Merci à notre Ami Mehdi BSIKRI pour nous avoir adressé ce texte fort enrichissant. La Rédaction LQA ============================================================================ On ne peut que se féliciter de la polémique, en Algérie, autour de l'exploitation des gaz de schistes par fracturation hydraulique, débat provoqué par la société civile algérienne, dans ses diverses composantes, traduisant une volonté ferme de s'ériger en acteur actif du devenir de notre pays. Les conclusions sur les expériences actuelles dans les pays qui ont fait le choix de l'exploitation des gaz de schistes, sont alarmantes et «les communautés en état de vigilance » sont unanimes, quant à leur dangerosité. Rarement un sujet n'a été aussi rapidement fédérateur et nous pouvons parler de communauté internationale anti exploitation des gaz de schistes. Les conséquences écologiques ont été mises en exergue et remettent en cause sa rentabilité effective, donc sa nécessité même. Nous sommes en droit et devoir de nous poser la question suivante : quelles conséquences sur notre santé ? Nous n'avons pas été, fort heureusement, ce laboratoire à ciel ouvert que tant de prédateurs aimeraient nous voir être. Nous allons nous appuyer pour notre argumentaire sur les diverses études réalisées dans d'autres pays France, Canada, USA etc. Dans la majorité des cas, les études épidémiologiques manquent de recul (études sanitaires non systématiques et/ou trop récentes, manque de transparence des sociétés exploitant les gisements sur la nature et la concentration des produits chimiques ajoutés a l'eau de fracturation). Néanmoins, aucunes de ces études ne remet en question le danger réel de l'exploitation des gaz de schistes sur la santé. L'Association Toxicologie-Chimie (France) ATC dans son rapport publié en Mai 2011 signale que sur les 2500 mélanges chimiques retrouvés dans les fluides de fracturation, plus de 650 contiendraient des produits potentiellement nocifs pour l'homme (effet neurotoxique, hémato toxique, hépatotoxique, néphrotoxique, reprotoxique). Parmi ces derniers, 22 sont classés comme cancérogènes dont certains sont à éliminer impérativement car sembleraient être responsables d'effets irréversibles : le benzène, le formaldéhyde, l'oxyde d'éthylène.... D'autres considérés comme préoccupants pour la santé devraient être remplacés par des produits moins toxiques. C'est l'exemple des éthers de glycol, des composés du bore, des formamides.... La population exposée est celle des travailleurs sur les gisements et des riverains, avec des pics de niveau de pollution au niveau des sites d'activité extractive. L'étude entreprise dans le Colorado, auprès de 5000 personnes vivant pour la plupart dans un rayon de200 mautour des puits a conclu à une exposition significative aux polluants. L'apparition de symptômes, troubles respiratoires, allergies, maux de tête, saignement de nez, spasmes musculaires, étourdissements, diarrhées, ont incités les services sanitaires à des analyses de l'air puis a des analyses de sang dans lesquelles des taux largement supérieurs à la normale ont été signalés ; autre fait inquiétant le décès prématurés de bétail et l'apparition surprenante de pluies d'oiseaux morts. Les investigateurs ont proposé plus de 70 recommandations pour réduire ces impacts, mais le rapport n'a jamais été finalisé du fait que la société d'exploitation contestait les conclusions de ce rapport. L'exposition de l'homme aux agents toxiques se fait en contact de l'air et de l'eau potable pollués. L'air est contaminé par évaporation des substances chimiques incorporées dans les liquides de fracturation au cours des différentes étapes d'exploitation des gisements. Sont retrouvés dans l'air des polluants atmosphériques divers : Hydrocarbures, NOx, SOx, O3, particules variées... . L'air est aussi contaminé par les torchères, par la fuite des gaz au niveau des sites d'extraction et lors de leur acheminement dans les pipelines. La voie principale de contamination par l'air est l'inhalation, mais la pénétration par la peau n'est pas à négliger pour certaines substances. Des accidents peuvent aussi survenir : explosions (ex : Pennsylvanie), déversements accidentels de produits chimiques hautement toxiques, etc... Concernant l'eau, en plus de la contamination des nappes phréatiques par les produits chimiques contenus dans les liquides de fracturation hydraulique, il vient d'être révélé la présence dans les eaux de forages récupérées: - des minerais radioactifs provenant des couches profondes, - de nombreux métaux (Fer, Cuivre, Manganèse, Argent, Mercure, Plomb, Cadmium,...) et autres substances (Arsenic, Antimoine, Sélénium...), présents dans les roches à l'état de sulfures qui peuvent être libérés sous une forme ionisée hydrosoluble et dont certains sont d'une grande toxicité pour l'homme. Une autre contamination de l'eau semblerait se faire par le méthane, produit de l'extraction de la roche de schiste. Les scientifiques connaissent la toxicité du méthane sur l'homme après inhalation (asphyxiant), mais ils ignorent les conséquences de son ingestion. Aux USA des concentrations élevées de méthane en moyenne 17 fois supérieures à la normale ont été détectées dans 85% des puits d'eau potable situés à 1km de distance des forages (51/60). Grâce à des signatures isotopiques du méthane, les auteurs ont pu déterminer que celui-ci provenait de zones plus profondes de type thermogénique que celui produit dans des couches moins profondes de type mixte biogénique/thermogénique. Cette origine profonde (zones de fracturation) du méthane est confirmée par la présence d'autres gaz à chaine plus longue qui sont des marqueurs de la production profonde. Cependant, l'analyse de la composition chimique des eaux des puits ne montrent pas de contamination par des matières provenant des zones profondes de fracturation (chimiques, éléments radioactifs) ce qui éliminerait la possibilité que le méthane soit véhiculé par la migration des eaux de fracturation au travers des failles. D'autres mécanismes de la migration du méthane dans les puits sont discutés et celui le plus probable serait que des micro-failles se seraient créées permettant le passage du méthane vers les couches géologiques supérieures. Si le désastre écologique ne fait plus aucun doute, il en va de même pour l'impact sur la santé même si les études épidémiologiques sont incomplètes. Pour l'Agence Américaine de l'Environnement (EPA) les impacts environnementaux et sanitaires liés à l'exploitation des gaz de schiste, sont bien plus considérables que les retombées économiques, pourtant très rentables pour les pétroliers et accessoirement pour les populations locales. Nous sommes donc avertis !!!!