LE MINISTRE DE L'EDUCATION RESTE INFLEXIBLE DEVANT LEUR REVENDICATION Violente était la riposte des services de l'ordre au rassemblement que devaient tenir, hier, les enseignants contractuels devant le siège de la présidence de la République, à El Mouradia. Lyès Menacer – Alger (Le Soir) – Des cris de femmes violemment bousculées, des commerçants qui baissaient soudainement rideau et des passants choqués par la répression qui s'était abattue sur une quarantaine d'enseignants contractuels rassemblés devant le siège de la présidence pour réclamer leur droit au respect de leurs sacrifices. Telle était l'ambiance qui régnait, hier matin, au quartier d'El Mouradia, à une dizaine de mètres du siège de la présidence. L'intervention des forces de l'ordre pour disperser les manifestants était, en effet, des plus violentes. En quelques minutes seulement, une vingtaine d'enseignants ont été embarqués dans les voitures de la police, stationnées sur place. Cette fois-ci et, contrairement au rassemblement de mardi dernier, les services de sécurité ont arrêté aussi bien des hommes que des femmes parmi la quarantaine de manifestants, venus de différentes régions du pays. Les anciens grévistes de la faim ont, eux aussi, rejoint la manifestation. Le silence qui régnait dans ce quartier de la capitale hyper-protégé a été brusquement rompu par les chants des protestants, puis par leurs cris et pleurs devant les matraques des policiers. En voulant aller plus loin, une enseignante tomba par terre, faillant se blesser. L'ordre avait été donné d'empêcher le sit-in des enseignants à tout prix. Interdiction faite aussi aux photographes d'utiliser leurs appareils photo. Devant l'entêtement des protestants à aller jusqu'au bout de leur action, on fera appel à quelques éléments des forces anti-émeutes pour intervenir. Les manifestants seront ainsi conduits dans une ruelle où ils pouvaient être facilement maîtrisés. Mais ils ne céderont pas, tentant de revenir une deuxième fois à la présidence. La police procédera à d'autres arrestations. Au total, ce sont plus d'une vingtaine de personnes qui ont arrêtées, parmi elles des syndicalistes appartenant à des organisations autres que le Cnec (Conseil national des enseignants contractuels). Réduit à cinq personnes, le groupe de manifestants était contraint d'abandonner la lutte, se laissant conduire dans les voitures de police, loin du siège de la présidence. Selon un représentant du Snapap, les services de sécurité ont adopté la même stratégie que lors des précédents rassemblements. Des manifestants ont été empêchés de rejoindre leurs collègues, au niveau des stations de bus à travers la ville d'Alger, selon les dires du représentant du Snapap. Pour rappel, les 55 grévistes de la faim, qui a débuté le 14 juillet dernier, avaient élu domicile au siège du Snapap. Ces derniers avaient, rappelons-le, suspendu leur grève après 40 jours. La dégradation de leur état de santé est à l'origine de la suspension de leur action qui se poursuivra probablement après le mois de ramadan. Tout dépendra de la suite que réservera le ministre de l'Education nationale à leur requête qu'il a déjà jugée irrecevable. Benbouzid est resté jusque-là inflexible à leur demande d'intégration sans passer par la voie du concours. Son refus d'ouvrir le dialogue avec cette catégorie d'enseignants risque de provoquer un vaste mouvement de protestation au sein de la famille de l'éducation, menacent les syndicats autonomes, à leur tête le Cnapest et le CLA qui ont accordé un large soutien aux grévistes de la faim depuis le début de la crise.