managé une équipe d'une dizaine de consultants sur cette pratique. Actuellement senior consultant à AXESSIO, il travaille sur le concept global de gestion et anticipation par les compétences en direction des entreprises et des organisations (mutations économiques, choc démographique…) Bouguerba intervient également dans les cursus universitaires professionnalisés en sciences de l'éducation, management et socio-économie. Dans cet entretien, il nous parle de la fonction tuteur en entreprises en analysant les besoins auxquels sont confrontées celle-ci. Il souligne la responsabilité sociale de l'ensemble des acteurs chargés de faciliter et d'encadrer l'accès des jeunes aux dispositifs de professionnalisation. Il aborde aussi le concept de validation des acquis d'expérience visant à favoriser la création de viviers de compétences dans les entreprises et les organisations. Enfin, notre interlocuteur traite également le sujet récurrent du recrutement et de la discrimination positive. Midi Libre : Quelles sont vos impressions sur les ressources humaines en Algérie ? Alix Bouguerba : Je suis invité par Sonatrach et le docteur Nasser, ainsi que Nassiba Marsali (DRH), aux journées scientifiques et techniques pour donner une communication sur la préparation de la relève et plus précisément sur le tutorat, comme outil permettant cette relève dans les entreprises. Sur mon appréciation des ressources humaines en Algérie, je constte qu'il y a des choses qui sont faites. Mais, il y a encore des choses à accomplir, notamment sur le plan stratégique. La question la plus importante aujourd'hui en Algérie a trait à la préparation de la relève. Depuis que je suis là aux JST 8 de Sonatrach, j'entend parler des responsables de Sonatrach et de Sonelgaz, de la préparation de la relève cependant, ils n'ont pas des éléments concrets, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de visibilité. C'est un dossier en voie de finalisation. Je suis invité en tant que chercheur, car je suis l'auteur d'ouvrages professionnels, je travaille en France où je suis reconnu je suis également spécialiste des bilans de compétences. D'ailleurs, mon premier ouvrage a été rédigé en 2004 et fait partie, aujourd'hui, des dix meilleurs ouvrages sur les compétences en France. On peut également le trouver au Canada, au Luxembourg, en Suisse et en Allemagne. Le deuxième ouvrage concerne la validation des acquis d'expérience et c'est quelque chose susceptible de se mettre en place en Algérie. Au niveau législatif et réglementaire, il y a peut-être quelque chose à faire dans ce sens. Il s'agit de personnes d'un certain niveau ayant accumulé de l'expérience de 5, 10 ou 20 années, mais dépourvus de diplômes. Donc, la validation des acquis d'expérience peut leur permettre de faire reconnaître leur capital- expérience en obtenant un diplôme. Toujours dans le cadre de la relève, quelqu'un qui possède un savoir- faire et plusieurs années d'aptitude professionnelle, détient, là, un moyen de reconnaissance important, déjà, au niveau personnel. Un cadre riche d'expérience peut facilement échanger avec un jeune diplôme. Ce capital-expérience est une attestation de compétences. Comment définissez-vous les compétences ? Les compétences sont un savoir, en principe, théorique appris à l'école et dans les universités, c'est un savoir-faire, donc c'est une expérience acquise en activité, mais c'est aussi un savoir-être. Là, on parle de coaching et de management, néanmoins, le savoir-être est une posture. C'est-à-dire que, par rapport à un ensemble de situations de travail, il y a un comportement qui doit, donc se calquer sur la fonction et le savoir être. Les compétences, c'est donc la combinaison de ces critères : compétence théorique, savoir-faire et savoir-être. Mon troisième ouvrage concerne la France et l'Europe et s'intitule «recrutement et discrimination positive». Ce qui est intéressant, puisque cela concerne les personnes d'origine algérienne, maghrébine ou étrangère installées en France et désirant travailler amis, rencontrant des difficultés, il y a un chapitre traitant, notamment de l'Algérie. Car, il aborde les liens entre l'université et l'entreprise. En Algérie, nous sommes plus en retard sur les autres pays concernant la symbiose entre l'université et l'industrie sachant que l'Algérie est un pays émergent et en voie de développement. Ce chapitre traite le repérage des compétences, donc ce sont des étudiants en amont pour pouvoir les suivre et les accompagner en entreprise en mettant en place un tutorat, un parrain, un relais de l'entreprise où l'on travaille sur des problématiques, dans un métier ou un savoir qui nous intéresse, et on peut se rencontrer tous les trois mois afin de prendre en charge le travail de recherche… De telle sorte que lorsque l'étudiant obtient son diplôme, il est immédiatement recruté sur un poste bien défini et probablement avec des stages et de l'expérience. Le quatrième ouvrage rencontre plus de succès car il examine l'accompagnement des jeunes diplômés en entreprises pour préparer la relève. Il faut d'abord repérer, au niveau des entreprises, la personne ayant des aptitudes à l'accompagnement et des aptitudes pédagogiques assurées par des formations courtes comprises entre 20 et 40 heures. Car, en 40 heures, on peut former un tuteur ayant des prédispositions et capable d'accompagner 3 ou 4 stagiaires dans l'entreprise. Comment qualifiez-vous le phénomène de la fuite des cerveaux algériens ? L'aspect salaire et conditions de travail influent négativement sur les cadres algériens démotivés qui préfèrent étaler leurs compétences dans d'autres pays plus attrayants et offrant de meilleures conditions de travail. Il y a plusieurs niveaux dans cette fuite de cerveaux et des compétences. Le départ de cadres le plus préjudiciable pour le pays concerne le palier des cadres travaillant déjà en Algérie et ayant accumulé une grande expérience et d'expertise et qui sont débauchés à l'étranger dans des métiers stratégiques. Il y a aussi beaucoup d'aviateurs qui partent à cause de l'aspect rémunération et des conditions de travail. Il faut intéresser et stabiliser ces gens là sachant que l'aspect rémunération est secondaire. Car, il doit y avoir une motivation psychologique de bonnes conditions de travail et de la reconnaissance. L'effort doit se faire à ce niveau. A. A Spécialiste des ressources humaines et des compétences et travaillant dans un cabinet de consulting à Paris, «Méta Compétences», Alix Bouguerba est docteur en sciences économiques, diplômé en gestion des entreprises, psychologie et ingénierie de la formation. Il a débuté sa carrière comme ingénieur chercheur à l'INRA. L'auteur a réalisé des centaines de bilans de compétences et managé une équipe d'une dizaine de consultants sur cette pratique. Actuellement senior consultant à AXESSIO, il travaille sur le concept global de gestion et anticipation par les compétences en direction des entreprises et des organisations (mutations économiques, choc démographique…) Bouguerba intervient également dans les cursus universitaires professionnalisés en sciences de l'éducation, management et socio-économie. Dans cet entretien, il nous parle de la fonction tuteur en entreprises en analysant les besoins auxquels sont confrontées celle-ci. Il souligne la responsabilité sociale de l'ensemble des acteurs chargés de faciliter et d'encadrer l'accès des jeunes aux dispositifs de professionnalisation. Il aborde aussi le concept de validation des acquis d'expérience visant à favoriser la création de viviers de compétences dans les entreprises et les organisations. Enfin, notre interlocuteur traite également le sujet récurrent du recrutement et de la discrimination positive. Midi Libre : Quelles sont vos impressions sur les ressources humaines en Algérie ? Alix Bouguerba : Je suis invité par Sonatrach et le docteur Nasser, ainsi que Nassiba Marsali (DRH), aux journées scientifiques et techniques pour donner une communication sur la préparation de la relève et plus précisément sur le tutorat, comme outil permettant cette relève dans les entreprises. Sur mon appréciation des ressources humaines en Algérie, je constte qu'il y a des choses qui sont faites. Mais, il y a encore des choses à accomplir, notamment sur le plan stratégique. La question la plus importante aujourd'hui en Algérie a trait à la préparation de la relève. Depuis que je suis là aux JST 8 de Sonatrach, j'entend parler des responsables de Sonatrach et de Sonelgaz, de la préparation de la relève cependant, ils n'ont pas des éléments concrets, c'est-à-dire qu'il n'y a pas de visibilité. C'est un dossier en voie de finalisation. Je suis invité en tant que chercheur, car je suis l'auteur d'ouvrages professionnels, je travaille en France où je suis reconnu je suis également spécialiste des bilans de compétences. D'ailleurs, mon premier ouvrage a été rédigé en 2004 et fait partie, aujourd'hui, des dix meilleurs ouvrages sur les compétences en France. On peut également le trouver au Canada, au Luxembourg, en Suisse et en Allemagne. Le deuxième ouvrage concerne la validation des acquis d'expérience et c'est quelque chose susceptible de se mettre en place en Algérie. Au niveau législatif et réglementaire, il y a peut-être quelque chose à faire dans ce sens. Il s'agit de personnes d'un certain niveau ayant accumulé de l'expérience de 5, 10 ou 20 années, mais dépourvus de diplômes. Donc, la validation des acquis d'expérience peut leur permettre de faire reconnaître leur capital- expérience en obtenant un diplôme. Toujours dans le cadre de la relève, quelqu'un qui possède un savoir- faire et plusieurs années d'aptitude professionnelle, détient, là, un moyen de reconnaissance important, déjà, au niveau personnel. Un cadre riche d'expérience peut facilement échanger avec un jeune diplôme. Ce capital-expérience est une attestation de compétences. Comment définissez-vous les compétences ? Les compétences sont un savoir, en principe, théorique appris à l'école et dans les universités, c'est un savoir-faire, donc c'est une expérience acquise en activité, mais c'est aussi un savoir-être. Là, on parle de coaching et de management, néanmoins, le savoir-être est une posture. C'est-à-dire que, par rapport à un ensemble de situations de travail, il y a un comportement qui doit, donc se calquer sur la fonction et le savoir être. Les compétences, c'est donc la combinaison de ces critères : compétence théorique, savoir-faire et savoir-être. Mon troisième ouvrage concerne la France et l'Europe et s'intitule «recrutement et discrimination positive». Ce qui est intéressant, puisque cela concerne les personnes d'origine algérienne, maghrébine ou étrangère installées en France et désirant travailler amis, rencontrant des difficultés, il y a un chapitre traitant, notamment de l'Algérie. Car, il aborde les liens entre l'université et l'entreprise. En Algérie, nous sommes plus en retard sur les autres pays concernant la symbiose entre l'université et l'industrie sachant que l'Algérie est un pays émergent et en voie de développement. Ce chapitre traite le repérage des compétences, donc ce sont des étudiants en amont pour pouvoir les suivre et les accompagner en entreprise en mettant en place un tutorat, un parrain, un relais de l'entreprise où l'on travaille sur des problématiques, dans un métier ou un savoir qui nous intéresse, et on peut se rencontrer tous les trois mois afin de prendre en charge le travail de recherche… De telle sorte que lorsque l'étudiant obtient son diplôme, il est immédiatement recruté sur un poste bien défini et probablement avec des stages et de l'expérience. Le quatrième ouvrage rencontre plus de succès car il examine l'accompagnement des jeunes diplômés en entreprises pour préparer la relève. Il faut d'abord repérer, au niveau des entreprises, la personne ayant des aptitudes à l'accompagnement et des aptitudes pédagogiques assurées par des formations courtes comprises entre 20 et 40 heures. Car, en 40 heures, on peut former un tuteur ayant des prédispositions et capable d'accompagner 3 ou 4 stagiaires dans l'entreprise. Comment qualifiez-vous le phénomène de la fuite des cerveaux algériens ? L'aspect salaire et conditions de travail influent négativement sur les cadres algériens démotivés qui préfèrent étaler leurs compétences dans d'autres pays plus attrayants et offrant de meilleures conditions de travail. Il y a plusieurs niveaux dans cette fuite de cerveaux et des compétences. Le départ de cadres le plus préjudiciable pour le pays concerne le palier des cadres travaillant déjà en Algérie et ayant accumulé une grande expérience et d'expertise et qui sont débauchés à l'étranger dans des métiers stratégiques. Il y a aussi beaucoup d'aviateurs qui partent à cause de l'aspect rémunération et des conditions de travail. Il faut intéresser et stabiliser ces gens là sachant que l'aspect rémunération est secondaire. Car, il doit y avoir une motivation psychologique de bonnes conditions de travail et de la reconnaissance. L'effort doit se faire à ce niveau. A. A