Ali Belhadj, 55 ans, est l'ancien vice-président du Front islamique du Salut. Il vit toujours à Alger et fait l'objet d'une constante surveillance policière. Il lui est toujours interdit de faire de la politique. Comprenez vous que parfois vos discours du début des années 90 ait pu faire peur à une partie de la société ? Premièrement notre discours a eu l'approbation du peuple à deux reprises, lors des élections municipales et législatives de 1990 et 1992. Deuxièmement notre discours était clair et sans ambigüité, le peuple a choisi le FIS en connaissance de cause et librement dans le cadre d'un processus démocratique. Si notre discours avait été réellement effrayant, le peuple aurait choisi les autres partis en lice. D'autant que toutes les tendances étaient représentées. Notre discours n'était donc en rien effrayant et c'est pour cela que les algériens nous ont choisis. Mais le discours sur la démocratie était parfois pour le moins ambigüe ? Cela fait partie de la propagande du régime pour salir notre image et justifier le coup d'Etat. En se présentant aux élections, nous savions que cela engageait l'acceptation de l'alternance et nous adhérions à cela. Nos principes n'ont pas changés depuis. Pourquoi le FIS n'a-t-il pas su se maintenir en tant que structure comme le mouvement Ennahda en Tunisie avant la révolution ? Le FIS a été dissous officiellement et son retour sur la scène politique est interdit. Il a subit la guerre de la part du régime et cela l'a affecté durant toutes ces années. Il y a aussi l'interdiction pour ses dirigeants de se réunir. Ce qui rend difficile le maintien d'une structure. Mais si le FIS est dissous sur le plan administratif, il reste toujours présent sur le plan populaire. Ce n'est pas une fiche que l'on peut déchirer, c'est une réalité sociale et politique que personne ne peut ignorer. Une récente loi vise à interdire aux anciens cadres du parti de revenir sur la scène politique. Malgré cela croyez-vous à un retour du FIS ? La loi votée récemment nous exclut, elle a été faite pour cela. C'est illégal et nous poursuivrons ce régime à l'intérieur du pays et si on n'y parvient pas, à l'extérieur pour qu'on l'on reprenne ce qu'on nous a volé comme droit ! L'Algérie ne respecte pas les lois et les traités internationaux qu'elle signe et nous nous réservons le droit de l'attaquer devant les instances internationales. D'ailleurs si vraiment nous n'étions plus populaire, pourquoi voter une énième loi pour nous exclure et ne pas laisser le FIS revenir et organiser des élections libres ? Cela permettrait de mesurer la popularité de chacun. C'est au peuple de choisir ses dirigeants et le régime n'a pas à exclure des candidats. Tout le monde doit pouvoir se présenter. Même si l'Etat nous en empêche, nous reviendrons un jour sur la scène politique. Pensez-vous qu'en cas d'élection aujourd'hui le FIS serait toujours vainqueur ? Je ne sais pas, seul des élections permettraient de le savoir. Il ne faut pas précipiter les évènements. Mais le FIS a une base populaire très large, bien plus large que celle de autre partis qu'ils soient islamiques ou pas. D'ailleurs, tout les partis déclarent que leur porte reste ouverte aux anciens militants du FIS, c'est bien la preuve qu'ils savent que le parti bénéficie toujours d'une large assise populaire. Comment expliquez-vous que l'Algérie ne soit pas entrée en révolution comme la Tunisie ou l'Egypte ? La révolution a ses conditions qui sont différentes d'un pays à l'autre. On ne peut pas faire du copié collé. Il faut prendre en compte les spécificités de chacun. Mais si le régime algérien n'effectue pas de sérieuses réformes et continue sa mascarade sans amorcer un changement radical qui ouvre la voie au multipartisme, alors il arrivera certainement en Algérie ce qui est arrivé en Egypte et en Tunisie. Pensez vous qu'un changement démocratique est pour bientôt en Algérie ? Le régime Algérien est un régime dictatorial. Le système est mafieux, pourri de l'intérieur. Il n'est ni démocratique ni islamique et ne respecte aucun droit. C'est ce système qui a pourri l'Algérie et l'a plongé dans une crise socio-économique profonde. Il n'est pas différent des systèmes dictatoriaux arabes. Donc le changement est inéluctable. Il est difficile de savoir quand, seul Dieu le sait. Mais il viendra, tôt ou tard. Vous avez participé aux manifestations en janvier à Alger et beaucoup de personnes ont été étonnés de vous voir dans des marches avec Saïd Saadi ? Pourquoi avoir participé ? Je n'étais pas avec Saïd Sadi, j'étais présent contre le régime. Ces manifestations étaient organisées par un collectif de partis et d'associations auquel j'ai pris part. Mais cela ne m'empêche pas de garder mon indépendance politique et mes idées. Mais je soutiendrais tout mouvement qui luttera contre ce régime illégitime. Quel est votre vision des islamistes aujourd'hui en Algérie (MSP, Ennahda) ? Nous espérons que toutes les tendances, qu'elles soient islamiques ou pas, puissent se représenter. Pour ma part, je soutiens partout les partis islamiques. Mais il y-a bien sur une différence entre les partis islamiques en Algérie et les partis islamiques en Tunisie, en Egypte, en Syrie, au Yémen. Car ces partis ont toujours été dans l'opposition face aux régimes dictatoriaux alors qu'en Algérie ces derniers ont collaboré avec le régime ! Ils sont loin des attentes populaires. Quel est votre situation aujourd'hui ? Il m'est interdit de faire de la politique. Tous mes droits sont bafoués, je n'ai pas le droit de manifester, de réunion, je n'ai aucun droit civique, ce qui va à l'encontre des droits humains. Lectures: Error gathering analytics data from Google: Insufficient quota to proceed.