La force comme réponse de l'Etat Pendant que les enseignants contractuels, en grève de la faim depuis un mois, sont en danger de mort, le ministre de l'Education nationale, M. Benbouzid, demeure silencieux. Hier encore, leur sit-in devant le siège de la présidence de la République a été sévèrement réprimé. Les enseignants contractuels demandent leur intégration et le paiement de leurs salaires bloqués, pour certains d'entre eux, depuis trois ans. Lyès Menacer – Alger (Le Soir) – Le rassemblement que devaient tenir hier matin les membres du Conseil national des enseignants contractuels (CNEC) et les syndicalistes du Snpap, devant le siège de la présidence, a été violemment réprimé par les services de sécurité. Les enseignants protestataires et les membres du comité de soutien à leurs collègues grévistes de la faim depuis 30 jours ont été dispersés avant même qu'il ne puissent s'organiser. Les meneurs de ce mouvement de contestation ont été arrêtés par des policiers en civil et embarqués manu militari au commissariat limitrophe. L'on peut citer parmi les personnes arrêtées, Mme Zineb Belhamel (membre du Conseil des lycées d'Alger), Mme Meriem Maârouf (porte-parole du Cnec), M. Mourad Chico (porte-parole du Snapap), A. Bourehla, D. Zelbani et M. Toufahi, tous membres actifs du Cnec. Au total, ce sont 28 manifestants (26 du Snapap et 2 du CLA) qui se sont retrouvés dans les véhicules de la police stationnés sur place. Un homme de passage à cet endroit n'a pas échappé à la vague d'arrestations des policiers qui interpellaient le moindre citoyen suspect d'appartenir au group des manifestants qui voulaient remettre une lettre à la présidence de la République. La lettre contenait, selon les représentants du Snapap, un message d'alerte au président de la République le sollicitant d'intercéder personnellement pour trouver une solution à cette crise qui risque de coûter des pertes en vies humaines chez les enseignants grévistes. D'autres manifestants, pour la plupart des femmes, ont été repoussés loin du siège de la présidence et contenus en bas de la rue Ali- Haddad, où un impressionnant dispositif avait été mis en place. Selon les membres du conseil national du Snapap, des manifestants ont été interpellés avant leur arrivée sur les lieux du sit-in. Les agents de la police les ont, en fait, interpellés au niveau des arrêts de bus de Cinq-Maisons (El-Harrach), de Belouizdad et de la station de bus de Tafourah. Le président d'honneur de l'organisation nationale des parents d'élèves, M. Mebarki, est la seule personne à avoir échappé à la répression de la police. En sa qualité de moudjahid et d'ancien membre de la famille éducative, il a été autorisé à accéder au siège du ministère de l'Education nationale dans l'espoir d'arracher un entretien avec Benbouzid. M. Mebarki est revenu bredouille, car le ministre de l'Education était absent, a-t-il dit. Des militants du FFS, du MDS et des responsables de l'association RAJ sont venus, eux aussi, manifester leur soutien aux enseignants grévistes qui se trouvent dans un état de santé très grave. Les syndicalistes du Snapap ont tenu à dénoncer «l'absence des responsables du secteur de la santé et de la solidarité nationale, ainsi que celle du Croissant-Rouge algérien». Après avoir exercé pendant les années de braise dans des conditions lamentables et avec des salaires de misère, les enseignants contractuels, estimés à 45 000 à travers l'ensemble du territoire national, se retrouvent dans l'incertitude totale. Le silence de Benbouzid risque de laisser une tache noire dans un secteur qui enregistre le plus grand nombre de contestations. L. M.