Le pouvoir Algérien, par le biais d'un coup de force électoral, a décidé de fermer la porte à toute possibilité de changement pacifique dans notre pays. En donnant une majorité écrasante au FLN, il escompte ainsi étouffer dans l'œuf l'éclosion des forces du changement et décourager les militants de la démocratie et les citoyens Durant, toute la campagne, les arrestations, la répression, les kidnappings et les atteintes au droit de manifester pacifiquement, ont été des signes qui laissaient parfaitement deviner la volonté de parachever la restructuration autoritaire du pouvoir. Le pouvoir a donc décidé de sanctuariser le « système » plutôt que l'Algérie. Il ouvre ainsi fatalement la voie à un nouvel « octobre 88 » et fait le lit des ingérences étrangères. Contrairement aux apparences, l'issue de ces élections révèle la fragilité politique du pouvoir et de ceux qui l'incarnent. La peur de subir le sort des dictatures tunisienne et égyptienne les pousse, dans une logique de « citadelle assiégée », à une fuite en avant qui rendra plus brutale la chute. Je rappelle que la participation aux élections n'avait d'autres objectifs que donner une chance à un changement pacifique, ordonné et progressif. J'avais conscience que la stratégie du pouvoir visait à affaiblir le FFS, à le couper des luttes populaires pacifiques pour mieux l'apprivoiser et l'inscrire dans les logiques claniques. C'est pourquoi, je me suis élevé durant cette campagne contre ce stratagème politique qui consistait à opposer les partisans de la participation et du boycott. Ceux qui ont agi dans ce sens n'ont cherché qu'à affaiblir le potentiel démocratique du pays et annihiler toute démarche de convergences des forces de la démocratie et du progrès. En tant que candidat du FFS, j'ai tout au long de la campagne alerté l'opinion publique sur les graves dépassements de l'Administration et son engagement, au mépris des professions de foi officiels, en faveur du candidat du FLN. Mon éthique politique m'interdit en effet de taire ces dépassements et de troquer ma dignité contre la promesse d'un strapontin dans la future Assemblée. Les marchandages actuels auxquels j'ai refusé de participer ne visent qu'à taire toute forme de contestation du scrutin. J'exhorte mes camarades du FFS, tous mes camarades, à rester vigilants et mobilisés. Pour faire face aux manœuvres de division et de domestication du parti, j'appelle à la tenue d'une Conférence Nationale des Cadres, pour rassembler et agir, avec les forces du changement, les femmes, les jeunes, les travailleurs pour transformer les révoltes populaires à venir en force politique alternative. Samir BOUAKOUIR (FFS)