62 ans se sont écoulés depuis que les maquisards de novembre se sont réunis à Ifri, le 20 aout 1956 pour, à la fois, réorganiser la lutte armée dans les maquis et jeter les bases fondatrices de l'Algérie post indépendance. En effet, le congrès de la Soummam, de par le moment de sa tenue- deux ans après le déclenchement de la révolution – et les objectifs, à la fois militaires et politiques recherchés, représente un tournant décisif de la vie de la révolution algérienne. Lors du congrès de la Soummam, Abane Ramdane et ses compagnons ont su, par leur audace, leur clairvoyance, leur génie politique et militaire rassembler les forces de lutte, structurer et réorganiser l'architecture politique et militaire de la révolution en mettant la question de la nature de la gouvernance au centre des discussions. « La primauté du politique sur le militaire » était alors, la condition sine-quoi-non de l'édification de l'Etat politique et civil en opposition à l'Etat militaire, où les armes, la force et les casques n'ont pas de place, force aux lois et textes. La constitution doit être l'unique source de législation à pouvoir régir la vie publique du pays. 62 ans plus tard, cette condition reste toujours à réaliser. L'Etat de droit n'est toujours pas instauré. La marche vers le changement et l'instauration de la démocratie peine à se cristalliser. La convergence des luttes et des dynamiques sociales, syndicales et politiques rencontre des entraves qui empêchent le rassemblement, l'unification et la canalisation des énergies. Force est de constater que l'émiettement de la société, du tissu associatif a tendance à fragiliser davantage les organisations sociales, syndicales et politiques. L'urgence d'une alternative citoyenne, républicaine, démocratique et progressiste doit interpeller toutes les intelligences et les consciences éveillées et éclairées des algériens. Et, pour exiger le renouveau, l'espoir, le travail et le changement. La nécessité d'un débat franc sincère, ouvert non embrigadé par les tabous, en vue d'un compromis juste, fiable et transparent représente une voie sérieuse pour la sortie de crise. La génération d'aujourd'hui a beaucoup à apprendre de celles d'hier, qui ont, par leur engagement sans faille, leur détermination et dévouement pour la cause nationale, réussi à libérer la terre et à recouvrir l'indépendance du pays. Toutefois, l'œuvre révolutionnaire héritée de l'indépendance reste encore inachevée. Le chantier de la remobilisation citoyenne pour un avenir commun de paix, de liberté, de justice et de démocratie doit attirer les dignes hommes et femmes de notre pays. L'investissement pour la sauvegarde de l'Etat, l'édification d'une république sociale en harmonie avec les valeurs et les aspirations du peuple, l'instauration de l'Etat de droit par le retour incontestable au peuple sont les objectifs communs sur lesquels nous devront s'unir, dans le respect des opinions et se battre avec dignité et honneur. L'esprit de la Soummam doit guider notre réflexion quand aux principes et objectifs voulus et défendus par la majorité du peuple. Et, à définir collectivement les voies et moyens par lesquels les acteurs politiques, syndicaux et associatifs peuvent imposer le passage à la démocratie et le retour à la légalité et au pouvoir du peuple. La co-construction de l'alternative requiert un rapprochement entre les acteurs. Cet objectif doit appeler à la création de passerelles de dialogue et de concertation avec les différents acteurs composant l'opposition et l'ensemble de la société. L'esprit de novembre et la Soummam doit alimenter notre capital intellectuel et orienter notre action dans le but de construire l'unité dans la pluralité et le respect des divergences. En définitif, l'unité exige un socle commun accepté par tous et toutes, un Smig de pratiques et d'exigences démocratiques de jeu politique, d'alternance au pouvoir, d'instauration d'institutions crédibles représentatives, de séparation des pouvoirs et le retour aux urnes. La mobilisation en marche vers le changement se concrétisera quand bien même le chemin est difficile. L'espoir de voir la société se prendre en charge pour tracer son destin en s'inspirant des principes de novembre et de la Soummam n'est pas consommé. Notre peuple finira par emprunter la voie salvatrice et emboitera le pas à la marche de l‘histoire.