«Nous sommes au bord d'une catastrophe humaine!» 07 Août 2008 Licenciement de 20 cadres de Tonic, évacuation de 30 grévistes à l'hôpital et emprisonnement de 850 harragas. La crise a atteint son paroxysme. En cette saison estivale supposée être une période de détente, notre pays se trouve, encore une fois, secoué par trois pôles de tension sociale. Il s'agit, entre autres, de cette action suicidaire, en l'occurrence la grève de la faim entamée par les enseignants contractuels depuis 25 jours. Il y a également le conflit juridico-social autour du complexe de Tonic Emballage. Sur cette liste noire figure, également, le phénomène des harragas qui prend une ampleur déconcertante. Face à ce trio de désastre, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh) refuse de rester les bras croisés. «Nous sommes au bord d'une catastrophe humaine!» s'écrie le président de la Laddh, Maître Hocine Zehouane. S'exprimant, hier, au cours d'une conférence de presse qu'il a animée en son siège, à Alger le conférencier a déclaré qu'il va «poursuivre son action de soutien à la cause des enseignants contractuels grévistes.» Son action se concrétise par le biais des correspondances qu'il a adressées au ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, en lui demandant «d'intervenir en urgence avant qu'il ne soit trop tard.» Certes, aucune réponse n'a été émise du destinataire, a indiqué Maître. Zehouane. Benbouzid s'accroche toujours à la formule de concours qu'il a imposé aux enseignants grévistes, rappelle-t-on. «Ce sera une honte dans l'histoire de notre pays que des personnes meurent parce qu'elles se sont battues pour leurs droits légitimes», a-t-il martelé. Et d'enchaîner: «En dehors de toute surenchère, nous devons les aider et aller avec eux jusqu'au bout.» Au sujet du conflit juridico-social du complexe de Tonic Emballage, Maître Zehouane qualifie cette affaire de «dérive judiciaire.» Plus explicite, il dira: «Le juge pénal n'a pas la compétence de s'occuper de la gestion de ce complexe. Cela relève des prérogatives du juge commercial. C'est à ce dernier de désigner un gestionnaire ou un liquidateur.» Il poursuivra: «L'actuel juge a désigné un administrateur. Celui-ci est en train de ruiner le personnel. Ce sont 20 cadres licenciés jusqu'à présent…», et d'enchaîner, «on prétend que Tonic transfère de l'argent à l'étranger. C'est pour cette raison qu'on a décidé de le liquider, sachant que la liquidation de ce complexe mettra en péril le patrimoine national. Après l'affaire d'El Khalifa, apparemment, les scandales se poursuivent dans notre pays». Il indiquera, sur un ton ferme: «Il y a un dérapage flagrant de la part de ce juge pénal qui s'empare de la tâche de la gestion. C'est un séquestre!» Au chapitre des harragas, l'orateur a affirmé que «ces jeunes en détresse ne méritent pas d'être enfermés en prison.» Il précisera, au passage, que «la jeunesse n'attend pas des mesures répressives, mais des solutions. De ce fait, il ne faut pas considérer les harragas comme des criminels». C'est là une manifestation de crise sans précédent à la limite de l'incompréhensible et qui touche à la dignité nationale. «Pourquoi et comment une Algérie, considérée aujourd'hui comme un pays servi par une conjoncture financière très favorable, produit-elle et subit une telle catastrophe sociale?» s'interroge-t-il. D'ores et déjà, «la Laddh récuse le volet répressif et appelle à la remise en cause du projet de loi annoncé sur l'immigration illégale. Elle appelle à mener une campagne contre ce projet dès qu'il sera porté à la connaissance du public», soutient-il. En toute urgence, la Laddh réitère «la demande d'élargissement de tous les jeunes harragas emprisonnés, dont le nombre est évalué à 850. De même, qu'elle réitère la demande de rapatriement des dépouilles des victimes qui se trouvent dans les morgues en pays étrangers pour leur donner une sépulture décente et permettre à leurs familles de faire leur deuil», a-t-il conclu.