Salima GHEZALI Mardi 16 Août 2011 Dans le sillage de l'attentat commis à Tizi-ouzou ce dimanche, un colonel parmi le près d'un millier de colonels à la retraite, a donné son point de vue sur la situation sécuritaire en kabylie. Il y propose que la population soit mise à contribution pour ramener la sécurité. Un propos qui en vaut un autre. Mais qui ne peut en aucun cas tenir lieu d'évaluation officielle de la situation sécuritaire de la région. Ni de ce que les autorités envisagent comme solution. Ni dans quelles conditions se prennent les décisions. Ni sur quelles bases elles se prennent. Une situation propice à toutes les manipulations. A tous les dérapages. Pour informer correctement les citoyens algériens sur l'état des lieux sécuritaire du pays ou d'une région, il n'est plus possible de faire l'économie d'une parole officielle qui fournit des informations, assume une politique et prend des engagements pour l'avenir. Depuis le début, cette « guerre contre le terrorisme » a surtout fait parler des militaires retraités ou des sources anonymes. On ne poussera pas la naïveté jusqu'à croire qu'un attentat de trop peut, chez nous, pousser à la démission le moindre responsable comme cela a été le cas ailleurs. Mais au bout de vingt ans « d'effort de guerre » où tout a été mis à contribution, sauf la clarté, pour « restaurer l'ordre et la sécurité », la somme cumulée des mensonges, des omissions, des affabulations, des approximations et des sottises a finit par faire de cette auberge espagnole qu'est l'information sécuritaire un véritable bourbier. Après vingt ans d'errements sécuritaires qui ont coûté au pays en vies humaines, en ressources multiples et en temps irrémédiablement perdu ce qu'il serait inhumain de quantifier, il faut peut-être importer la bonne vieille méthode des shérifs. Nul besoin de députés en kalashnikov ni de partis de miliciens ni de parlement pour y conclure des affaires douteuses et y acquérir l'immunité, ni de chef patriote proxénète ni de terroristes repentis avec gardes du corps : Comme au far west naguère, il faudra peut-être en arriver à voter pour des shérifs qui tiendront leur pouvoir directement des citoyens auxquels ils devront rendre des comptes et qui seront tenus pour responsables de la sécurité de nos vies et de nos biens collectifs et privés. A défaut d'être en mesure d'assumer un fonctionnement institutionnel et d'Etat, restons à l'échelle du quartier pour être à hauteur de notre génie stratégique. C'est la seule manière d'impliquer véritablement la population. Au lieu de faire seulement semblant de l'intéresser pendant que se mettent en place des dispositifs pour des guerres à venir. Aucune logique ne peut justifier que l'on dépossède les uns de simples fusils de chasse au moment où des armes de guerre sont distribuées à d'autres dont on ne sait ni à qui ils rendent des comptes ni dans quelle mesure leur action est sous contrôle. Après tout, les shérifs élus des pionniers américains ont fini par donner naissance à l'Otan alors que les services de sécurité pléthoriques des pays arabes se comportent au grand jour comme des milices au service d'une caste dominante anti populaire et corrompue. Dans un cas la sécurité nationale est une affaire politique et dans l'autre la politique est une affaire des services de sécurité. Lectures: 29