Le Temps d'Algérie 23 mai 2010 Secrétaire, assistante, femme de… Va-t-on dans un avenir proche cesser de faire confiance à un collaborateur recruté dans des conditions où la pitié a prévalu ? Une jeune fille rencontrée au palais de justice d'Alger avait été recrutée à sa demande pressante car elle a décrit son dénuement pitoyable, misérable. Le comportement de la demandeuse d'emploi avait touché l'avocat qui allait se jeter dans le bassin de l'abus de confiance où il sera plus tard victime, car il y laissera des plumes et des millions de centimes subtilisés du coffre-fort, car la fille avait, seule, le double de la clé du coffre-fort non forcé ni détraqué. Aucune fracture des six serrures des portes extérieures et intérieures. Aucune empreinte digitale d'un étranger au cabinet, selon la victime, qui se dit victime une seconde fois lorsqu'il avait appris avec amertume l'évaporation de la plainte au tribunal. Elle était la suspecte rien qu'à voir le nouveau train de vie de madame, car entre-temps, elle s'était mariée, et la preuve, toujours selon l'avocat et ses collaborateurs, elle avait acheté en un minimum de temps passé au cabinet, deux – pas une ! – voitures de tourisme de luxe. Foua, une mignonne secrétaire qui rencontre un homme de loi qui cherchait une assistante qui puisse tout faire dans le domaine du secrétariat d'abord et dans la gestion du cabinet ensuite. Elle avait fini par pleurer devant l'avocat qui finit par la recruter de bonne foi, assuré par la classe apparente de la jeune fille. Des mois s'écoulèrent, puis l'assistante commença à faire le vide autour du patron, trop occupé par ses dossiers et ses nombreux déplacements dans les quatre coins du pays et même de la Méditerranée. Et faire le vide, c'était d'abord liquider le gardien de nuit et du week-end avant de s'emparer du poste de… femme de ménage du week-end.- «Maître, je vais convoler en justes noces. Pourquoi ne pas me laisser faire le ménage et gagner à la sueur de mon front les sous à réunir ?», avait-elle déclaré au boss du cabinet. Puis l'assistante passa aux stagiaires, elle les liquida en moins de deux pour le plus petit prétexte, et voilà les gêneurs out. Elle avait cependant une avocate aux aguets, vigilante qui l'avait à l'œil, elle se méfiait de cette secrétaire-assistante-régisseuse-femme de ménage et femme à tout faire. Elle le fera jusqu'au jour où le destin a voulu que l'avocate perde son frère et sa mère. Désespérée, elle laissa tout tomber et laissa (aussi) tomber le patron qui avait compati à la douleur de sa jeune consœur et compris son isolement momentané, puis tout alla vite. L'assistante régisseuse montrait des signes évidents d'une subite aisance financière, elle s'offrit même deux voitures neuves dont l'une à son père qui n'avait pas demandé à sa fille la provenance des deux voitures dont le prix allait jusqu'à trois cents millions de centimes ! Un beau matin, l'avocat ouvrit le coffre-fort, et là, stupeur ! Des millions évaporés, et les premiers soupçons iront vers l'unique possesseur des doubles des clés du coffre-fort ! Ruades, cris, horreur, accusation ! Rien n'y fit. L'avocat réfuta la version de son assistante qui a nié, qui nie et qui continue de nier. L'affaire est en justice, elle avait été renvoyée pour le mois prochain en attendant que les témoins arrivent à débiter la vérité. Ce qui est troublant, c'est que le beau-père de l'inculpée d'abus de confiance avait restitué une voiture sur les deux acquises probablement avec l'argent subtilisé par l'assistante-régisseuse- femme de ménage. Mais tout cela se saura à la barre, car la victime n'a d'autre choix que de faire confiance à la justice, une justice avec ses hauts et ses bas, car la victime s'était plainte que la première plainte avait disparu des tiroirs du tribunal, ce qui avait valu une engueulade sans précédent du patron du parquet, un patron connu pour sa rectitude, surtout qu'il avait appris au passage que l'assistante inculpée avait ses entrées. Et ça, ce n'est pas bon pour la justice.