Mercredi 6 février 2013 Longtemps sous-dimension né par l'administration universitaire et réduit à des cas isolés sans intérêt ou ne valant pas plus que d'être casé dans la rubrique des «faits divers», ce qui était connu jusque-là dans la chronique judiciaire locale sous le nom d'« affaire des faux diplômes de baccalauréat de la Faculté de médecine d'Oran » s'est avéré un scandale beaucoup plus important Menée dans la plus grande discrétion suite à une lettre anonyme parvenue au parquet général d'Oran, l'enquête préliminaire confiée, il y a près de huit mois, à la section de recherches du groupement de la gendarmerie nationale de la wilaya d'Oran vient d'être ficelée et le parquet prend le relais pour mener à bout la mission via l'ouverture d'une information judiciaire. Fruit de plusieurs mois d'investigation, à coups d'interrogatoires, de mises en confrontation, d'expertises techniques et autres, le « très épais » dossier – pour reprendre le qualificatif de notre source judiciaire – vient d'être, en effet, transmis par la gendarmerie au parquet du tribunal d'Oran, sis Cité Djamel Eddine. Etant donné la consistance du dossier, mais surtout le nombre des mis en cause, qui dépasse les 200, selon la même source, et ce sans compter les personnes citées comme témoins, le procureur de la République près le tribunal d'Oran s'affaire depuis quelques jours à cerner le dossier non pour en saisir les faits et en démêler les fils enchevêtrés, mais juste – dans un premier temps – pour répartir les mis en cause en groupes, selon les « profils » et autres paramètres d'ordre technique et légal, en vue des auditions de présentation. Il est question, autrement dit, de mettre au point une sorte de calendrier d'auditions, dicté par l'impossibilité d'auditionner toutes ces personnes d'un seul coup. Les mis en cause se répartissent en trois principales catégories : les indus diplômés (les personnes qui se sont procuré un faux diplôme de bac pour s'inscrire dans une spécialité universitaire dont l'accès est conditionné par des critères pédagogiques et des moyennes bien définis), les enseignants complices et autres fonctionnaires de l'administration universitaire de différents services et à différents niveaux de responsabilité, ainsi que les intermédiaires entre les deux maillons, selon les informations livrées, à grands traits, par notre source, qui précise qu'à ce stade de l'enquête, le dossier en bloc est frappé du chef d'accusation de faux et usage de faux, n'excluant toutefois pas que d'autres charges viendraient s'y greffer au fil des épisodes judiciaires à venir, notamment la corruption. Selon nos informations, pour la Faculté de médecine d'Oran, par exemple, le cas d'au moins une dizaine d'étudiants ayant pu accéder à cette formation au moyen d'un faux bac a été mis à nu. Parmi eux, il y a au moins deux qui ont déjà fini leur cursus et ont commencé l'exercice effectif de la profession. On souligne que ces étudiants sont issus de familles pour le moins aisées. On parle de la fille d'un avocat qui jouit d'une grande audience au sein de sa profession, d'un médecin possédant un laboratoire d'analyses qui a pignon sur rue et du fils d'un éminent professeur de médecine enseignant à la même faculté. Des personnes de rang de professeur figurent parmi les mis en cause, selon la même source. Dans ce cadre, il y a lieu de signaler qu'une commission d'enquête a été dépêchée d'Alger, au début des événements, pour établir la lumière sur cette affaire que certaines opinions croyaient – à tort – qu'elle allait être étouffée et reléguée aux oubliettes eu égard au rang social des personnes qui risquaient d'être mises en cause. Houari Saaïdia