Voici venu le temps de la rentrée scolaire, pour près de neuf millions d'élèves selon les chiffres avancés par le chef du gouvernement, A Sellal. Une rentrée placée sous le signe de la refondation de l'école algérienne. Cependant, qu'en est-il réellement sur le terrain sachant que l'année précédente sur 28 semaines pédagogiques possibles, les élèves n'en ont fait qu'une dizaine, en raison des grèves qui ont paralysé les établissements scolaires. Au-delà de la cherté qui ressurgit à chaque rentrée sociale en pénalisant un grand nombre de foyers, il faut souligner que l'école algérienne a perdu le sens du plaisir et de la scolarité. Plus que cela, l'école n'a plus ce sentiment d'appartenir à un projet de société où il est question de rassembler les algériennes et les algériens autour d'un seul et même d'ordre et de mettre le pays sur orbite du savoir et des grandes conquêtes scientifiques et intellectuelles. De plus en plus, elle donne l'impression d'être comme ce bateau en pleine perdition que plus rien ne peut sauver du naufrage. L'école est devenue le laboratoire du régime. Si les élèves aiment beaucoup plus Cheb Khaled et Alloua, connaissent tout de la vie privée de L Messi et de C Ronaldo et ignorent tout de Malek Benabi, Mouloud Mammeri et Mustpha Lachraf, le niveau des enseignants, quant à lui, est autrement plus dramatique. Au moins trois enseignants sur cinq ne comprennent rien aux programmes qu'ils doivent enseigner aux élèves. Certains parmi ces enseignants ne sont même pas en mesure de rédiger une demande d'emploi. L'année passée une enseignante au lycée a renvoyé une élève qui a osé lui dire que l'Andalousie se trouve en Espagne et non en Irak, alors que d'autres enseignants ont été filmés grâce à des portables en train d'harceler sexuellement leurs élèves. Mais le degré de corruption, de piston et de trafic d'influence auquel est parvenu la société algérienne est tel que personne n'ose soulever les vraies questions qui font mal et qui compromettent l'avenir de tout un pays. A chaque fois que le monde de l'éducation décide d'une grève, c'est pour demander une augmentation des salaires ou réduire les horaires de travail. Du coup, la famille autrefois prolongement de l'institution éducative, est rentrée en dissidence contre l'école. Les parents soucieux de l'avenir de leurs enfants, les parents qui refusent la résignation, la soumission, qui sont contre l'incivilité qui gangrene l'école, contre la « désintellectualisation », qui sont pour la citoyenneté, pour le rétablissement des valeurs culturelles et identitaires de la nation algérienne, mettent leurs enfants dans des écoles privées de fortune. A ce titre, rien qu'au cours de l'année passée, plus de trois cent hangars n'obéissent aucune norme en vigueur ont été transformées en écoles privées censées améliorer et parfaire le niveau scolaire des élèves, notamment celles et ceux en classe d'examen. Les honoraires exigés oscillent selon les enseignants entre 500 à 1000 DA l'heure. Quels sont donc les outils retenus par Sellal pour remettre l'école sur les rails du savoir et de la science et réconcilier la famille avec le monde de l'éducation ?