le 19 avril 2014. Il a été jusqu'au bout. Et au bout du compte, le logiciel arithmétique et l'électorat traditionnel du régime lui ont réservé un sort peu différent de celui de la mascarade présidentielle de 2004. Six points de plus ou de moins ne changent rien à l'affaire. Ali Benflis a été l'agneau du 4ème mandat. A vrai dire, il s'est enfermé dans ce rôle depuis l'annonce de sa candidature a une formalité de validation d'une mandature de plus pour le, désormais, président fantôme. D'ailleurs, il n'a jamais essayé de s'en extirper, pas même par un retrait qui lui aurait offert plus de crédibilité et à son projet plus de visibilité. Seulement, lui et son staff ont décidé de rester dans une course perdue d'avance. Pourtant, Ali Benflis est un homme averti. Il connait parfaitement ce système dont il est l'un des enfants. C'est lui qui a été directeur de campagne de Bouteflika, en 1999. Et il sait mieux que quiconque comment le « candidat du consensus » clanique à été plébiscité lors d'une élection où seul lui était resté en course après le retrait de six candidats et pas des moindres: Hocine Aît Ahmed, Mouloud Hamrouche, Ahmed Taleb Ibrahimi, Abdallah Djaballah, Mokdad Sifi et Dr Oucef El Khatib. Excusez du peu! Il a été candidat, face au même Bouteflika, en 2004. Battu à plate couture par les chiffres officiels, sa défaite a provoqué le départ du généralissime Mohamed Lamari de la tête du commandement de l'armée, lui qui misait sur la victoire de Benflis à un 2ème tour d'élection devenu un mythe après l'arrêt du processus électoral, en janvier 1992. Ali Benflis connait tout cela. Mieux, il connait la façon de faire de Bouteflika puisqu'il a été chef du gouvernement, sous la présidence de ce dernier, au début des années 2000. Alors, à 70 ans, qu'espérait-il de la dernière mascarade électorale où le cannibalisme politique et rentier a prévalu sur toute autres considération ? Un autre résultat que celui annoncé par le ministre de l'Intérieur et des collectivités locales et non moins ami de Bouteflika, Tayeb Belaiz ? Un second tour? Une mobilisation pour un vote sanction après les bourdes des 7 nains de Fakhamatouhou? Qu'espéraient ses conseillers, pourtant, avisés de ce qui se passe sur la scène politique algérienne ? Et, concrètement, dans quelle perspective s'inscrivent-il, désormais ? Ces questions méritent des réponses de la part des concernés. A plus forte raison que Benflis, lui même, a appelé ses partisans à rester mobilisés pour un « nouveau combat politique », un nouveau projet. Dans son réquisitoire contre ce qu'il appel-c'est nouveau chez-lui- « le régime », il a usé d'un discours virulent ou il a avoir acquis « quatre convictions essentielles : le système politique algérien a conduit le pays à l'impasse totale, il a fait encore la démonstration irréfutable de son incapacité à faire sa propre mue », a-t-il déclaré, rapporté, aujourd'hui, par El Watan. Dès à présent, sa conviction est faite que « le changement ne viendra qu'en dehors de ce système et enfin l'alternative démocratique devra être consensuelle, ordonnée et pacifique ». Seulement, au lendemain de la » présidentielle » ( hier), il a déclaré au Monde : » « j'étais montré comme le gentil, trop gentil mouton, j'ai cassé cette image, j'ai fait une bonne campagne, soupire-t-il. Je suis certain que je suis élu, mes comptages me donnent 64 %. » Alors, Benflis et ses partisans sont-ils dans une logique de conquête du pouvoir ou s'inscrivent-ils dans une dynamique de changement démocratique et pacifique du système politique algérien ? Les deux sont différentes et, à certains égards, antagoniques. De plus, l'élitisme n'offre pas les moyens de traduire les aspirations profondes des citoyennes et des citoyens en une mobilisation populaire massive. En d'autres termes, c'est à l'élite d'aller vers le peuple et non le contraire. Le temps est à l'humilité, à l'écoute, et au rassemblement. Cela dit, la sympathie suscitée par Benflis et son équipe n'est pas négligeable. Loin s'en faut. Ne pas les inclure dans toute initiative nationale de changement serait une erreur relevant de l'immaturité politique. Une chose est sure : le pays ne peut faire l'économie d'une ouverture démocratique qui passe nécessairement par l'élaboration d'un consensus politique par toutes les forces populaires œuvrant, réellement et sincèrement, pour changement du système en Algérie.