Dans le sillage des conséquences dues au départ de la gendarmerie suite aux événements douloureux de 2001, la Kabylie semble diabolisée par mille et une facettes de criminalité ambiante, à tel point que tout visiteur se passerait volontiers d'y aller. Cela paraît d'emblée quelque peu exagéré, et pour preuve, de l'avis même des gendarmes opérationnels sur les lieux et en passe présentement de reconquérir progressivement la région, la vie en Kabylie n'est pas tout aussi infernale comme il le paraît, et les noyaux criminogènes régnant sur son territoire ne diffèrent point de ceux sévissant dans les autres régions du pays. Cela dit, la Kabylie, vue des contrées autant algériennes ou par le reste de l'univers dans un monde reconverti en «petit village», se décrit comme cette région où un homme encourt perpétuellement un risque périlleux en serpentant, de nuit comme de jour, ces sentiers innombrables nichés en pleine montagne dépourvus de la moindre couverture sécuritaire. Crimes crapuleux, kidnappings, faux barrages dressés ici et là, rackets et autres mésaventures de mauvais goût, c'en est là en effet la substance d'une nouvelle réputation que se taille à ses dépens la Kabylie ou plutôt qu'on lui impose voilà maintenant presque une dizaine d'années. La région est-elle vraiment livrée éternellement aux gémonies à telle enseigne où la simple évocation du nom de la région suscite souvent une peur bleue à toute personne qui lui est étrangère, a fortiori ces investisseurs potentiels aptes à remettre sur les rails la machine du développement ? La réponse est absolument par la négative, comprend-on des explications fournies lors de la rencontre, ce jeudi, avec le premier responsable du groupement de la gendarmerie de Tizi Ouzou, intervenue dans le cadre d'une mission organisée par la cellule de communication au niveau de l'état-major de cette institution. Le lieutenant-colonel Salim Benazouz, c'est de lui qu'il s'agit, atteste en effet qu'une régression palpable de la criminalité sous toutes ses formes a été constatée en 2009 dans tout le territoire de Tizi Ouzou au sujet duquel le même intervenant refuse catégoriquement de classifier telle région comme étant plus criminogène par rapport à une autre relevant de la même wilaya. Le nombre de 215 personnes arrêtées par les gendarmes relevant du groupement de Tizi Ouzou au cours de la même année 2009 illustre à lui seul que les fléaux criminels auxquels est livrée Tizi Ouzou sont au même niveau, voire à un degré inférieur sur l'échelle de gravité comparativement aux autres wilayas du pays. Mieux, ce chiffre 215 individus appréhendés en une année paraît nettement insignifiant par rapport au nombre impressionnant de 4800 arrestations recensées en 2009 par la même corporation de la gendarmerie à Alger, distante seulement d'une centaine de kilomètres de la capitale du Djurdjura. Quid du redéploiement de la gendarmerie en Kabylie ? Jeudi dernier, beaucoup de journalistes des rédactions centrales ont été conviés à prendre part à une mission organisée par la cellule de la communication de cette institution dans la wilaya de Tizi Ouzou. En elle-même, cette initiative est significative à plus d'un titre. Elle lève le doute de façon définitive sur le retour de la gendarmerie en Kabylie qui est désormais effectif et ne prête à aucune équivoque. Le redéploiement de cette corporation à Tizi Ouzou est quant à lui progressif comme en atteste le lieutenant-colonel Benazouz Salim cité plus haut. Selon lui, le taux de couverture sécuritaire assuré par les éléments sous son commandement à Tizi Ouzou augmente d'année en année. «Le taux de couverture sécuritaire qui était seulement de 29% en 2008 a grimpé jusqu'à atteindre les 45% du territoire de la wilaya», informe le premier responsable du groupement de Tizi Ouzou de la Gendarmerie nationale. Dans le détail, Salim Benazouz affirme que 25 brigades de la gendarmerie au niveau de cette wilaya sont opérationnelles alors que 29 autres sont actuellement en cours de construction, «dont la majorité sera réceptionnée vers la fin de cette année», tient-il à préciser à ce sujet. Cela dit, ce qui ressort de plus important dans l'intervention de cet officier supérieur de la gendarmerie en évoquant le redéploiement de cette corporation à Tizi Ouzou traduit l'idée d'une réconciliation désormais scellée entre la population kabyle et les gendarmes. Une réconciliation que dicte l'impératif de sécuriser davantage la région et de faire face aux différents fléaux délictuels empestant le vécu des citoyens. Ces derniers, issus des villes et villages qui composent cette wilaya, sont de plus en plus nombreux à presser le commandement de la gendarmerie de Tizi Ouzou pour qu'il y ait installation au plus vite d'unités ou de brigades opérationnelles au niveau de leurs patelins respectifs», soutient le lieutenant colonel Benazouz. Celui-ci, tout en expliquant le processus de redéploiement de ses éléments notamment dans quelques villages reculés, affirme avoir fait la découverte d'un constat plus que déplorable résultant du manque de la sécurité. Il cite entre autres la prolifération d'endroits clandestins de boissons alcoolisées qu'il assimile volontiers à de véritables lieux de débauche, sans oublier de faire part de l'explosion de la commercialisation et de la consommation de la drogue en Kabylie. Unité spéciale pour contrer les kidnappings Pour contrer le fléau des kidnappings, le groupement de la gendarmerie de Tizi Ouzou est désormais doté d'une section spéciale comptant six éléments expressément former à l'étranger pour faire face au phénomène des enlèvements physiques. Celui-ci inquiète beaucoup de par son ampleur et de surcroît son installation en tant qu'une menace faite pour servir encore davantage dans cette région. Le phénomène des kidnappings est pour ainsi dire le principal motif expliquant le manque criard d'investisseurs auquel est confronté Tizi Ouzou. D'autre part et dans l'objectif de parvenir à une maîtrise réelle de ce phénomène des enlèvements des personnes, le responsable du groupement de Tizi Ouzou de la gendarmerie s'attend à une implication positive de la population sans qui «rien ne peut se faire», soutient le lieutenant-colonel Salim Benazouz.