Il est l'un de ces intellectuels et artistes désignés en Israël comme responsables directs de l'Intifada. En effet , jugeant sa poésie subversive, les autorités israéliennes en ont interdit la circulation par décret, au lendemain du déclenchement de l'Intifada (1981).Né en 1946 à Hébron, il appartient à la génération de Mahmoud Darwich et Samih El-Qassim, cette génération qui incarne le refus de l'occupation israélienne. Chantant l'éternité de la civilisation palestinienne, son œuvre poétique apparue sur la scène littéraire dans les années soixante et en partie, mise en musique par Marcel Khalifa, est très populaire dans le monde arabe. Il est l'un de ces intellectuels et artistes désignés en Israël comme responsables directs de l'Intifada. En effet , jugeant sa poésie subversive, les autorités israéliennes en ont interdit la circulation par décret, au lendemain du déclenchement de l'Intifada (1981).Né en 1946 à Hébron, il appartient à la génération de Mahmoud Darwich et Samih El-Qassim, cette génération qui incarne le refus de l'occupation israélienne. Chantant l'éternité de la civilisation palestinienne, son œuvre poétique apparue sur la scène littéraire dans les années soixante et en partie, mise en musique par Marcel Khalifa, est très populaire dans le monde arabe. Enseignant de littérature comparée et vice-président depuis1995 de l'université de Philadelphie d'Amman, le poète déclare lors d'une interview réalisée par la revue littéraire Le Matricule des Anges en 1997, lors de la manifestation littéraire française «Les belles étrangères» consacrée à la Palestine : «Depuis l'enfance, je suis fasciné par l'ancienne civilisation de la Palestine , celle de Canaan.» En effet son œuvre puise dans le patrimoine et est évocatrice des lieux et des souvenirs de l'héritage le plus ancien de la poésie pastorale et cananéenne. Il est le créateur d'un monde parallèle qui prend la forme d'une quête esthétique qui mêle la prose aux vers. Considéré comme le Lorca du Proche-Orient il déclare que les littératures qu'il connaît, slave, anglaise ou française, forment un tout qui est en dialogue continu avec le monde arabe.«Quand je rencontre des Espagnols - et sans que nous nous le disions - nous savons que nous avons participé à une seule culture et qu'ensemble nous l'avons enrichie», ajoute-t-il. «C'est là où on peut parler d'Andalousie : on peut réactualiser cette culture avec la découverte des textes canéens. Ce qui compte, c'est de rester dans le pluralisme. Je suis contre cette culture unique que veut nous imposer la technologie américaine.» Inscrivant son existence dans la continuité de celle de ses ancêtres qui ont vécu à Hébron depuis au moins mille ans le poète signale sa proximité naturelle avec les lieux où ont vécu nombre de prophètes (sur Eux le Salut). Ne cachant pas sa fascination pour l'ancienne civilisation de la Palestine il déclare : «Là où j'ai grandi, je pouvais chaque jour toucher les pierres, les monuments, les vestiges de cette civilisation. Quand j'étais en exil dans différents pays, je me suis rendu compte de ce contact direct. J'ai été frappé par cette nostalgie de Canaan. Dans mon enfance, il y avait aussi le fait qu'Hébron était une ville voisine de Bethléem. A Nöel, j'allais dans la ville où le Christ a vu le jour. Mon rapport à Jésus et Marie n'est pas religieux : pour moi ce sont des Palestiniens avant toute chose. J'ai passé ainsi mon enfance à Bethléem, Hébron et Jérusalem.» L'universel commence par le spécifique Ezzidine al-Manacirah écrit dès l'enfance. Il commence à publier dans des revues du Caire et de Beyrouth. Il dit avoir retenu de Fédérico Garcia Lorca auquel on le compare souvent la leçon suivante : «Chercher une universalité au poème commence par une appartenance à un lieu spécifique et non le contraire.» Il définit son rapport à la mythologie comme quotidien et pense que la mythologie palestinienne influence la vie quotidienne des Palestiniens sans que ceux-ci s'en rendent compte. Il essaye d'éviter toute écriture imbibée de slogans et privilégie de travailler sur l'histoire et le lieu. Très critique à l'égard de ses contemporains il déclare que «les poètes du début des années 60 ont laissé la mythologie de leur lieu de naissance et se sont intéressés à la mythologie grecque en la plaquant sur le quotidien. Je suis aussi convaincu que la Palestine était une partie de la culture méditerranéenne et je me sens surtout méditerranéen.» «Saisir le noyau secret et subtil de l'espace» «Il y a aussi ce que j'appelle le noyau secret et subtil de l'espace que je saisis. Toutes les occupations successives qu'a subies la Palestine sont présentes dans ma poésie.» avoue le poète qui se réclame avant tout de Lorca. «Je lisais Neruda, Jacques Prévert, Henri Michaux, René Char en ce qui concerne la poésie mondiale. Les poètes arabes que j'appréciais étaient l'irakien Sayyab, le syrien Qabbani, le poète du moyen-âge Mutanabbi, et celui de la période anté-islamique Al-Qays. Mais pour moi, les livres les plus importants lus dans ma vie sont la Bible et les textes religieux cananéens. Ces textes ont été écrits quinze siècles avant la Torah. (…). Il y a plusieurs parties dans ces écrits : au début les sentences, les exhortations, puis les prières, les cantiques dans lesquels la poésie est extraordinaire. J'ai pris ces textes et ceux des Egyptiens qui parlent de l'amour et de la mort, j'ai cassé leur rythme et les ai réexploités dans mon écriture.» C'est ainsi que l'auteur devient celui qui a cassé les limites entre la métrique classique arabe et la prose arabe. «Cela reste tout de même une façon de me cataloguer», souligne toutefois le poète. Sur l'aspect intemporel de ses poèmes, aspect qui n'a cependant pas trompé le pouvoir israélien quant à leur relation directe avec l'actualité palestinienne, le poète signale que leur contemporanéité n'échappe à personne. «Quand je parle de la ville de Jafra - poème connu dans tout le monde arabe parce qu'il a été chanté par un artiste - je vois que cette mythologie de Jafra est connue maintenant de millions de gens. La liaison entre passé, présent et avenir sont là mais j'évite le slogan. Je ne veux pas faire une poésie de la résistance même si elle a cet aspect et que le peuple arabe l'a pris comme telle. Mes emprunts sont l'histoire continue, pas une réalité momentanée. On trouve les lieux où j'ai vécu mais comme les critiques arabes sont un peu paresseux ils ne voient en moi qu'un poète palestinien. Je suis d'accord quand Darwich dit que nous voir uniquement ainsi est raciste.» Malgré ses démêlés avec les pouvoirs israéliens , le poète dit, au cours de la même interview, faire la différence entre les Israéliens qui reconnaissent les droits du peuple palestinien - c'est-à-dire un état palestinien indépendant dont la capitale est Jérusalem Est - et les Israéliens qui ne veulent pas reconnaître ces droits. «J'ai été amené à connaître plusieurs de la première catégorie. Les autres, je refuse de les rencontrer», dit-il catégorique. Il souligne que les Juifs arabophones l'intéressent du fait qu'étant de culture arabe ils subissent un certain racisme. Peu connu en Europe, Ezzidine Al-manacirah n'a vu qu'une seule de ses œuvres traduites en Français. Il s'agit de l'anthologie : «Le Crachin de la langue», publiée aux éditions L'Escampette en 1997. K.T. Enseignant de littérature comparée et vice-président depuis1995 de l'université de Philadelphie d'Amman, le poète déclare lors d'une interview réalisée par la revue littéraire Le Matricule des Anges en 1997, lors de la manifestation littéraire française «Les belles étrangères» consacrée à la Palestine : «Depuis l'enfance, je suis fasciné par l'ancienne civilisation de la Palestine , celle de Canaan.» En effet son œuvre puise dans le patrimoine et est évocatrice des lieux et des souvenirs de l'héritage le plus ancien de la poésie pastorale et cananéenne. Il est le créateur d'un monde parallèle qui prend la forme d'une quête esthétique qui mêle la prose aux vers. Considéré comme le Lorca du Proche-Orient il déclare que les littératures qu'il connaît, slave, anglaise ou française, forment un tout qui est en dialogue continu avec le monde arabe.«Quand je rencontre des Espagnols - et sans que nous nous le disions - nous savons que nous avons participé à une seule culture et qu'ensemble nous l'avons enrichie», ajoute-t-il. «C'est là où on peut parler d'Andalousie : on peut réactualiser cette culture avec la découverte des textes canéens. Ce qui compte, c'est de rester dans le pluralisme. Je suis contre cette culture unique que veut nous imposer la technologie américaine.» Inscrivant son existence dans la continuité de celle de ses ancêtres qui ont vécu à Hébron depuis au moins mille ans le poète signale sa proximité naturelle avec les lieux où ont vécu nombre de prophètes (sur Eux le Salut). Ne cachant pas sa fascination pour l'ancienne civilisation de la Palestine il déclare : «Là où j'ai grandi, je pouvais chaque jour toucher les pierres, les monuments, les vestiges de cette civilisation. Quand j'étais en exil dans différents pays, je me suis rendu compte de ce contact direct. J'ai été frappé par cette nostalgie de Canaan. Dans mon enfance, il y avait aussi le fait qu'Hébron était une ville voisine de Bethléem. A Nöel, j'allais dans la ville où le Christ a vu le jour. Mon rapport à Jésus et Marie n'est pas religieux : pour moi ce sont des Palestiniens avant toute chose. J'ai passé ainsi mon enfance à Bethléem, Hébron et Jérusalem.» L'universel commence par le spécifique Ezzidine al-Manacirah écrit dès l'enfance. Il commence à publier dans des revues du Caire et de Beyrouth. Il dit avoir retenu de Fédérico Garcia Lorca auquel on le compare souvent la leçon suivante : «Chercher une universalité au poème commence par une appartenance à un lieu spécifique et non le contraire.» Il définit son rapport à la mythologie comme quotidien et pense que la mythologie palestinienne influence la vie quotidienne des Palestiniens sans que ceux-ci s'en rendent compte. Il essaye d'éviter toute écriture imbibée de slogans et privilégie de travailler sur l'histoire et le lieu. Très critique à l'égard de ses contemporains il déclare que «les poètes du début des années 60 ont laissé la mythologie de leur lieu de naissance et se sont intéressés à la mythologie grecque en la plaquant sur le quotidien. Je suis aussi convaincu que la Palestine était une partie de la culture méditerranéenne et je me sens surtout méditerranéen.» «Saisir le noyau secret et subtil de l'espace» «Il y a aussi ce que j'appelle le noyau secret et subtil de l'espace que je saisis. Toutes les occupations successives qu'a subies la Palestine sont présentes dans ma poésie.» avoue le poète qui se réclame avant tout de Lorca. «Je lisais Neruda, Jacques Prévert, Henri Michaux, René Char en ce qui concerne la poésie mondiale. Les poètes arabes que j'appréciais étaient l'irakien Sayyab, le syrien Qabbani, le poète du moyen-âge Mutanabbi, et celui de la période anté-islamique Al-Qays. Mais pour moi, les livres les plus importants lus dans ma vie sont la Bible et les textes religieux cananéens. Ces textes ont été écrits quinze siècles avant la Torah. (…). Il y a plusieurs parties dans ces écrits : au début les sentences, les exhortations, puis les prières, les cantiques dans lesquels la poésie est extraordinaire. J'ai pris ces textes et ceux des Egyptiens qui parlent de l'amour et de la mort, j'ai cassé leur rythme et les ai réexploités dans mon écriture.» C'est ainsi que l'auteur devient celui qui a cassé les limites entre la métrique classique arabe et la prose arabe. «Cela reste tout de même une façon de me cataloguer», souligne toutefois le poète. Sur l'aspect intemporel de ses poèmes, aspect qui n'a cependant pas trompé le pouvoir israélien quant à leur relation directe avec l'actualité palestinienne, le poète signale que leur contemporanéité n'échappe à personne. «Quand je parle de la ville de Jafra - poème connu dans tout le monde arabe parce qu'il a été chanté par un artiste - je vois que cette mythologie de Jafra est connue maintenant de millions de gens. La liaison entre passé, présent et avenir sont là mais j'évite le slogan. Je ne veux pas faire une poésie de la résistance même si elle a cet aspect et que le peuple arabe l'a pris comme telle. Mes emprunts sont l'histoire continue, pas une réalité momentanée. On trouve les lieux où j'ai vécu mais comme les critiques arabes sont un peu paresseux ils ne voient en moi qu'un poète palestinien. Je suis d'accord quand Darwich dit que nous voir uniquement ainsi est raciste.» Malgré ses démêlés avec les pouvoirs israéliens , le poète dit, au cours de la même interview, faire la différence entre les Israéliens qui reconnaissent les droits du peuple palestinien - c'est-à-dire un état palestinien indépendant dont la capitale est Jérusalem Est - et les Israéliens qui ne veulent pas reconnaître ces droits. «J'ai été amené à connaître plusieurs de la première catégorie. Les autres, je refuse de les rencontrer», dit-il catégorique. Il souligne que les Juifs arabophones l'intéressent du fait qu'étant de culture arabe ils subissent un certain racisme. Peu connu en Europe, Ezzidine Al-manacirah n'a vu qu'une seule de ses œuvres traduites en Français. Il s'agit de l'anthologie : «Le Crachin de la langue», publiée aux éditions L'Escampette en 1997. K.T.