Le caractère à la fois totalitaire et autoritaire du régime qui a pris par la ruse et la force les commandes du pays dés 1958, en brandissant de nouvelles valeurs sociales et culturelles en totale rupture avec les traditions nationales, n'a pas permis qu'un consensus se fasse entre le peuple et ses institutions, entre le citoyen et le nouvel Etat algérien. Il a empêché la construction de la Nation algérienne. Toutes les traditions nationales qui ont permis au peuple de tisser son unité culturelle, de relever les défis et d'assumer ses responsabilités historiques ont été ensevelies, dénaturées et falsifiées au cours de ces soixante dernières années. Un pays qui se respecte et se cherche peut-il se permettre de récuser, de maudire et de blâmer tout ce qu'il a été pendant plus de 14 siècles ? Dans sa quête désespérée, le peuple cherche à remettre en honneur ses véritables traditions et valeurs qui le distinguent des autres nations. Mais cette quête de valeurs et de traditions n'est pas du goût des élites aliénées et amnésiques qui évoquent à chaque gémissement du peuple la perspective d'un autre modèle social (Autonomie, Etat théocratique, Etat laïc et moderniste...), sans être en mesure de préciser ou d'expliquer en quoi les traditions et les valeurs maghrébines sont-elles en contradiction avec la démocratie, la modernité, l'Islam et l'identité algérienne ; sans nécessairement dire en quoi le « retour aux sources » est-il une menace pour la cohésion et l'unité du peuple algérien. Faisant preuve d'une rare malhonnêteté intellectuelle et d'une stupidité sans précèdent, certaines élites, après avoirs servis d'éclaireurs et de « shoters » au régime, tentent à présent d'encadrer et d'embrigader les revendications du peuple dans le cadre d'un conflit ethnique. Le peuple algérien n'est pas un cobaye ou un sujet d'expérience tout juste utile pour les besoins de certains laboratoires. Le peuple algérien est souverain ; il a à son actif une grande histoire, de grandes conquêtes et une civilisation universelle. Le peuple algérien n'est pas non plus un tube digestif qui ne sait rien faire d'autre que bouffer et remplir les WC. A son tour, de Blida, de Bouira, de Bordj Bou Arrerdj et de Skikda, dans le cadre du quatrième mandat de Bouteflika, le chef du gouvernement A Sellal a martelé les grandes œuvres réalisées par l'Etat au cours de ces quatorze dernières années, comme si le citoyen n'existe que pour avoir un logement, un véhicule et un diplôme. Il a parlé comme si l'algérien n'avait pas le droit de réfléchir, de penser et de s'interroger sur son passé et son avenir ; il a parlé en réduisant la providence et le destin d'un grand peuple à la volonté d'un régime anachronique qui a totalement perdu le sens des réalités. Occultant la farouche volonté du peuple de se reporter vers un modèle social conforme à ses valeurs et traditions culturelles, politiques et intellectuelles, il a emboîté le pas à celles et à ceux qui pensent que le peuple « est un tas de canailles ». Sauf que dans notre cas, il n'y a ni Tocqueville, ni Voltaire et encore moins Montesquieu ! On a juste a faire à un kabyle de service exalté par les tours de passe- passe d'un faux Thomas Jefferson ! Les algériens refusent d'être les otages d'un passé qu'ils n'ont jamais accompli, d'un passé qui n'a jamais existé, comme ils refusent de s'embarquer sur les sentiers d'un avenir ou rien n'est plus clair. Ils veulent expurger leur mémoire et leur imaginaire collectifs des prophéties d'un régime pervers qui souffre tragiquement d'une aliénation identitaire et d'un dédoublement de personnalité.