Lettre ouverte à Monsieur le Premier ministre Mon Journal Créé le mercredi 26 juin 2013 17:49 Monsieur, Je viens de faire l'objet, aujourd'hui, 26 juin, d'une interdiction de sortie du territoire national sans que ne me soit indiqué le motif de cette décision illégale et arbitraire. Une décision qui vient comme une suite à l'interdiction des deux quotidiens nationaux que je dirige, «Jaridati» et «Mon journal», de la publicité institutionnelle depuis le 06 juin dernier et à l'annonce d'une série d'accusations qui réduisent l'Algérie à une taille qui ne devrait guère être la sienne. Est-ce que l'Algérie, qui a combattu et vaincu l'une des plus grandes puissances militaires et ses alliés, serait-elle devenue si faible pour qu'une simple déclaration de presse d'un journaliste constitue une menace à sa sécurité et à son intégrité territoriale ? Me concernant, il n'a jamais été question pour moi de me situer au niveau d'un Etat de la grandeur de mon pays pour prétendre menacer sa sécurité ou son intégrité territoriale. Monsieur le Premier ministre, Malgré un exil forcé de 15 ans, je n'ai jamais pensé un seul instant à me naturaliser, moi-même, mon épouse ou mes enfants, pour la simple raison que je me suis toujours senti fier d'appartenir à un grand pays, l'Algérie. Et dire qu'ils sont nombreux ces hauts responsables et ces hauts fonctionnaires qui ont la double nationalité, certains d'entre-eux siègeant actuellement au gouvernement. Cette même fierté d'appartenance à ce pays a fait que, lors de ma récente participation à la 23ème session de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU, qui s'était déroulée à Genève du 27 mai au 14 juin écoulé, j'ai ressenti une profonde gêne à chaque fois que les participants évoquaient les accusations dont on m'a accablé dans mon propre pays. Et j'avais tout fait pour les minimiser, tellement j'avais honte pour mon pays. Aujourd'hui, je suis victime d'un acharnement qui n'honore guère l'Etat algérien. Et je me demande bien quel serait l'intérêt de mon pays à ce que soit entravée ma liberté de circulation ? Au contraire, cela ne fera que ternir son image. Au moment où ceux qui ont dilapidé les deniers publics, dont l'implication dans de scandaleuses affaires de corruption est avérée, ne sont nullement inquiétés et circulent en toute liberté, un journaliste fait l'objet d'un acharnement administratif, judiciaire et policier pour lequel ses auteurs doivent, au moins, expliquer leurs motivations. C'est en votre qualité de Premier ministre en charge des plus hautes fonctions, en l'absence du chef de l'Etat, que je vous prie de bien vouloir éclairer ma lanterne, et par la même celle de l'opinion publique, sur les raisons de cet harcèlement ainsi que sur ses auteurs pour que les responsabilités soient bien situées et pour que cesse l'humiliation de l'Algérie à cause de mesures illégales, en totale contradiction avec les principes d'un Etat de droit. Aboud Hichem,