Les Palestiniens vivent une tragédie proprement obscène dont les actes se déroulent sans discontinuer depuis l'aube du siècle dernier : privés de leur patrie, Filastîn, expulsés hors du lieu et du temps, pillés, colonisés, massacrés, bafoués dans leurs droits - y compris ceux reconnus par l'ONU -, trompés, abusés, trahis, humiliés, ils sont interdits d'Etat, de terre, de dignité. La tragédie n'a pas pris fin, comme il a été trop légèrement annoncé, avec la signature des accords de paix en 1993 : en dépit des concessions, lourdes et douloureuses, concédées par le défunt Yasser Arafat au lendemain de la guerre du Golfe, jamais la colonisation israélienne des territoires palestiniens n'a été aussi soutenue que durant la « paix d'Oslo » ! On ne pouvait mieux faire pour discréditer les tenants, dans les rangs du mouvement national palestinien, de la voie de la négociation politique avec Israël, et renforcer, par un retour de flamme somme toute prévisible, les partisans de la lutte armée. Or, depuis la victoire électorale, aux législatives du début de l'année, du mouvement Hamas, parti islamiste hostile à la reconnaissance d'Israël et adepte de la lutte armée, le peuple palestinien subit un drame humanitaire supplémentaire : l'asphyxie financière. Décrété par l'Administration Bush en représailles au succès électoral des islamistes, le blocus financier est suivi depuis par l'ensemble de la communauté internationale. Dans l'indifférence quasi générale. Aussi, pour éclairer l'opinion publique algérienne sur l'extrême gravité du péril dans lequel est noyé le peuple palestinien, le forum de la pensée critique Les Débats d'El Watan a choisi d'exprimer sa solidarité, affective au moins autant qu'intellectuelle, avec la Palestine oubliée, en conviant à sa tribune l'ambassadeur de l'Autorité palestinienne auprès de l'Unesco, Elias Sanbar, et le directeur de la réputée Revue d'Etudes Palestiniennes, Farouk Mardam-Bey.