26 Avril 2010, Le jour d'Algérie Des pénuries de ciment sont annoncées, des détournements aussi, mais surtout des prix exorbitants sont enregistrés dans les cimenteries ou le marché de l'informel. Des arnaques ont coûté au Trésor public des centaines de milliards de centimes pour plusieurs millions de tonnes de ciment détournés en l'espace de cinq ans seulement. Le détournement du ciment, qui n'est pas quelque chose de nouveau dans notre pays, prend de l'ampleur sous d'autres formes. Des pénuries de ciment sont annoncées, des détournements aussi, mais surtout des prix exorbitants sont enregistrés dans les cimenteries ou le marché de l'informel. Face à ce problème, la Gendarmerie nationale a, durant les trois dernières années, ouvert plusieurs enquêtes concernant des affaires de détournement de ciment et plusieurs malversations ont été élucidées. Malgré tous ces efforts, le trafic de ciment continue à sévir. Selon plusieurs sources concordantes, certains entrepreneurs sont les vrais coupables de ce trafic. Ils sont impliqués directement dans beaucoup d'affaires et plusieurs d'entre eux n'ont toujours pas été interpellés pour leurs actes illégaux. En effet, des entrepreneurs qui ont arraché plusieurs projets à partir de soumissions dans le cadre du plan quinquennal 2004-2009, ont renoncé à leurs chantiers après des mois de travaux. Selon des sources concordantes, plus de 10 000 projets inscrits ont été résiliés à cause de certains entrepreneurs qui ont fini par renoncer aux travaux qui leur ont été confiés. L'objectif de ces entrepreneurs, indiquent plusieurs sources proches des dossiers de détournement de ciment, est de vendre le ciment plus cher au niveau du marché de l'informel. Une nouvelle tactique pour gagner de l'argent. Comment cela peut-il arriver ? Des enquêtes de la Gendarmerie nationale ont montré que certains entrepreneurs ont abandonné les chantiers qui leur ont été confiés contractuellement par les maîtres de l'ouvrage. Une fois le projet remporté, certains entrepreneurs peuvent acquérir du ciment auprès des cimenteries du pays à des prix très bas. Munis de plusieurs factures proforma, ils achètent près de 200 000 tonnes de ciment pour chaque projet pour le prix de 300 DA le sac. Quelques semaines après le début des travaux, ces promoteurs abandonnent les chantiers sans oublier d'emporter une quantité importante de ciment qui sera par la suite vendue au marché informel pour le prix de 600 DA le sac. Une arnaque qui doit être lourdement sanctionnée par les maîtres de l'ouvrage conformément aux articles 99 et 100 du code des marchés. Mieux encore, les maîtres de l'ouvrage ont le droit de mettre en demeure les entrepreneurs de reprendre les travaux. A l'issue de la troisième mise en demeure, ils sont en mesure de résilier le marché. Certes, cette procédure prend généralement presque un an, une durée qui permet malheureusement à la plupart de ces promoteurs escrocs de vendre le ciment détourné sans qu'ils soient interpellés ou inquiétés par les services concernés. Le cahier des clauses administratives générales autorise les maîtres de l'ouvrage à procéder à la saisie des matériels et matériaux de l'entreprise qui n'a pas honoré ses engagements. Mais aucune action de ce genre n'a été enregistrée contre ces entrepreneurs escrocs.