L'excellence des musiciens du fondou qui se sont succédé jeudi soir à Taghit à l'occasion de l'anniversaire de Alla, père fondateur de ce genre musical des profondeurs du sud-ouest, démontre que malgré l'éloignement géographique de l'artiste, cette musique est plus vivante que jamais sur la terre qui l'a vu naître. Plus, les prestations magistrales de cette première rencontre attestent de la naissance et de l'essor d'un véritable mouvement musical qui rayonne d'ores et déjà sur la planète-son. Du jamais vu depuis El-Hadj El-Anka qui a révolutionné le chaâbi. L'excellence des musiciens du fondou qui se sont succédé jeudi soir à Taghit à l'occasion de l'anniversaire de Alla, père fondateur de ce genre musical des profondeurs du sud-ouest, démontre que malgré l'éloignement géographique de l'artiste, cette musique est plus vivante que jamais sur la terre qui l'a vu naître. Plus, les prestations magistrales de cette première rencontre attestent de la naissance et de l'essor d'un véritable mouvement musical qui rayonne d'ores et déjà sur la planète-son. Du jamais vu depuis El-Hadj El-Anka qui a révolutionné le chaâbi. Les organisateurs de cette première rencontre nationale du fondou sont à l'origine d'un véritable événement musical. Patiemment préparée depuis deux ans, essentiellement par l'association bécharie «Etre» en collaboration avec l'APC de Taghit, lieu de naissance de l'artiste, la rencontre a été sponsorisée par Algérie News, dont le directeur de publication, natif de la région, est un fervent de Alla. L'animation du concert a été assurée haut la main par notre confrère d'Algérie-News, Abdallah El-Hamel de Tindouf et par Rachid Benmoussa de Béchar. Le public comptait des connaisseurs du fondou et des vieux amis de Alla, venus d'un peu partout. De Aïn-Sefra et d'Oran comme de Tindouf ou d'Alger. Brillantissime joueurs de guembri Les artistes, triés sur le volet et jouant du luth, se sont produits à tour de rôle accompagné par Sabrou Benaïche, brillantissime joueur de gumbri de Béchar, une révélation. Les deux percussionnistes, à la derbouka, ont provoqué l'étonnement du public, surtout le jeune écolier Younès, formé à la Maison de jeunes de Béchar qui s'en est sorti avec maestria. Après une ouverture assurée par quelques troupes locales, c'est Samahi Ramadane qui a ouvert le feu, suivi de Larbi Ben Maâmar et Bouguessa Mohamed. Vite, l'âme du fondou, à savoir cette liberté totale d'interprétation et de composition spontanée qu'on nomme improvisation s'est saisie du public. Dans un état de concentration quasi-extatique, l'auditoire s'est imprégné jusqu'à la transe des envolées cathartiques des artistes. D'étonnantes compositions où passait aussi bien le souffle marin des pêcheurs de perles du Golfe et des Napolitains que celui effréné des fantasias berbères. Les lento ressuscitaient le rythme chaloupé des caravanes et rappelaient que le fondou est aussi fils de l'Afrique sub-saharienne. Le musicologue Azzedine Benyakoub de l'université d'Oran, lors de sa conférence débat qui a eu lieu avant le concert, tentait de donner une définition du genre créé par Alla en ces termes : «Expression musicale instrumentale où les mélodies arabes se conjuguent judicieusement à la rythmique africaine et ses techniques d'exécution vernaculaires, autrement dit, l'Afrique frugale revisitant les langueurs musicales du Moyen-Orient.» Au regard des compositions présentées jeudi par les continuateurs de l'œuvre du maître, on peut y ajouter toute l'ardeur et la puissance des musiques méditerranéennes, des complaintes du fado aux cavalcades du flamenco. Comment s'étonner alors de la naissance d'un mouvement qui, à l'instar de son fondateur, acquiert une envergure mondiale ? Selon le même Benyakoub, universitaire et grand ami de Alla, cette quête de sonorités aigues voisines de celles de la kora et l'utilisation de cordes non conventionnelles pour son ‘ud signaient «la filiation et l'appartenance de son répertoire au patrimoine ancestral du continent noir, véritable continuum entre la savane et le reg dont il est le porte-parole (…)». Que du bonheur ! Avec des prestations assez brèves, les artistes ont décliné quelques-unes des possibilités infinies du fondou. Après le jeu touchant de Bouguessa, Sioûd Mohamed a fait basculer l'assistance dans des sonorités marines. Fellahi Nor Edine a fait voler les danseurs sur la piste comme des oiseaux. Hamdi Cheikh, fils de Taghit a profondément ému l'assistance en jouant un très ancien morceau de Alla. Brahim Abdelaziz, frère de Alla, a préludé avec une grande douceur. Il a été suivi de Lakhdar Azzioui qui s'est produit en dernier. Sa musique calme et contemplative a constitué un véritable voyage dans l'intériorité. La clôture a été assurée par un groupe local de musique gnawie qui par ses rythmes puissants a fait passer les spectateurs d'une transe recueillie à une autre plus extériorisée. Le mot de la fin a appartenu à Mahamed Nadour, P/APC de Taghit, qui a promis au public que cette soirée ne constituait qu'un commencement pour le développement de cet art dont le fondateur est né à quelques encablures de la scène, un 15 juin 1946, dans une petite maison du vieux ksar de la ville. La soirée a été jugée trop courte par les danseurs et le public littéralement hypnotisés. Longtemps après, les vieux amis du musicien évoquaient avec chagrin et nostalgie, l'être singulier et irremplaçable qui a quitté l'Algérie en 1992 sans y revenir. Il y avait notamment Aïssaoui Mohamed, un des parrains de l'expression fondou, tirée du métier de mineur de fond qu'exerçait le père de Alla à Kenadsa. Interrogé à la fin du concert, les jeunes spectateurs, comme l'étudiant, Babadji Rafik, 19 ans, venu spécialement d'Oran, se sont dits très enchantés. Alla ne participera pas au Panaf Alla, l'artiste au doigté magique et dont l'art est qualifié de passerelle entre l'Afrique sub-saharienne et l'Afrique du Nord ne pourra, hélas, pas participer au Panaf. Les mêmes raisons qui l'ont fait s'absenter des festivités de son anniversaire à Taghit lui feront rater l'immense événement africain qui se déroulera à Alger en juillet prochain. En effet, l'artiste est programmé pour une tournée européenne des musiques hybrides. Les organisateurs de cette première rencontre nationale du fondou sont à l'origine d'un véritable événement musical. Patiemment préparée depuis deux ans, essentiellement par l'association bécharie «Etre» en collaboration avec l'APC de Taghit, lieu de naissance de l'artiste, la rencontre a été sponsorisée par Algérie News, dont le directeur de publication, natif de la région, est un fervent de Alla. L'animation du concert a été assurée haut la main par notre confrère d'Algérie-News, Abdallah El-Hamel de Tindouf et par Rachid Benmoussa de Béchar. Le public comptait des connaisseurs du fondou et des vieux amis de Alla, venus d'un peu partout. De Aïn-Sefra et d'Oran comme de Tindouf ou d'Alger. Brillantissime joueurs de guembri Les artistes, triés sur le volet et jouant du luth, se sont produits à tour de rôle accompagné par Sabrou Benaïche, brillantissime joueur de gumbri de Béchar, une révélation. Les deux percussionnistes, à la derbouka, ont provoqué l'étonnement du public, surtout le jeune écolier Younès, formé à la Maison de jeunes de Béchar qui s'en est sorti avec maestria. Après une ouverture assurée par quelques troupes locales, c'est Samahi Ramadane qui a ouvert le feu, suivi de Larbi Ben Maâmar et Bouguessa Mohamed. Vite, l'âme du fondou, à savoir cette liberté totale d'interprétation et de composition spontanée qu'on nomme improvisation s'est saisie du public. Dans un état de concentration quasi-extatique, l'auditoire s'est imprégné jusqu'à la transe des envolées cathartiques des artistes. D'étonnantes compositions où passait aussi bien le souffle marin des pêcheurs de perles du Golfe et des Napolitains que celui effréné des fantasias berbères. Les lento ressuscitaient le rythme chaloupé des caravanes et rappelaient que le fondou est aussi fils de l'Afrique sub-saharienne. Le musicologue Azzedine Benyakoub de l'université d'Oran, lors de sa conférence débat qui a eu lieu avant le concert, tentait de donner une définition du genre créé par Alla en ces termes : «Expression musicale instrumentale où les mélodies arabes se conjuguent judicieusement à la rythmique africaine et ses techniques d'exécution vernaculaires, autrement dit, l'Afrique frugale revisitant les langueurs musicales du Moyen-Orient.» Au regard des compositions présentées jeudi par les continuateurs de l'œuvre du maître, on peut y ajouter toute l'ardeur et la puissance des musiques méditerranéennes, des complaintes du fado aux cavalcades du flamenco. Comment s'étonner alors de la naissance d'un mouvement qui, à l'instar de son fondateur, acquiert une envergure mondiale ? Selon le même Benyakoub, universitaire et grand ami de Alla, cette quête de sonorités aigues voisines de celles de la kora et l'utilisation de cordes non conventionnelles pour son ‘ud signaient «la filiation et l'appartenance de son répertoire au patrimoine ancestral du continent noir, véritable continuum entre la savane et le reg dont il est le porte-parole (…)». Que du bonheur ! Avec des prestations assez brèves, les artistes ont décliné quelques-unes des possibilités infinies du fondou. Après le jeu touchant de Bouguessa, Sioûd Mohamed a fait basculer l'assistance dans des sonorités marines. Fellahi Nor Edine a fait voler les danseurs sur la piste comme des oiseaux. Hamdi Cheikh, fils de Taghit a profondément ému l'assistance en jouant un très ancien morceau de Alla. Brahim Abdelaziz, frère de Alla, a préludé avec une grande douceur. Il a été suivi de Lakhdar Azzioui qui s'est produit en dernier. Sa musique calme et contemplative a constitué un véritable voyage dans l'intériorité. La clôture a été assurée par un groupe local de musique gnawie qui par ses rythmes puissants a fait passer les spectateurs d'une transe recueillie à une autre plus extériorisée. Le mot de la fin a appartenu à Mahamed Nadour, P/APC de Taghit, qui a promis au public que cette soirée ne constituait qu'un commencement pour le développement de cet art dont le fondateur est né à quelques encablures de la scène, un 15 juin 1946, dans une petite maison du vieux ksar de la ville. La soirée a été jugée trop courte par les danseurs et le public littéralement hypnotisés. Longtemps après, les vieux amis du musicien évoquaient avec chagrin et nostalgie, l'être singulier et irremplaçable qui a quitté l'Algérie en 1992 sans y revenir. Il y avait notamment Aïssaoui Mohamed, un des parrains de l'expression fondou, tirée du métier de mineur de fond qu'exerçait le père de Alla à Kenadsa. Interrogé à la fin du concert, les jeunes spectateurs, comme l'étudiant, Babadji Rafik, 19 ans, venu spécialement d'Oran, se sont dits très enchantés. Alla ne participera pas au Panaf Alla, l'artiste au doigté magique et dont l'art est qualifié de passerelle entre l'Afrique sub-saharienne et l'Afrique du Nord ne pourra, hélas, pas participer au Panaf. Les mêmes raisons qui l'ont fait s'absenter des festivités de son anniversaire à Taghit lui feront rater l'immense événement africain qui se déroulera à Alger en juillet prochain. En effet, l'artiste est programmé pour une tournée européenne des musiques hybrides.