Des jeunes, avec des liasses de billets de mille dinars à la main vous apostrophent dès que vous passez dans le coin. «Euro, dollar... devise» «Ces opérateurs ou gens fortunés convertissent leur argent sur le marché parallèle pour aller acheter de l'immobilier ou des actifs à l'étranger», assure M. Ben Belkacem. «La fuite des capitaux est responsable de l'augmentation du prix de la devise dans le marché parallèle», c'est du moins l'avis de Djamel Ben Belkacem, directeur conseiller auprès de la Banque d'Algérie. Cet expert économique qui s'exprimait sur les ondes de la Radio Chaîne III est formel: les fortunes algériennes reconvertissent leur argent sur le marché parallèle pour aller acheter des actifs à l'étranger! «Beaucoup de fortunes se sont constituées en Algérie ces dernières années. Ces opérateurs ou gens fortunés convertissent leur argent sur le marché parallèle pour aller acheter de l'immobilier ou des actifs à l'étranger», assure sans ambages M.Ben Belkacem. «Ces opérateurs ou gens fortunés se retournent vers le marché parallèle car la réglementation leur interdit la reconversion du dinar pour l'acquisition d'actifs à l'étranger», explique-t-il. «Le dinar est parfaitement convertible pour les opérations courantes de la balance des paiements qui sont celles d'importation, investissement et les opérations sur biens et services», rappelle-t-il. «Pour les transactions financières telles que l'achat d'actif, elles sont réglementées. Il faut passer par le Conseil de la monnaie et du crédit pour avoir une autorisation», ajoute-t-il comme pour expliquer le recours de ces grosses fortunes au marché parallèle pour reconvertir leur argent. C'est ainsi que ces derniers fonds ont explosé la demande qui dépasse l'offre qui, elle, est officiellement estimée entre «2 à 2.5 milliards d'euros, provenant essentiellement des pensions et retraites», souligne M.Ben Belkacem. Le marché parallèle de la devise est, en effet, devenu «LA» véritable Bourse d'Alger au point qu'un conseiller de la Banque d'Algérie en parle publiquement. Au «Square Street»... Le marché parallèle de la devise s'est donc fondu dans la masse faisant même oublier qu'il était illégal. Un petit tour au square Port-Saïd, qui est devenu au fil des années le «Wall-Street» algérien, et on se rend très vite compte de l'ampleur que le marché parallèle de la devise a prise. Une centaine de jeunes, avec des liasses de billets de mille dinars à la main vous apostrophent dès que vous passez dans le coin. «Euro, dollar... devise», vous lancent ces «trader». «L'euro est à un pour 140,80 dinars pour l'achat et 140,70 pour la vente (client qui vend)», atteste un de ces jeunes. «Le dollar, a, lui baissé, il est à un pour 110.80 dinars l'achat et 110.70 pour la vente», rétorque-t-il. Cette opération illégale de change se fond dans la légalité parfaite. Aucun de ces «banquiers» ne se cache pour «travailler». Ils le font à la lumière du jour, billets à la main et avec la complaisance des autorités. Oui, les autorités ferment les yeux devant ce commerce qui se fait devant l'un des plus grands tribunaux du pays, Abane-Ramdane. Les voitures de police passent par là-bas sans rien voir, tout comme les agents de l'ordre postés aux alentours... Le square Port-Saïd n'est pas le seul endroit en Algérie où se vendent les devises au noir, mais c'est lui qui donne le tempo au marché. Dans tous les quartiers du pays, des commerçants se sont mis à la vente parallèle de devises. Tout le monde les connaît, ils font ça dans la «légalité». Mais les prix auxquels ils vendent cette devise se fait d'après le square Port-Saïd. «Si à Port-Saïd l'euro est vendu à 140,80 on doit vendre au même prix», explique Omar qui vend la devise étrangère dans son bureau de tabac celui-ci fait office de bureau de change dans son quartier. Le square Port-Saïd est donc la Bourse de cette devise qui est très volatile. Mais la question qu'il faut se poser est pourquoi l'Etat ferme les yeux sur ce commerce? Est-ce à cause du fait qu'il n'a pas trouvé de moyen de substitution pour assurer la demande croissante en devises étrangères de sa population? La réponse pourrait être affirmative puisque chaque citoyen n'a que 15.000 dinars par an d'allocation voyage. Ce qui reste insuffisant. Alors le marché parallèle est devenu la seule solution pour les Algériens qui veulent acquérir de la devise étrangère. Toutefois, les prix de celle-ci n'arrêtent pas de grimper et l'économie nationale perd elle aussi, beaucoup d'argent à cause de ce marché informel de la devise. En tout cas, une chose est sûre, la bourse du square est plus active que la Bourse d'Alger... À bon entendeur.