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Diar Echems : « C'est une cité réservée aux indigènes »
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 28 - 09 - 2010

Diar-Echems, la favela d'Alger: «Ici pour un moment intime, l'homme doit emmèner sa femme à l'hôtel»
In DNA (Dernières Nouvelles d'Algérie).
Mardi, 28 Septembre 2010, 14:01 | Ferhat Said
REPORTAGE.Pourtant, on leurs avait promis en octobre 2009, puis en mars 2010 la fin du calvaire. L'été est passé, l'automne s'est installé, bientôt l'hiver, et ils attendent encore ces habitants de la cité Diar Echems, commune d'El Madania, sur les hauteurs d'Alger. En octobre 2009, cette cité -bidonville de la capitale a été secouée par de violentes émeutes. Prés d'une année après, qu'est ce qui a changé dans cette favela où habitent plus de 10 000 personnes?
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Perchée sur une petite colline, située à quelques centaines de mètres du siège de la Présidence de la république, à un battement d'aile de pigeon des résidences chics et huppées du Golf et de Hydra, Diars Echems (les maisons du soleil) est un bidonville où habitent, cohabitent, survivent plus de 10 000 âmes dans des appartements exigus, crasseux, lépreux. Une verrue comme il y' existe beaucoup dans cette capitale peuplée par plus de 1,5 millions personnes. C'était en octobre 2009. Des jeunes de cette cité construite en 1958 à l'époque où l'Algérie était encore une colonie française, ont déclenché de violentes émeutes pour protester contre leurs conditions de vie.
Logements insalubres, hygiène déplorable, promiscuité insoutenable, drogue, délinquance, insécurité, oisiveté, la vie à Diar Echems n'a rien à envier aux favelas de Rio, au Brésil. Cette colère d'octobre est d'autant grande que les autorités s'étaient engagées, à maintes reprises, à reloger les familles dans d'autres quartiers de la grande capitale, construits grâce au programme de 1 million de logements lancé par le gouvernement. Oui, des logements neufs, pour en finir avec cette misère indigne d'un pays qui a engrangé plus de 500 milliards de dollars au courant de la dernière décennie.
Des hommes en costume-cravate sont venus à Diar Echems pour promettre
Une fois que Diar Echems, que ces logements cages à poules, que ces habitants qui vomissement ce qui représente de près ou de loin l'administration, aient fait le tour de la planète via les médias ; une fois le clame revenu, les autorités ont réitéré leurs engagements : reloger les habitants. Des hommes en costume-cravate sont venus à Diar Echems pour rassurer, calmer, promettre. C'est ainsi qu'en mars 2010, 307 familles ont quitté définitivement la miséreuse Diar Echems pour aller vivre ailleurs. 307 sur plus de 1150 familles, trop peu pour calmer les habitants. Début septembre 2010, ceux qui ne faisaient pas partie du lot des heureux bénéficiaires, apprennent avec stupéfaction qu'aucun nouveau programme de relogement ne leur a été réservé par le gouvernorat d'Alger. Alors que d'autres familles, installées dans des quartiers aussi infâmes que Diar Echems, ont bénéficié de logements neufs dans la périphérie de la capitale. La déception, puis de nouveau la colère.
Mardi, 21 septembre, des dizaines de jeunes descendent dans la rue dite «Les Jasmins» reliant Bir Mourad Raïs à El Madania. A l'aide de grosses pierres et de divers projectiles, ils bloquent la circulation automobile. Comme en octobre 2009, l'intervention de la police antiémeute pour dégager la voie donne lieu à des échauffourées qui ont duré plusieurs heures. Pourquoi cette nouvelle poussée de fièvre? Qu'attendent les habitants ? Quelque chose a-t-il changé dans cette cité lépreuse une année après le premier coup de sang?
Jeudi 23 septembre, deux jours après les heurts entre jeunes et policiers, la tension est encore palpable. Dans cette cité où tout le monde connait tout monde, nul besoin de se présenter comme journaliste tant les étrangers sont vite repérés. Ici, tout le monde veut parler. Chacun se propose de raconter son calvaire, monter le petit réduit qui sert de logement, crier son ras-le-bol, vider son sac.
«Nous ne voulons pas passer 20 ans supplémentaires ici.»
«Elles (les autorités) sont en train de reloger tout le monde, sauf nous. Ils nous ont pourtant promis de trouver une solution avant la fin de l'année. C'est de la hogra! (injustice)», lance un jeune. Un autre lui coupe la parole : «Le wali (préfet) délégué de Sidi M'hamed avait promis de reloger au plus tard au mois d'octobre prochain la totalité des familles. Mais depuis aucun contact. Ils nous baladent avec leurs promesses jamais tenues.» Au lendemain des émeutes d'octobre 2009, les autorités ont pris la décision de procéder au relogement des familles vivant dans ce quartier. Une première opération a été entamée en mars 2010. « Ce mois-là, explique Mohamed, fonctionnaire, 307 familles ont été transférées à Bir Khadem dans des logements neufs, note-t-il. Depuis, aucun responsable n'est revenu s'enquérir du sort des familles qui s'entassent encore dans des F1 et des F2.»
« Nous ne sommes pas Algériens nous aussi?»
«Toutes nos tentatives de prendre attache avec les responsables de la Daïra (sous-préfecture) se sont avérées vaines, note un jeune du quartier. Nous n'avons obtenu aucun renseignement sur l'avancement de nos dossiers. Au cours du mois d'août dernier, nous avons appris qu'aucun nouveau programme de relogement n'est prévu pour nous. Ils nous ont donc menti. Pourtant, ce ne sont pas les logements qui manquent à Alger. Pourtant, ils donnent des logements à d'autres familles, mais pas à nous. Pourquoi? Nous sommes des pestiférés? Nous ne sommes pas Algériens nous aussi?», s'emporte Mohamed. Réda, chômeur, prend la parole : «Nous ne voulons pas passer 20 ans supplémentaires dans ces HLM. Les responsables doivent savoir qu'il n'y a pas uniquement 300 familles à Diar Echems, mais 1150.» «C'est une cité réservée aux indigènes, affirme un Said qui y habite depuis la fin des années 1950. L'appartement le plus vaste dans ces bâtiments a une superficie de 27 m2. Même les prisonniers d'El Harrach ont droit à 4 m2 chacun.»
Murs détruits ou éventrés, tôles froissées, morceaux de ferrailles sur le sol
Depuis les émeutes d'octobre 2009, le visage de Diar Echems s'est davantage défiguré. Aux logements cages -à-poule, aux baraques construites de bric et de broc pour abriter des familles de 10, 12, quinze personnes, s'y ajoute désormais le spectacle de ces logements, ces taudis détruits à la va-vite au lendemain de l'opération de relogement des 307 familles en mars 2010. La majorité des logements et des baraques de fortunes évacués ont été détruits. «Ils ont fait ça pour soit disant aménager des F3. Mais en réalité, c'est pour empêcher les familles restantes de prendre possession des lieux», affirme Mourad. Murs détruits ou éventrés, tôles froissées, morceaux de ferrailles, blocs de béton et autres détritus jonchant le sol, ou pendent aux murs, le spectacle ajoute une nouvelle note de délabrement à ce bidonville.
«Avant de quitter les lieux, ils ont promis de revenir. On ne les a jamais revus.»
«Les ouvriers envoyés ici ont détruits les murs et ils sont repartis sans même prendre le soin de nettoyer les lieux », maugrée Mourad. «Au lieu de finaliser leur travail, les ouvriers de l'APC se sont contentés de détruire les murs. Avant de quitter les lieux, ils ont promis de revenir. On ne les a jamais revus. «Ils ont laissé derrière eux une montagne de gravats », renchérit Aami Ahmed, 70 ans, toute une vie passée dans cette cité. Il aura espéré pendant des années un nouveau logement, ailleurs, mais son rêve risque de ne pas se concrétiser. «On a demandé des logements neuf, au lieu de quoi, ils ont envoyé des ouvriers pour casser nos vieux réduits, raconte le vieux Ahmed. En plus ils ont enlaidi les lieux avec ces amas de débris et ces nuages de poussières engendrés par la destruction des logements évacués.»
«Mon frère et moi, tous deux mariés, partageons un F1 »
Dix mois après, rien n'a changé à Diar Echems. Ici, comme il y dix, quinze ans, vingt ans, les hommes dorment à tour de rôle. «Mon frère et moi, tous deux mariés, partageons un F1, raconte Toufik la quarantaine. Moi j'occupe le balcon, lui la chambre. Parfois, quand je rentre tard je suis obligé de frapper cinq ou six fois à la porte et attendre que mon frère et sa femme se réveillent pour entrer à la maison. C'est vraiment gênant.» Les appartements ont été conçus pour une seul personne, voire un couple sans enfants. Le quorum est largement dépassé. «Il y a des familles de 6 à 7 personnes qui s'entassent dans un F1. Avant le dernier relogement, des pères de familles ont même aménagé les cages d'escalier pour s'y abriter avec femmes et enfants», souligne Mourad, notre guide.
« Pour qu'un homme ait un moment intime avec son épouse, il doit l'emmener dans un hôtel »
A l'exiguïté des appartements, s'y ajoute le manque d'intimité. Dans une société musulmane, cela engendre des situations aussi tragiques que comiques. Le balcon de chaque étage sert de passage pour tous les voisins. Malgré les rideaux en tissu installé à l'entrée de chaque pallier, personne ne peut vivre à l'abri des regards. «On n'a pas d'autres solutions. Nous devons accepter notre sort jusqu'à nouvel ordre. Vous savez qu'ici pour qu'un homme ait un moment intime avec son épouse, il doit l'emmener dans un hôtel», assène Lyes, employé d'Algérie Poste.
Des hommes comme Toufik, Lyes, Aami Ahmed, Mourad, se comptent par milliers à Diar Echems. Comment faire que ces hommes, ces femmes et ces enfants puissent enfin quitter un jour cette cité coloniale ? Attendre encore les promesses ? Se résigner au sort? Se révolter une fois de plus? «Nous avertissons les responsables que, dans le cas où les délais de relogement ne sont pas respectés, nous reprendrons la manifestation avec plus de force et tant pis s'il y a des morts», lance Mourad.


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