Ahmed Selmane Mardi 13 Mars 2012 Certains oublient vite une histoire très récente et se permettent une posture singulière de dénonciation vindicative et haineuse, contre le FFS, parce qu'il a choisi de participer aux élections législatives. Etre contre une participation aux élections législatives est une position qui se justifie au regard de ce que l'on sait du régime et de ses manigances. C'est une option parfaitement défendable. Encore que ceux qui la défendent – y compris le FFS au cours des précédentes législatures – se contentent le plus souvent d'une affirmation de principe. On a entendu les appels au « boycott actif », mais on n'a pas vu de traduction pratique. Il y a manifestement une difficulté sérieuse – et le régime y est pour beaucoup – à organiser les Algériens et à développer des réponses alternatives au jeu biaisé du système. La réponse a consisté, jusque-là, à rejeter la participation et à ne rien faire de plus. Même à l'étranger et dans des pays où en théorie cela est possible, les Algériens n'arrivent pas à créer des réseaux de solidarité sérieux reflétant en cela l'anomie nationale. Cet état de fait ne justifie pas forcément le choix de participer aux élections, mais il contraint à la réflexion sur ce qu'il faut faire et ce qu'il est possible de faire. C'est une plaisanterie de croire que la participation du FFS aux législatives serait une entrave à l'avènement du «grand soir ». Il n'y a pas de « grand soir » prévisible dans un pays gagné par la dépolitisation, l'écœurement et, où l'émeute, vaine, est le seul horizon. Le choix du FFS n'est pas sans risque. Il aurait pu être l'occasion d'un débat politique fondamental sur la manière d'aller au changement, sur la possibilité même du changement en Algérie, sur le choix que commande le contexte international. Ce débat, certains le mènent avec honnêteté sans se permettre de lancer des accusations stupides et ridicules contre le FFS ou AIT AHMED. Mais d'autres, serviteurs notoires et sans talent de la dictature, comme Sid Ahmed Ghozali, grand intrigant devant l'éternel, se livrent à l'exercice sans la moindre pudeur. Pourtant, la carrière du personnage parle pour lui. Il devrait avoir la décence de choisir ses mots s'il ne souhaite pas que soient rappelés tous les « bienfaits » qu'il a apporté à la patrie. Et voilà même qu'un éphémère sous-ministre du trésor, « banquier d'affaires » en Suisse où il fait de la politique, découvre à son tour l'eau tiède en affirmant, avec gravité, que l'arrêt du processus électoral était une erreur. Certes, il n'est jamais trop tard pour reconnaitre l'évidence. Mais s'agissant d'éternels serviteurs, il est toujours utile de s'interroger sur ce qui motive ces tardifs revirements. Après une carrière qui n'a brillé que par une servilité intense, on peut se poser des questions sur cette soudaine illumination qui leur fait proclamer que leurs chefs ont tout faux depuis 1992. Mais ceux qui sont les plus forts sur le théâtre des retournements et de l'amnésie, ce sont ceux qui gravitent dans la nébuleuse du FIS. Ces acteurs n'ont toujours pas engagé la moindre réflexion sur leur rôle désastreux dans la régression politique en Algérie et sur le fait qu'ils ont été les véritables sauveurs du régime. Qui peut ignorer que ces individus, par un rare crétinisme politique, ont servi de moyen de neutralisation de la société par la violence généralisée ? Ils n'ont demandé l'avis de personne, en entrant dans le cycle de violence qui a permis au régime de se refaire une santé en affaiblissant considérablement les capacités de riposte de la société algérienne. Dans cette nébuleuse, on trouve aussi des hommes qui ont conclu des arrangements avec le pouvoir et qui se livrent, aujourd'hui, ouvertement à de juteux négoces, sans se poser de questions sur les Algériens qu'ils ont entrainés dans une atroce spirale. La contribution absurde de cette inepte constellation, pèse aujourd'hui, lourdement dans le rejet de l'action politique par la grande majorité des Algériens. Il y a donc matière à réflexion pour ces hommes qui ont si efficacement aidé le régime à durer. Ces gens-là autant que ceux du régime ne veulent pourtant pas discuter de ce qu'ils ont fait subir à l'Algérie et aux Algériens. Et les voilà, toute honte bue, qui se permettent d'insulter AIT AHMED et le FFS. Ils ont même la prétention d'édicter ce qui est moral et ce qui ne l'est pas. Ils ont vite oublié. Pensent-ils que le peuple à la mémoire courte ?