Il semblerait bien que le cœur de la machine n'ait pas encore réussi à faire succession à la fratrie bouteflikienne et compagnie, un peu comme à Tripoli à l'été 62, si tous étaient d'accord sur le programme, la guerre des frères s'est déclarée ouverte pour l'éternité plus un jour pour ne se battre que sur le nom de celui qui conduira la machine, le fondé de pouvoir de la nouvelle Djemaâ. Et si le programme était en 62 celui du socialisme, du parti unique et de l'état social, les frères ont bien changé, ils ne parlent que de marché et d'austérité, le prix du pain leur semblant trop léger maintenant que l'or de leurs cœurs noirs se fait plus rare. Allant jusqu'à venir fouiller nos poubelles éventrées pour nous appeler à l'économie, à la vérité des prix, alors que leurs poubelles nous sont inaccessibles. Et, alors que l'eau coule à flot dans leurs piscines et leurs dix salles de bain – pendant que les robinets du commun restent à sec- ils oublient d'en majorer le prix au prorata de leur consommation, histoire de participer à renflouer le trésor public qu'ils ont bel et bien pillé. Et, alors que nous payons l'impôt des pauvres en inflation, qu'attendent-ils pour payer les impôts des riches ? Nous ne sommes pas égaux devant la vérité des prix. Depuis la selmiya révolutionnaire, surprenante, inattendue, nouvelle alors que depuis leur citadelle assiégée c'est du pareil au même, que nous autres, les fils de personne les abandonnons à leurs combats de "responsables mais pas coupables", ne participons pas à fournir la chair de leurs mauvais canons. N'écoutons ni les psychiatres amateurs, ni les experts en clanologie spéculative, un plan sur le sable en chassant un autre, restons de marbre dans la continuité de notre histoire populaire – jamais hors jeu quoiqu'ils en pensent. Comme en 62 ceux qui n'ont rien à gagner de cet héritage entre frères ennemis ont dit : "seb3a snine barakat", choisissons aujourd'hui notre héritage : setine sna barakat. C'est la moindre des politesses, n'étant pas invités à la table de leurs festins, laissons les partager les restes de leurs sanglants desseins.