http://contredit.blogspot.com/ Cet article d'Algérie Presse Service (APS) publié hier 27 juillet prend à partie la chaîne France 24 et sa couverture jugée tendancieuse des incendies qui ont récemment ravagé des wilayates du Nord algérien. D'après l'APS, « cette chaîne grossière, vulgaire, honteuse, sans aucun respect pour la mémoire des victimes, a comme à son habitude ciblé l'Algérie, comme si les incendies n'avaient affecté que l'Algérie ». En réalité, à travers la chaîne française, l'APS vise sans le nommer un certain Karim Amellal, qui occupe auprès d'Emmanuel Macron le poste d'ambassadeur et délégué interministériel à la Méditerranée et qui est présenté à la fois comme l'un des « marionnettistes néocoloniaux de France 24 », aidé en cela par « une proche parente », et comme ayant des « « connections » avérées avec l'organisation terroriste MAK ». Mais le texte élargit la critique à l'ensemble de la politique africaine de la France dont la chaîne ne serait que le prolongement « comme l'a été à une triste époque la radio des Mille Collines au Rwanda ». L'article de l'agence officielle algérienne constitue donc une nouvelle escalade dans la joute verbale et épistolaire opposant Alger et Paris, mais ce n'est pas en cela qu'il m'intéresse. Pas plus que ne m'intéresse la charge portée contre France 24 et Karim Amellal, dont il est vrai que la nomination au poste élastique et éclectique qu'il occupe n'est certainement pas un geste de conciliation fait en direction de l'Algérie, tant sa proximité avec le régime marocain et le lobby sioniste français est connue. Ce qui retient l'attention, c'est l'indigence de ce texte, dans le fond et dans la forme. Le ton de récrimination qu'il utilise est tout à fait déconcertant : l'APS reproche à France 24 de « n'évoquer que deux wilayas, favorisant ainsi le jeu du mouvement terroriste MAK, de ses protecteurs et des organisations terroristes qui projettent de s'accaparer une région dont ils ont été chassés par la population qui les rejette catégoriquement ». Elle précise que « cette focalisation « a des visées diaboliques qui n'ont rien à avoir avec une quelconque action humaine (sic) ». Et d'ajouter : « les néocoloniaux, les protecteurs du mouvement terroriste MAK qui sévissent sur la chaîne de l'Etat français, qui est moralement condamnable, ont décidé depuis belle lurette de faire preuve de cécité et de rester inaudible sur cette Algérie qui émerge (re-sic) ». A travers ce ton plaintif, accompagnant un amoncellement de réprimandes naïves et ressassant des espoirs de reconnaissance déçus, on croirait presque entendre la voix de Abdelmadjid Tebboune reprochant avec acrimonie à Macron de l'avoir trahi. A défaut d'une plume talentueuse capable de réagir dignement sous le couvert d'un article de presse, on aurait dû préférer à cet étalage de griefs et de doléances (en appelant à la morale et à l'humanité contre toutes les diableries du monde) le froid détachement d'un communiqué du ministère des affaires étrangères. Et que dire de cet amateurisme politique qui, prétendant ramener le MAK à sa dimension d'insignifiance, aboutit à en faire un enjeu de premier ordre dans la relation franco-algérienne, soumis aux humeurs d'un sombre conseiller et de son obscure sœur journaliste à France 24 ? Ayant fait taire la voix de toute presse discordante, le régime algérien se retrouve seul avec le journalisme de commande. Il peut être assuré que ce journalisme-là le soutiendra, comme la corde soutient le pendu.