Certes, le monde ne va pas bien partout, apprend-t-on, et beaucoup de gens se trouvent mal, là où ils sont, essentiellement dans les pays du tiers-monde, et plus particulièrement en Afrique et en terre musulmane. Chez les Algériens, ce sentiment frôle le paroxysme. Et pour cause. Rien ne va plus dans leur vie, tant le pays se porte mal. Le pire c'est que tout le monde le sait et que la majorité est convaincue que cela ne changera jamais et que de toute façon, pensent-ils, les pays du tiers-monde sont condamnés à l'exploitation et au sous-développement. Pourtant, rien n'est moins sûr que cette affirmation grossière. Bien qu'appartenant au tiers-monde, et étant sous-développé, comme il n'est pas permis, l'Algérie est capable d'offrir aux Algériens une dignité citoyenne et une bonne qualité de vie. C'est une certitude que nous enseigne l'exil en nous permettant un autre regard sur ce qui semble insurmontable, vu de l'intérieur. La 1ère condition de changement est de faire le ménage dans les esprits pour en finir avec le fatalisme et la résignation de soumission au dictat du pouvoir : cesser de le croire invincible. Le peuple est toujours plus fort quand il décide d'arracher ses droits. La 2e (plutôt une certitude) qui veut que les plus beaux pays du monde ont commencé par la friche. La 3e (autre certitude) veut que les plus développés des peuples ont commencé ignorants. Par la friche, j'entends le territoire physique : des espaces vides et désolés aux grandes villes qui font rêver, et où la qualité de vie s'affiche autant sur le visage de leurs habitants que dans les merveilleux paysages de cartes postale où l'architecture se confond intelligemment avec l'art pour attirer et retenir les regards et en bout de ligne afficher la fierté des gens. Tandis que « peuples ignorants » renvoie aux populations qui n'avaient pas encore acquis le savoir qui permet la liberté et le droit à la dignité. C'était le cas des occidentaux, il y a à peine 2 siècles. Aujourd'hui, ce sont des modèles de « développement » les plus en vue, et beaucoup de peuples, à travers le monde, aspirent accéder à leur bien-être. Ils jouissent de cette démocratie et de cette précieuse liberté qui font défaut dans le tiers-monde. La démocratie et la liberté! Voilà à quoi rêvent les Algériens, aujourd'hui comprimés par l'état d'urgence, la hogra et la mauvaise gouvernance. Mais faudra-t-il vraiment 2 siècles pour réaliser ce rêve? Cela n'aurait pas de sens. Le savoir, si rare autrefois pour les occidentaux, est à la portée de tous les peuples en l'an 2000. À plus forte raison, quand ils sont aussi bien nantis que les Algériens. Jugeons-en : * Peuple jeune; * Héritier d'une remarquable révolution et d'un pays au potentiel extraordinaire; * Formé de centaines de milliers de lettrés (médecins, avocats, journalistes, professeurs, écrivains, artistes, militants, etc.); * Disposant d'énormes richesses naturelles; * Capable d'évaluer sa condition en se regardant dans le vaste miroir du monde; Voilà qui montre bien que le peuple algérien dispose du SAVOIR et des MOYENS nécessaires pour changer sa condition actuelle d'opprimé, et atteindre le rivage des Etats de droits, où la liberté, la justice et la dignité sont les mots clés du bien-être collectif. Certes, il ne suffit pas d'un arsenal de moyens pour bouleverser l'ordre des choses, il faut un collectif d'âmes pour produire cette étincelle d'un MOI collectif, capable d'en découdre avec l'asservissement. La liberté ne se donne pas, dit-on, elle s'arrache. Le peuple algérien devrait le savoir, lui qui avait arraché la sienne de haute lutte à l'odieux colonialisme, alors qu'il n'avait ni SAVOIR, ni MOYENS. Il n'appartient qu'à lui, à ses enfants intègres et à sa jeunesse, d'arracher encore une fois, son coin de pays à l'obscurité pour l'amarrer aux rivages de ces pays où il fait bon de vivre, et qui font rêver les gens du tiers-monde. Le pari ne semble pas risqué en cette nouvelle année 2011, laquelle dit-on, sera l'année de tous les possibles! Chiches aux Algériens de briser leurs chaînes, à commencer par l'état d'urgence!