Nos artistes, nos hommes de culture, nos universitaires, nos journalistes et nos militants s'ils veulent rester comme des étoiles qui brillent, ils doivent comprendre une bonne fois pour toutes que lorsque l'engagement n'est pas sincère, n'est pas profond, il finit toujours par se retrouver comme une ordure dans la poubelle de l'histoire. Au cours de ces trois dernières décennies de la sale guerre et des auto attentats qui ont accompagné par leurs cortèges macabres et leurs sanglots un demi siècle d'impostures, de mensonges et de complaisances, l'art du régime militaire d'Alger apparaît dans les propos de certains sportifs et artistes qui influencent et incitent les gens a accepter la junte comme un système démocratique normalement constitué. Les artistes sont devenus des outils de propagande par lesquels le régime totalitaire se fabrique une image de sauveur de la république et de protecteur des valeurs citoyennes et démocratiques. Grâce à eux, le pouvoir a réussi a imprégner les esprits d'une fausse vue de patriotisme et a forcer la jeunesse a consommer comme de la drogue le slogan que l'Etat est tout ; rien ne peut se faire sans l'Etat ou contre l'Etat. Au cours d'un concert animé dans la ville d'Oran à l'occasion des festivités du 05 juillet qui marquent l'indépendance du pays, le chanteur Lotfi DK, ainsi que Cheb Bilal, le groupe ONB, Cheb Khaled et Allaoua se sont adonné, certes chacun à sa manière, à une démonstration politique qui n'a rien a envier aux services de propagande de la junte. De vrais chaouchs ! De vrais kaids ! Dans une conférence de presse, sous leur air de stars « cool et décontracté », les ténors de la chanson algérienne ont à l'unanimité exhorté la jeunesse à faire confiance à l'ordre établi et à ne pas écouter la voix de celles et de ceux qui veulent raviver les querelles du passé, qui veulent du mal à la patrie. Ces propos ont été tenus respectivement par Lotfi DK, Cheb Billal et Cheb Khaled…que l'on est en droit de se demander s'ils n'ont pas lu une feuille de route rédigée non pas par Khalida Toumi, mais par les services de Toufik. Mais qui sont ces voix qui veulent raviver les querelles du passé ? Qui sont ces gens qui veulent du mal à la patrie ? Est-ce que demander le changement, l'alternance, la constituante et la construction d'institutions fortes et souveraines est un signe qui vise a raviver les querelles du passé, une conspiration contre le peuple algérien ? En quoi dénoncer le pouvoir personnel d'un petit homme narcissique et mégalomane, la dictature qui incite à la harga et à l'exil, la corruption, la descrimination sociale, les fourberies d'une caste de faux révolutionnaires qui retient en otage la république, les inégalités, l'injustice, la prostitution de nos valeurs identitaires…est il une marque de complot contre la stabilité du pays? Comment donc Lotfi DK et le groupe ONB sont arrivés à de telles conclusions ? Est-ce la notoriété qui leur est montée à la tête ou bien c'est leur véritable nature qui s'est révélée à Oran et qui a pris le dessus sur leurs différents déguisements avec lesquels ils se manifestent ordinairement devant leur public ? Rien n'est impossible lorsque l'on sait qu'un grand chanteur kabyle à qui H. Ait Ahmed, Ali Zammoum et d'anciens militants berbéristes cadres du PPA-MTLD ont composé plusieurs chansons, s'est avéré n'être qu'un petit adorateur de la junte et de fakhamatouhou ! Lectures: 11