Fondateur et rédacteur en chef de la Revue d'études palestiniennes, co-dirigeant d'ouvrages collectifs consacrés à des questions cruciales pour les réfugiés palestiniens, notamment, le droit au retour, et observateur permanent de la Palestine auprès de l'Unesco, Elias Sanbar n'en est pas moins un poète et romancier de renommée internationale. Il est également historien et essayiste. Fondateur et rédacteur en chef de la Revue d'études palestiniennes, co-dirigeant d'ouvrages collectifs consacrés à des questions cruciales pour les réfugiés palestiniens, notamment, le droit au retour, et observateur permanent de la Palestine auprès de l'Unesco, Elias Sanbar n'en est pas moins un poète et romancier de renommée internationale. Il est également historien et essayiste. «Il y a une souffrance palestinienne, un malheur quotidien. Pour moi, ce qui est essentiel, c'est que ce peuple qui est le mien respire», déclare l'artiste lors d'une conférence de presse donnée au centre d'accueil de la presse étrangère à Paris en 2007, au lendemain de la victoire du Hamas aux élections législatives. Ce malheur palestinien c'est bien peu de dire qu'il le partage. Il le porte dans son être de manière tellement incarnée qu'il n'hésite pas à déclarer en décembre 2001, lors d'une intervention au Centre Pompidou de Paris : «Nos causes nous étouffent. Nous les portons, nous serions prêts à leur sacrifier notre vie, mais elles nous étouffent.» Et, traducteur en langue française de l'œuvre de son ami, l'immense poète Mahmoud Darwich, il le cite : «Ce n'est pas seulement de l'occupation que nous aspirons à nous libérer, c'est aussi de la Palestine.» C'est dire à quel point l'identité palestinienne est, pour paraphraser le chercheur Hisham Sharabi, une braise dévorante. Il décrit, dans une courte biographie publiée en 2001 et intitulée «Le Bien des absents», cette étrange existence errante devenue, après 1948, le lot de tant de ses compatriotes. Cette année fatidique voit la fuite de sa famille loin de Haïfa, suivie de son enfance au Liban. Il y narre également ses débuts dans la lutte pour la libération de la patrie occupée, les souvenirs et le martyre de ses amis résistants, puis, après les accord d'Oslo, le retour à la maison familiale, devenu un lieu mythique pour sa mémoire enfantine enfouie. L'auteur y relate comment son père, mort au lendemain de la défaite de 1967, lui dit à propos de cette défaite : «Ne sois pas triste. Personne ne parviendra à se débarrasser de nous. La Palestine est une arête plantée dans la gorge du monde. Personne ne parviendra à l'avaler.» Auteur de nombreux ouvrages, Elias Sanbar, brouille les frontières entre les genres. Interviewé par Mona Chollet pour le journal Inventaire, il se revendique d'un style tout à fait personnel : «J'étais très rassuré quand on me disait : «Ce livre est difficile à classer.» C'était particulièrement net avec mon ouvrage précédent, «Palestine, le pays à venir», qui était un livre totalement mélangé. Je ne prétends pas que cette forme-là soit meilleure ou moins bonne qu'une autre : c'est ce que, moi, j'aime faire, et ce que je sais faire.» Elias Sanbar souligne que les récits intimes concernant la Palestine ont mis du temps à surgir et que les militants de la cause palestinienne ont longtemps été «assignés au politique». Réfléchissant sur le devenir de la littérature mondiale, il déplore le fait que la tendance à écrire des autobiographies ait fait régresser l'art de raconter des histoires. «C'est une grosse reculade, même si, en revenant à leur nombril, ces écrivains se croyaient les fers de lance d'une avancée monumentale, tant sur le plan de la culture que sur celui de l'écriture. Je ne pense pas qu'on puisse parler de soi sans passer par le monde.» Défendant la sobriété de son écriture, Elias Sanbar en profite pour détruire le mythe de la langue arabe foisonnante. «L'arabe classique, quand il est maîtrisé, est une langue auprès de laquelle Racine passerait pour un bavard !» dit-il. Il explique à la journaliste que les grandiloquences de la langue arabe blablateuses sont apparues lors de la déchéance culturelle arabe. «Les écrivains qui s'évertuent à montrer leur maîtrise, c'est précisément dans la contraction qu'ils déploient leur langue (…) Il y a un mode, dans l'écriture classique, qu'on appelle «le simple difficile». Et même : «le simple interdit». C'est-à-dire qu'il faut être sacrément fort pour y arriver !». En plus de son rôle de rédacteur en chef de la Revue d'Etudes palestiniennes, l'auteur a notamment écrit : «Palestine 1948, l'expulsion» (1984), «Les Palestiniens dans le siècle», (1994), «Palestine, le pays à venir» (1996), «Le Bien des absents» (2001), Figures du Palestinien ; Identité des origines, identité de devenir (2004). Il a traduit l'œuvre de Mahmoud Darwich dont «La Terre nous est étroite et autres poèmes» (1966-1999) et le «Le Lit de l'étrangère» (2000). Après avoir quitté en 1969, le Liban où il a vécu depuis l'âge d'un an, il poursuit ses études à Paris. Il enseigne ensuite le droit international à Paris VII, puis au Liban et aux Etats-Unis à l'université de Princeton. Il participe aux négociations bilatérales à Washington en 1992 et dirige, de 1993 à 1996, la délégation palestinienne aux pourparlers multilatéraux sur les réfugiés. Il est également membre du Conseil National palestinien depuis 1988. K. T. «Il y a une souffrance palestinienne, un malheur quotidien. Pour moi, ce qui est essentiel, c'est que ce peuple qui est le mien respire», déclare l'artiste lors d'une conférence de presse donnée au centre d'accueil de la presse étrangère à Paris en 2007, au lendemain de la victoire du Hamas aux élections législatives. Ce malheur palestinien c'est bien peu de dire qu'il le partage. Il le porte dans son être de manière tellement incarnée qu'il n'hésite pas à déclarer en décembre 2001, lors d'une intervention au Centre Pompidou de Paris : «Nos causes nous étouffent. Nous les portons, nous serions prêts à leur sacrifier notre vie, mais elles nous étouffent.» Et, traducteur en langue française de l'œuvre de son ami, l'immense poète Mahmoud Darwich, il le cite : «Ce n'est pas seulement de l'occupation que nous aspirons à nous libérer, c'est aussi de la Palestine.» C'est dire à quel point l'identité palestinienne est, pour paraphraser le chercheur Hisham Sharabi, une braise dévorante. Il décrit, dans une courte biographie publiée en 2001 et intitulée «Le Bien des absents», cette étrange existence errante devenue, après 1948, le lot de tant de ses compatriotes. Cette année fatidique voit la fuite de sa famille loin de Haïfa, suivie de son enfance au Liban. Il y narre également ses débuts dans la lutte pour la libération de la patrie occupée, les souvenirs et le martyre de ses amis résistants, puis, après les accord d'Oslo, le retour à la maison familiale, devenu un lieu mythique pour sa mémoire enfantine enfouie. L'auteur y relate comment son père, mort au lendemain de la défaite de 1967, lui dit à propos de cette défaite : «Ne sois pas triste. Personne ne parviendra à se débarrasser de nous. La Palestine est une arête plantée dans la gorge du monde. Personne ne parviendra à l'avaler.» Auteur de nombreux ouvrages, Elias Sanbar, brouille les frontières entre les genres. Interviewé par Mona Chollet pour le journal Inventaire, il se revendique d'un style tout à fait personnel : «J'étais très rassuré quand on me disait : «Ce livre est difficile à classer.» C'était particulièrement net avec mon ouvrage précédent, «Palestine, le pays à venir», qui était un livre totalement mélangé. Je ne prétends pas que cette forme-là soit meilleure ou moins bonne qu'une autre : c'est ce que, moi, j'aime faire, et ce que je sais faire.» Elias Sanbar souligne que les récits intimes concernant la Palestine ont mis du temps à surgir et que les militants de la cause palestinienne ont longtemps été «assignés au politique». Réfléchissant sur le devenir de la littérature mondiale, il déplore le fait que la tendance à écrire des autobiographies ait fait régresser l'art de raconter des histoires. «C'est une grosse reculade, même si, en revenant à leur nombril, ces écrivains se croyaient les fers de lance d'une avancée monumentale, tant sur le plan de la culture que sur celui de l'écriture. Je ne pense pas qu'on puisse parler de soi sans passer par le monde.» Défendant la sobriété de son écriture, Elias Sanbar en profite pour détruire le mythe de la langue arabe foisonnante. «L'arabe classique, quand il est maîtrisé, est une langue auprès de laquelle Racine passerait pour un bavard !» dit-il. Il explique à la journaliste que les grandiloquences de la langue arabe blablateuses sont apparues lors de la déchéance culturelle arabe. «Les écrivains qui s'évertuent à montrer leur maîtrise, c'est précisément dans la contraction qu'ils déploient leur langue (…) Il y a un mode, dans l'écriture classique, qu'on appelle «le simple difficile». Et même : «le simple interdit». C'est-à-dire qu'il faut être sacrément fort pour y arriver !». En plus de son rôle de rédacteur en chef de la Revue d'Etudes palestiniennes, l'auteur a notamment écrit : «Palestine 1948, l'expulsion» (1984), «Les Palestiniens dans le siècle», (1994), «Palestine, le pays à venir» (1996), «Le Bien des absents» (2001), Figures du Palestinien ; Identité des origines, identité de devenir (2004). Il a traduit l'œuvre de Mahmoud Darwich dont «La Terre nous est étroite et autres poèmes» (1966-1999) et le «Le Lit de l'étrangère» (2000). Après avoir quitté en 1969, le Liban où il a vécu depuis l'âge d'un an, il poursuit ses études à Paris. Il enseigne ensuite le droit international à Paris VII, puis au Liban et aux Etats-Unis à l'université de Princeton. Il participe aux négociations bilatérales à Washington en 1992 et dirige, de 1993 à 1996, la délégation palestinienne aux pourparlers multilatéraux sur les réfugiés. Il est également membre du Conseil National palestinien depuis 1988. K. T.