Porté au pouvoir par l'armée en 1999, Bouteflika aujourd'hui usé par de nombreuses maladies qui le rendent inapte a gouverner, sollicite un quatrième mandat le 17 avril prochain auprès d'une société encore plus malade par la corruption, la violence, le gain facile, la gabegie et les règlements de compte au plus haut sommet de l'Etat. Toutefois, depuis la convocation du corps électoral, il y a peine 48 heures, un nouveau discours, ambivalent et entretenant le suspens jusqu'à l'extrême, prend son essor au sein de certaines formations politiques. Certains esprits estiment, tout en brandissant la menace du boycott, que les processus électoraux, même s'ils ne marquent pas inéluctablement la fin des régimes autoritaires qui les organisent, peuvent néanmoins avoir un effet démocratique inattendu sur ces derniers. Avançant l'argument selon lequel plus le nombre d'élections organisées est élevé, plus les régime algérien se démocratiserait. Or l'Algérie a organisé plus d'élections que n'ont organisé le Royaume Uni et la France réunis depuis la première guerre mondiale à ce jour. En dépit du nombre record d'élections organisées par le régime despotique, les violences se sont davantage perfectionnées alors que les inégalités ne cessent de se creuser et le destin du pays reste des plus sombres, des plus incertains. Tournant le dos au discours qui préconise une solution politique à la crise algérienne, ils avancent la thèse selon laquelle une élections pivot peut causer la perte inattendue du régime autoritaire et ouvrir une opportunité démocratique pour le pays... « Le changement va s'opérer de l'intérieur du régime », tiennent-ils encore à marteler à la face des plus sceptiques. Reniements collectifs des élites et de l'opposition ? Il est très tôt d'avancer une « accusation ». Une élection dans une dictature qui se conjugue au pouvoir personnel, est conçue comme un canal par lequel le régime peut démontrer sa force aux acteurs sociétaux . Une large victoire électorale de Bouteflika , chose qui est plus que probable, enverrait un signal fort aux potentiels déserteurs du régime et aux militaires qui seraient tentés par les chemins de la légalité républicaine, deux sources de vulnérabilité potentiellement importantes pour les régimes autoritaires. Pourquoi cautionner une élection si les chances de victoire de la démocratie et du changement auquel aspire le peuple depuis plus d'un demi siècle semblent inexistantes ? Le scrutin du 17 avril 2014 est une autre occasion pour le pouvoir, en dépit des remous qui secouent les clans qui le composent, de démontrer que le régime est largement soutenu par la population et un moyen efficace de contrer les velléités de la reconquête de la souveraineté populaire. Par ailleurs, il est démontré par de nombreux experts que les régimes totalitaires qui se soumettent aux différents scrutins ont une espérance de vie plus longue que les régimes refusant de se soumettre à cet exercice. Si boycotter le scrutin du 17 avril n'est pas une solution, le cautionner n'est plus une bêtise, c'est une faute politique lourde de conséquences pour l'avenir de l'Algérie. Dans un régime qui porte en lui tous les germes de la division et du pourrissement, l'élection ne peut jamais être un outil l majeur pour construire une vraie démocratie et préserver la stabilité politique du pays. A la lumière de ces arguments, peut être peu convaincants et peu solides, la question qui se pose est celle-ci : « l'opposition » va-t-elle cautionner la mascarade du 17 avril ? Les élites vont-elles prendre leurs responsabilités, s'unir, se rassembler et assumer du leurs missions historiques ?