Le Pr. Claude Olievenstein est décédé le 14 décembre à l'âge de 75 ans. Psychiatre d'origine allemande, il fut un précurseur dans la lutte contre la toxicomanie, ouvrant dès 1971 le centre Marmottan, première structure de soins spécialisée. Psychiatre, chef de service, professeur associé en anthropologie à l'université de Lyon, et directeur de recherches en ethnopsychiatrie et anthropologie médicale, Claude Olievenstein a vécu la majeure partie de sa vie en France, après avoir fui avec ses parents les persécutions de l'Allemagne nazie. Médecin-chef des hôpitaux psychiatriques en 1968, il se penche sur le problème des toxicomanes en tant que marginaux, à la fois révoltés et en souffrance. Prenant le contre-pied de la politique répressive de l'époque (le vote de la loi du 31 décembre 1970, toujours en vigueur aujourd'hui, a criminalisé l'usage simple de drogues, le rendant passible d'un an de prison), le professeur Olievenstein a développé une approche centrée sur l'individu, son ressenti et sa rencontre avec la drogue. Selon lui, le toxicomane est "à la fois malade et non malade", dépositaire d'une expérience qui doit être abordée comme éventuellement positive ; une place importante est ménagée, dans cette approche, à l'éprouvé, au plaisir et à la mémoire de ce plaisir. Cette démarche humaine et individualisée s'est prolongée en 1971 par la fondation du Centre médical Marmottan (Centre expérimental d'accueil, d'orientation et de soins pour toxicomanes non alcooliques), qu'il définit comme une sorte de sas entre la société "normale" et tous ceux qui ne peuvent ou ne veulent y participer. A travers ce dialogue ouvert entre patients et professionnels, une stratégie d'accompagnement au long cours s'est peu à peu constituée, stratégie basée sur une relation thérapeutique particulière et structurée par un contrat tacite ou explicite, qui lie les clients à l'institution. Les toxicomanes y ont appris ou réappris à faire des choix libres et, surtout, de ne pas remplacer la dépendance à un produit par la dépendance à une institution. Pour atteindre cet objectif et accompagner les toxicomanes dans leur trajectoire, des centres d'hébergement, d'urgence, des centres de post-cure, des familles d'accueil, des appartements thérapeutiques ont été successivement créés. Le Pr. Olievenstein a également écrit de nombreux ouvrages, dont le célèbre "Il n'y a pas de drogués heureux" (1977) et publié plus d'une centaine d'articles scientifiques. Sa démarche de personnalisation des soins et d'échange dans des lieux spécialisés, sans usage de produits de substitution, n'a cependant pas fait consensus, surtout depuis l'apparition de l'épidémie de Sida, marquée par la mise en place pour tous de la politique de réduction des risques, qui a entraîné la mise en vente libre de seringues et la diffusion de produits de substitution. Cependant cette volonté de traiter humainement les "drogués" malgré leur comportement addictif a fait école : le centre Marmottan, qui a accueilli depuis 1971 plus de 40 000 toxicomanes et où de nombreux professionnels de tous les pays viennent chaque année en stage, est devenu une référence mondiale sur la prise en charge de la toxicomanie. Depuis 2000, Marc Valleur a succédé au Pr Olievenstein, atteint d'une forme grave de maladie de Parkinson. Sous son impulsion, Marmottan continue à prendre en charge humainement les toxicomanies, qu'elles soient liées à la prise d'une drogue ou non (travail, sexe, jeux vidéos, internet, etc.). Le Pr. Claude Olievenstein est décédé le 14 décembre à l'âge de 75 ans. Psychiatre d'origine allemande, il fut un précurseur dans la lutte contre la toxicomanie, ouvrant dès 1971 le centre Marmottan, première structure de soins spécialisée. Psychiatre, chef de service, professeur associé en anthropologie à l'université de Lyon, et directeur de recherches en ethnopsychiatrie et anthropologie médicale, Claude Olievenstein a vécu la majeure partie de sa vie en France, après avoir fui avec ses parents les persécutions de l'Allemagne nazie. Médecin-chef des hôpitaux psychiatriques en 1968, il se penche sur le problème des toxicomanes en tant que marginaux, à la fois révoltés et en souffrance. Prenant le contre-pied de la politique répressive de l'époque (le vote de la loi du 31 décembre 1970, toujours en vigueur aujourd'hui, a criminalisé l'usage simple de drogues, le rendant passible d'un an de prison), le professeur Olievenstein a développé une approche centrée sur l'individu, son ressenti et sa rencontre avec la drogue. Selon lui, le toxicomane est "à la fois malade et non malade", dépositaire d'une expérience qui doit être abordée comme éventuellement positive ; une place importante est ménagée, dans cette approche, à l'éprouvé, au plaisir et à la mémoire de ce plaisir. Cette démarche humaine et individualisée s'est prolongée en 1971 par la fondation du Centre médical Marmottan (Centre expérimental d'accueil, d'orientation et de soins pour toxicomanes non alcooliques), qu'il définit comme une sorte de sas entre la société "normale" et tous ceux qui ne peuvent ou ne veulent y participer. A travers ce dialogue ouvert entre patients et professionnels, une stratégie d'accompagnement au long cours s'est peu à peu constituée, stratégie basée sur une relation thérapeutique particulière et structurée par un contrat tacite ou explicite, qui lie les clients à l'institution. Les toxicomanes y ont appris ou réappris à faire des choix libres et, surtout, de ne pas remplacer la dépendance à un produit par la dépendance à une institution. Pour atteindre cet objectif et accompagner les toxicomanes dans leur trajectoire, des centres d'hébergement, d'urgence, des centres de post-cure, des familles d'accueil, des appartements thérapeutiques ont été successivement créés. Le Pr. Olievenstein a également écrit de nombreux ouvrages, dont le célèbre "Il n'y a pas de drogués heureux" (1977) et publié plus d'une centaine d'articles scientifiques. Sa démarche de personnalisation des soins et d'échange dans des lieux spécialisés, sans usage de produits de substitution, n'a cependant pas fait consensus, surtout depuis l'apparition de l'épidémie de Sida, marquée par la mise en place pour tous de la politique de réduction des risques, qui a entraîné la mise en vente libre de seringues et la diffusion de produits de substitution. Cependant cette volonté de traiter humainement les "drogués" malgré leur comportement addictif a fait école : le centre Marmottan, qui a accueilli depuis 1971 plus de 40 000 toxicomanes et où de nombreux professionnels de tous les pays viennent chaque année en stage, est devenu une référence mondiale sur la prise en charge de la toxicomanie. Depuis 2000, Marc Valleur a succédé au Pr Olievenstein, atteint d'une forme grave de maladie de Parkinson. Sous son impulsion, Marmottan continue à prendre en charge humainement les toxicomanies, qu'elles soient liées à la prise d'une drogue ou non (travail, sexe, jeux vidéos, internet, etc.).