Le Soir d'Algérie, 21 août 2008 Après l'assassinat, dernièrement, d'un officier supérieur de l'ANP, commandant le secteur militaire de Jijel, après les attentats de Skikda, c'est au tour de quarante-cinq jeunes, se préparant à passer un concours de recrutement à l'Ecole de gendarmerie des Issers, de venir s'ajouter à la macabre liste des victimes de la tragédie nationale. L'escalade terroriste islamiste ne risque telle pas de se poursuivre ? Le CCDR dénonce cet attentat aveugle, fauchant indistinctement civils et militaires, s'incline devant leur mémoire et présente à leurs familles ses condoléances les plus attristées. Cependant, il estime que cette nouvelle agression contre la société et la République, intervenant la veille du 20 Août, du Ramadan et de la rentrée sociale, devrait inciter à une réflexion plus approfondie quant aux causes et conséquences de la tragédie nationale. Face à ces drames répétés, dont le peuple ne voit pas la fin depuis plus de quinze longues et sanglantes années, le pouvoir poursuit sa fuite en avant, en trompant le peuple sur la fin du terrorisme qui en serait, selon lui, à ses derniers instants. Mais il persiste dans l'affirmation et la réaffirmation de sa désastreuse politique de réconciliation nationale dont aucun bilan ni aucune évaluation objective n'ont été présentés aux citoyens, qui en sont les premières victimes, ni aux forces de l'ordre, solide rempart de la République, ayant déjà payé un lourd tribut. Pis, le chef de l'Etat continue à tendre la main aux terroristes au-delà des dates limites fixées par sa propre loi. De plus, impuissant et aux abois, le pouvoir ose demander au peuple de s'engager dans la lutte contre le terrorisme, alors que c'est ce même pouvoir qui n'a pas hésité à démanteler et détruire, sans ménagement ni reconnaissance, le front de résistance populaire constitué par les patriotes et les GLD. Mieux, il n'a rien trouvé de mieux que de jeter en prison, le moudjahid Gharbi, pour complaire aux commanditaires du terrorisme, en versant à leurs protégés des prébendes indues, au désespoir des familles des victimes n'ayant eu droit à aucun égard ni réparation morale. En outre, il n'hésite pas, chaque fois que le peuple manifeste pour réclamer ses droits légitimes, comme ces enseignants contractuels grévistes de la faim, de matraquer sans aucun ménagement, manifestants et manifestantes, au lieu de dialoguer pacifiquement avec eux. Bien au contraire, tout accès au dialogue est non seulement refusé, mais réprimé par la force, au déni de tous droits. L'indifférence, le mépris et la répression ont entraîné des milliers de jeunes à se droguer, prendre le maquis, devenir kamikaze ou vouloir fuir leur pays au risque de leur vie. Le peuple pris en otage est ainsi devenu l'enjeu d'une lutte entre les groupes terroristes, qui veulent lui faire croire qu'ils ne visent que des objectifs militaires, et le pouvoir qui n'a d'autre objectif que de se perpétuer, et ce, à n'importe quel prix. Mais, en définitive, c'est toujours le peuple, la jeunesse algérienne et les forces de l'ordre, luttant sans calcul contre le terrorisme, qui paient au prix fort la facture de la mort. Le chef de l'Etat, toujours absent au moment des drames ayant déchiré et endeuillé le pays, fait intervenir ses services plutôt que sa personne par un communiqué de circonstance, réaffirmant des vérités éculées. Le président Sarkozy se rend en Afghanistan pour rendre un dernier hommage aux dix soldats français tués. Lors de sa rencontre avec les maires, ouvrant avant l'heure la campagne électorale pour les prochaines présidentielles, il n'a brocardé ministres, walis et autres présidents d'APC, que pour se dédouaner. Avouant son échec, il n'a cependant soufflé mot sur la réconciliation nationale, dont il a fait son cheval de bataille et l'essentiel de sa ligne politique intérieure et extérieure, visant rien moins que le prix Nobel de la Paix. La dernière série d'attentats en a sonné le glas ! Après l'aveu de l'échec de sa gouvernance, c'est aujourd'hui l'aveu de son impuissance. Au Pakistan, le président Mousharef devant ses échecs répétés a fini par jeter l'éponge. Le chef de L'Etat algérien aura-t-il la dignité d'en faire autant ? Alger le 19.08.08