Pourquoi la valeur de l'euro s'envole en Algérie... sur le marché noir ? Mercredi 19 septembre à 18:36 Officiellement, l'euro s'échange à 100 dinars dans les banques, mais sur le marché parallèle il monte jusqu'à 150 dinars. Le phénomène est dû au contournement des réglementations pour l'achat de biens immobiliers à l'étranger et pour réduire la facture des importations. Enfin, une explication officielle ! La hausse de l'euro sur le marché parallèle en Algérie, qui a atteint un pic historique à 150 dinars l'unité en septembre contre 100 dinars dans les banques, est due à la fuite des capitaux vers l'étranger, selon la Banque centrale d'Algérie. « De nombreuses fortunes se sont constituées en Algérie. Comme la réglementation ne permet pas de convertir les dinars pour aller acheter à l'étranger des biens immobiliers ou des actifs (...), les opérateurs font appel au marché parallèle pour acquérir ces actifs », a expliqué lundi sur la chaîne III de la radio publique, Djamel Benbelkacemn, un conseiller du gouverneur de la Banque d'Algérie. Profiter de la crise de l'immobilier en Espagne De nombreux Algériens profitent en effet de la crise de l'immobilier, notamment en Espagne, pour acquérir appartements et villas dans la péninsule ibérique et en France. Toutefois, Djamel Benbelkacemn n'a donné aucun chiffre sur les montants transférés illégalement hors de l'Algérie. Cette fuite des capitaux est pratiquée principalement par les nouveaux riches algériens qui ont amassé ces dernières années des fortunes parfois douteuses notamment dans le secteur informel qui représente 40% de l'activité économique du pays. Cette fuite des capitaux s'explique aussi par les difficultés rencontrées par les chefs d'entreprises algériens pour investir et développer leurs affaires dans leur pays en raison de la bureaucratie tatillonne et de l'instabilité politique. Problèmes avec le Conseil national de l'investissement Tout projet d'investissement d'un montant supérieur à 20 millions d'euros doit obtenir en effet l'accord du Conseil national de l'investissement (CNI), présidé par le Premier ministre. Le CNI est régulièrement accusé par certains patrons de bloquer leurs projets pour des raisons politiques. La forte demande d'euros sur le marché parallèle est aussi soutenue par des importateurs algériens qui achètent au noir les devises pour pouvoir payer en cash leurs achats de produits, notamment en provenance de Chine. Cela leur permet ainsi de dissimuler au fisc une partie de leur chiffre d'affaires, en trichant sur les déclarations à la douane. Le recours au marché parallèle des devises par les importateurs s'est accrue depuis l'instauration en 2009 de l'obligation de payer les importations par lettre de crédit. Une décision dénoncée régulièrement par le patronat.